Fin de la prime à la conversion : le gouvernement met un terme au soutien à l'achat vert
Alors que le soutien public aux véhicules moins polluants se resserre, les professionnels du secteur expriment leurs inquiétudes quant à l'avenir du renouvellement du parc automobile français.
Le budget 2025 ne prévoira plus la prime à la conversion, un dispositif longtemps présenté comme un moteur de la transition écologique dans le secteur automobile. Depuis son lancement, cette aide permettait à de nombreux foyers de s'équiper de véhicules électriques ou peu polluants en échange d'une aide financière. Ce changement, motivé par la volonté de Bercy de réduire les dépenses publiques, laisse une incertitude quant aux ambitions de verdissement du parc automobile français.
La fin de la prime à la conversion, un choix budgétaire contesté
Annoncée comme une mesure d'économie, la fin de la prime à la conversion marque un virage dans les politiques de soutien au verdissement du parc automobile. Lancée pour succéder à la prime à la casse, cette aide permettait aux particuliers de bénéficier de jusqu'à 5 000 euros pour l'achat d'un véhicule électrique, à condition de mettre au rebut un ancien véhicule polluant, généralement un diesel d'avant 2011 ou une essence d'avant 2006. Ce dispositif, cependant, a vu son budget progressivement réduit, coûtant environ 150 millions d'euros au gouvernement en 2024.
La suppression de cette aide a provoqué de vives réactions dans le secteur. "C'est une manière de faire passer la pilule", s'indigne un acteur de l'industrie automobile, cité dans BFM Business. Les professionnels déplorent la perte d'un dispositif essentiel au renouvellement du parc automobile.
Un impact direct pour les automobilistes modestes
Depuis février 2024, la prime à la conversion avait été restreinte à l'achat de véhicules exclusivement électriques, excluant ainsi les véhicules thermiques peu polluants et hybrides. Cette décision a rendu le dispositif encore plus crucial pour les ménages à revenus modestes, qui bénéficiaient d'un soutien financier pour opter pour une voiture électrique.
Selon une enquête menée par le CSA pour la Plateforme automobile (PFA), pas moins de 77% des Français déclarent qu'ils renonceraient à l'achat d'un véhicule électrique en cas de disparition de la prime à la conversion et du bonus écologique, un sondage relayé par La Tribune. Cette suppression pourrait donc directement affecter la capacité d'achat de nombreux automobilistes qui dépendent de ces aides pour opérer leur transition énergétique.
Les nouvelles mesures budgétaires, néanmoins, réservent une enveloppe de 700 millions d'euros aux deux autres dispositifs d'aide, le bonus écologique et le leasing social, bien que cette enveloppe soit "moitié moins qu'en 2024", selon un représentant du secteur. Pour renforcer ce soutien, le gouvernement prévoit d'ajouter 300 millions d'euros via les certificats d'économie d'énergie, dans un effort de maintenir les incitations à l'achat de véhicules moins polluants. Toutefois, certains acteurs estiment que ce montant reste insuffisant pour pallier la perte de la prime à la conversion.
La transition écologique sous tension
Alors que le budget consacré aux véhicules "propres" atteindra 1 milliard d'euros en 2025, ce choix suscite des débats quant à l'efficacité de l'approche. "Il faut choisir ses combats", réagit un représentant gouvernemental, en référence aux priorités budgétaires de l'État pour le verdissement de l'économie. En parallèle, Bercy envisage un durcissement des malus écologiques pour les véhicules fortement émetteurs de CO2, avec des seuils d'imposition plus bas et des taxes plus élevées.
Si le gouvernement continue de promouvoir l'achat de véhicules propres, le recentrage des aides sur le bonus écologique et le leasing social laisse des questions en suspens quant à l'impact pour les particuliers. Pour les concessionnaires, cette réorientation pourrait affecter les ventes et freiner le renouvellement du parc automobile.