Industrie : le rôle central du numérique pour accélérer la transition écologique
À l'heure où le climat d'incertitude géopolitique et économique se renforce, le secteur industriel français doit plus que jamais valoriser l'innovation pour assurer sa pérennité.
La transition écologique en est un levier central. Trop souvent perçue comme une contrainte, elle n’est en réalité pas incompatible avec des objectifs de compétitivité, bien au contraire. Devenir un acteur industriel responsable est un investissement d’avenir, autant d’un point de vue éthique qu’économique. Et ici, le numérique a un rôle de choix à jouer.
Numérique et industrie : un examen de conscience similaire
Nous le savons, le secteur industriel peine à réduire son empreinte environnementale : il représente environ 20% des émissions totales de gaz à effet de serre en France. Toutefois, il n’est pas question de jeter la pierre à un secteur sur lequel la France doit s’appuyer pour réaffirmer sa souveraineté à l’échelle internationale. Il est alors impératif de l’accompagner sur ces enjeux de transition écologique pour soutenir son développement.
Le numérique doit être vu par les industriels comme un moyen efficace de réduire leur impact tout en modernisant leurs modes de production. Dans un rôle d'accompagnement stratégique, les entreprises du numérique doivent également faire preuve d'exemplarité sur ces enjeux ; ou, a minima, refléter dans leur raison d’être une volonté sincère de contribuer à un modèle économique plus durable et responsable. Concrètement, cela implique de dresser un juste état des lieux de leurs engagements, guidé par une stratégie RSE ambitieuse (Bilan Carbone, Evaluation EcoVadis, Numérique Responsable etc.).
Transformer la transition écologique en opportunité grâce au numérique
Première étape essentielle : le diagnostic. Quelles sont les pratiques de l’industriel en matière de choix de fournisseurs, de logistique, de modes de production, et d’usage produits ? La tâche est complexe et la réaliser manuellement est complexe si l’on espère dégager rapidement des leviers de réduction d’émissions. La multiplication des données de traçabilité des produits permet d’utiliser de nouveaux outils digitaux pour obtenir une vision 360° de ses activités, de leur impact et des acteurs impliqués sur l’ensemble de la chaîne de valeur.
Mais il ne suffira pas d’accumuler de la donnée pour accélérer sa transition écologique, il faudra également l’interpréter de la bonne façon pour mettre en place des actions de réduction qui conduisent à réfléchir à de nouveaux modèles, favorisant naturellement l’innovation. Là encore, les entreprises du numérique doivent guider les industriels à travers cette étape en proposant des dispositifs allant au-delà du digital. Des logiciels pour réaliser des bilans carbones ou encore des analyses de cycle de vie permettent de collecter la donnée et de la mesurer ; des données en grande partie déjà disponibles dans les systèmes d’information des industriels. De plus, la pression des parties prenantes (donneurs d’ordre, banques, clients) encourage cet exercice de transparence des activités sur cet axe environnemental.
Effectuer ce travail de fond, exigeant mais riche en enseignements, constitue une base solide pour concevoir des solutions durables favorisant une économie locale. Et les options de transformation peuvent être nombreuses : de la création de nouvelles gammes de produits écoresponsables via l’écoconception à des actions opérationnelles internes, à l’image d’une refonte totale ou partielle de la supply chain (choix de fournisseurs responsables, logistique durable).
Rester réaliste et pragmatique
Disons-le sans détour, le coût d’une telle démarche reste la variable la plus scrutée par les industriels. Alors que la quête de gains de compétitivité s’intensifie, se présenter face à eux en invoquant uniquement les raisons éthiques, aussi essentielles soient-elles, reste difficile. Bien entendu, un chef d’entreprise convaincu par ces enjeux opèrera plus facilement la transition mais dans de nombreux cas, il faudra miser sur un discours valorisant le pragmatisme économique. Un argumentaire construit autour de la réduction des risques (financiers, environnementaux) et de l’amélioration de la compétitivité sera plus convaincant (le gain en attractivité et en innovation par exemple).
Toutefois, la transition écologique des industriels ne peut reposer sur le seul impératif économique. Un tel projet délivrera toute sa valeur s’il est également porté par une véritable conviction, impulsée par la direction générale et partagée à l’ensemble de l’entreprise. Une posture d’autant plus facilitée par un cadre règlementaire national et européen favorisant une la transparence des indicateurs extra-financiers (CSRD) et encourageant le développement d’une politique RSE. Et le constat est identique du côté des donneurs d’ordres, qui, tout comme les clients, l’ont bien compris : l’objectif de durabilité n’est plus optionnel.
Toutefois, soyons vigilants à ne pas répondre à l’urgence de la transformation en consacrant le « technosolutionnisme » comme unique remède. Le numérique est un accélérateur de transition et non une solution miracle. Augmenter sa performance environnementale n’aura que peu d’effets durables si les comportements ne se transforment pas avec.