Durcissement du bonus/malus : le lobby de l'automobile dénonce un "impôt déguisé"
Parmi les sources de recettes figurant dans le projet de loi de finances 2025, le gouvernement prévoit un alourdissement du bonus/malus automobile, aussi appelé écotaxe, qui pénalise l'achat des véhicules les plus émetteurs de CO2. Une nouvelle qui n'a pas tardé à faire réagir le président de la Plateforme automobile (PFA), important lobby du secteur, Luc Chatel. Auditionné mercredi 2 octobre par la commission des Affaires économiques du Sénat, ce dernier accuse l'Etat de mettre en place un "impôt déguisé".
"Si on continue à diminuer chaque année le seuil d'émission de CO2 pour le déclenchement du malus, l'an prochain, il y a plus d'un véhicule thermique sur deux vendus en France qui sera concerné, et non plus les 10 ou 20 % les plus pollueurs", estime Luc Chatel. Dès lors, prévient-il, "on est sur Monsieur tout le monde. D'ailleurs, des véhicules courants, toute la gamme Clio, toute la gamme 208, pourraient être touchés, les véhicules utilitaires légers seront touchés."
"J'ai entendu le Premier ministre expliquer qu'il ne voulait pas taxer ceux qui travaillent. Et bien là, on va taxer ceux qui travaillent", dénonce encore Luc Chatel.
"Nous pouvons perdre l'industrie automobile"
Alors que le secteur automobile européen peine à amorcer sa transition vers l'électrique face à une concurrence chinoise rude, le patron de PFA se fait alarmiste : "En Europe, nous avons déjà perdu plusieurs industries : l'industrie de la chimie, l'industrie des télécoms. Nous pouvons perdre l'automobile", prévient-il. S'il affirme que les constructeurs européens "veulent être à l'avant-garde du changement", il enjoint l'Etat à "arrêter de nous taper dessus".
Selon Le Monde, le PLF 2025 prévoit d'abaisser le seuil d'émission des véhicules donnant lieu à un malus, actuellement de 118 grammes de CO2 par kilomètre, à 113 g/km en 2025, puis à 106 g/km en 2026 et à 99 g/km en 2027. Le texte propose également d'abaisser le seuil de déclenchement de la taxe au poids de 1.600 à 1.500 kilos, et enfin d'augmenter de 10.000 euros par an le montant maximal de l'écotaxe.