Havas fait son entrée en Bourse en plein bouleversement du marché
Dans le cadre de la scission de Vivendi, Havas fait son entrée à la Bourse d'Amsterdam. Une entrée en Bourse juste après la fusion entre Omnicom et IPG, qui bouleverse le marché de la pub.
Alors qu'il y a dix jours, tous les projecteurs étaient braqués sur l'entrée en Bourse de Havas, la fusion entre les numéros trois et quatre du secteur, les américains IPG et Omnicom, change la donne. Si cette mégafusion voit bien le jour, elle donnera naissance au leader mondial de la pub, devant le français Publicis et le britannique WPP. Une mégafusion qui risque de desservir l'attractivité de Havas, puisque les deux groupes auraient pu racheter le groupe. "Mais si leur fusion se concrétise, cela va leur prendre trois ans pour digérer l'opération. Aucune chance qu'ils s'intéressent à Havas", déclare une source aux Echos.
L'hypothèse du rachat
Mais WPP est en perte de vitesse et n'est pas dans une situation optimale pour racheter WPP. Publicis, de son côté, a intégré des acquisitions transformantes (Sapient, Epsilon) et cherche à renforcer son arsenal technologique : se rapprocher d'Havas n'aurait donc pas de sens. "Le scénario le plus probable pour Havas est d'être racheté, dans le cadre de la consolidation de l'industrie, dans un horizon de deux ans à deux ans et demi", indiquait la banque JP Morgan fin 2023, à l'annonce surprise de la scission de Vivendi. Mais depuis, les experts de l'industrie sont moins catégoriques. "Havas, c'est le bébé de Yannick Bolloré qui s'est beaucoup investi dans son développement. Je ne les vois pas s'en débarrasser à court terme", observe un connaisseur de l'industrie aux Echos. La famille a mis un place un système "anti-OPA hostile", entre droits de vote multiples et instauration d'une fondation de droit néerlandais.
Perte de vitesse
"Mais la branche logistique et transport a longtemps été le cœur du réacteur du groupe et était dirigée par Cyrille Bolloré. Ce qui n'a pas empêché Vincent Bolloré de tout revendre parce que le marché était au plus haut", explique un connaisseur de Vivendi. "S'il juge qu'une offre de reprise de Havas est intéressante, il n'hésitera pas à le céder et ces mécanismes de défense peuvent aussi être une manière de faire monter les enchères en cas d'offre de rachat ou de rapprochement". Un expert du secteur s'interroge sur le rapprochement à moyen terme avec Dentsu et leurs activités occidentales, puisque les deux groupes se connaissent. En 2012, Vincent Bolloré avait cédé sa participation dans Aegis (achat d'espaces) au groupe japonais.
Mais l'année est morose pour Havas, qui va voir ses revenus reculer de 1% par rapport à 2023. De plus, l'administration Trump pourrait marquer l'arrêt de sa filière pharmaceutique, qui représente une grande partie des revenus de Havas. Vivendi valorise Havas à 3,4 milliards d'euros, un montant supérieur aux estimations de plusieurs banques d'affaires, qui l'estiment plutôt à 2,2 milliards.