Les particuliers ont-ils transformé le paysage des marchés financiers ?

Face à l'engouement croissant de néophytes pour l'investissement en bourse, Yorick Naeff, CEO de BUX, revient sur la manière dont l'arrivée des particuliers a bouleversé le monde de l'investissement.

C’est un fait, l’investissement en bourse séduit de plus en plus de néophytes. De fait, plus de 1,1 millions de particuliers  se sont lancés dans l’investissement en seulement trois ans. Le succès des néo-courtiers a favorisé cet engouement, notamment auprès d’une nouvelle génération d’investisseurs attirée par la simplicité d’usage et la compétitivité d’offres qui bousculent l’hégémonie des banques et des courtiers traditionnels. Dans ce contexte, de quelle manière l’arrivée de ces nouveaux investisseurs a bouleversé le monde de l’investissement et quelle empreinte vont-ils laisser dans le contexte incertain que nous traversons ?

Stimulé par les néo-courtiers, l’afflux de nouveaux investisseurs bouscule les offres financières

Wall Street a dressé une image caricaturale de l’investissement. Pour beaucoup, le fait d’investir nécessitait des compétences et des connaissances que seuls les professionnels de la finance ou les investisseurs aguerris possédaient. Cependant, le numérique a permis aux néophytes d’accéder plus facilement à l’investissement en bourse, démystifiant ce processus auparavant trop compliqué. À l’heure du « tout digital », où faire ses courses et commander des chaussures se ne résume plus qu’à quelques clics depuis son smartphone, les néo-courtiers se sont eux aussi basés sur la technologie pour démocratiser l’investissement en bourse.

Face à l’attrait de la jeune génération pour les nouvelles technologies et les outils digitaux qui offrent une expérience simple pour effectuer les tâches du quotidien, les néo-courtiers proposent une expérience sans friction, plus facile et plus rapide. L’arrivée des applications de courtage ont permis aux jeunes investisseurs de faire évoluer leur vision en se voyant proposer un moyen d’investir en adéquation avec leur manière de consommer. Avec leurs interfaces intuitives et immersives, les applications et sites de trading en ligne ont adapté les codes des nouvelles générations au monde de la bourse.

Afin de continuer à démocratiser l’investissement mais aussi de répondre aux attentes des utilisateurs, les néo-courtiers comme les gestionnaires d’actifs ou les acteurs traditionnels élargissent et diversifient de plus en plus leur offre. Cette diversification est notamment motivée par la mise en adéquation des produits boursiers proposés et des modes d’investissement aux tendances et modes de consommation actuels. Un exemple flagrant de cela est la multiplication des produits ESG afin de répondre à la volonté des particuliers d’investir dans des entreprises durables où avec lesquelles ils partagent des valeurs communes. En effet, 53% des français déclarent tenir compte des enjeux de développement durable dans leur choix d’épargne et de placement, d’après le rapport de l’AMF. L’investissement fractionné, les cryptomonnaies, les modes de dépôts ou encore les plans d’investissements sont autant de fonctionnalités visant, elles aussi, à proposer une expérience utilisateurs toujours plus adaptée aux besoins/moyens de chacun.

La démocratisation s’opère aussi via la facilité d’émettre des informations sur les réseaux sociaux

Internet a également joué un rôle d’accélérateur en matière de démocratisation de l’investissement en bourse. A l’ère de l’instantanéité et de l’information en continu, le web a permis aux particuliers d’avoir accès aux mêmes informations que les investisseurs chevronnés, ceux qui n’est pas synonyme de la même compréhension. Cependant, cette manne d’information en ligne a participé à l’essor de la démocratisation de l’investissement en ligne et nous avons assisté à la multiplication de sites, blogs ou comptes sur les réseaux sociaux se vantant de casser les codes en utilisant ces nouveaux outils digitaux plus intuitifs et dépoussiérant l’image de l’actionnariat.

Les réseaux sociaux ont également leur part à jouer dans cette équation. Aujourd’hui, les internautes ne sont plus uniquement des consommateurs mais également des producteurs d’information ; une information autour de laquelle chacun peut échanger et qu’il est possible de partager sur les réseaux sociaux instantanément.  Partie intégrante de notre quotidien, au-delà de leur rôle fédérateur, les réseaux sociaux s’imposent comme de nouveaux indicateurs de tendances – Twitter en tête – et ce, également en matière d’investissement.

Aujourd'hui, le pouvoir des réseaux sociaux est tel que les utilisateurs de ces plateformes peuvent faire de l'ombre aux grands noms de Wall Street. En témoigne le phénomène des « Meme Stocks » apparu sur Reddit et rendu célèbre par l’affaire GameStop dont le cours a connu une envolée provoquant la liquidation du fonds Melvin Capital qui avait parié sur sa chute. La raison de cette folle épopée : la mobilisation de milliers d’investisseurs particuliers, certains attirés par le gain et d’autres désireux de donner tort à un grand fonds. Le cas de GameStop illustre un nouveau paradigme financier : là où traditionnellement seuls les acteurs institutionnels faisaient osciller le cours d’une action, c’est désormais une communauté d’internautes qui peut aussi l’influencer.

Mais s’ils offrent des perspectives de rendement attrayantes, comme de nombreux actifs, les « Meme Stocks » restent très volatils et leur fort potentiel de rendement peut s’accompagner d’un risque élevé. De fait, bon nombre de nouveaux investisseurs portés par l’engouement pour un titre à l’instant T se fient uniquement à l’information diffusée par les réseaux sociaux influencés par des personnalités publiques sur les plateformes, sans prendre en compte les risques qu’impliquent l’investissement en bourse. Personne ne peut prédire la chute soudaine des cours ou des valeurs et le nombre de followers n'est pas corrélé à l’expertise financière. Investir en bourse ne s’improvise pas et précisément, là où certains néo-courtiers feront la différence face à leur concurrent, c’est sans conteste en termes d’éducation financière.

Il ne fait aucun doute que les néo-courtiers ont considérablement participé à la démocratisation de l’investissement en bourse. Dans un contexte inflationniste auquel s’ajoute une situation géopolitique très instable, il est nécessaire de se demander de quelle façon le secteur va évoluer, et si l’engouement des particuliers restera le même face à la volatilité des marchés et la chute brutale des cours. C’est pourquoi, il est primordial d’informer le public sur l’investissement, son fonctionnement et ses enjeux afin de limiter les risques. À ce titre, les néo-courtiers vont donc avoir pour mission d’accentuer leur accompagnement en matière de prévention et d’éducation face à l’engouement qu’ils ont contribué à créer, notamment auprès de la jeune génération.