Automobile : un rapport sénatorial évoque un risque de disparition du secteur en France

Automobile : un rapport sénatorial évoque un risque de disparition du secteur en France Selon le rapport, la filière emploie encore 800 000 personnes en France mais subit une désindustrialisation progressive, dans l'indifférence politique et médiatique.

Un rapport publié par le Sénat alerte sur l'effondrement de l'industrie automobile française. Il dresse un constat chiffré de la perte de compétitivité du secteur, qui ne produit plus qu'une voiture sur cinq vendues dans le pays, contre une sur deux au début des années 2000.

Une filière en déclin structurel

Le document indique que les ventes de voitures neuves restent inférieures de 20 % à leur niveau d'avant la crise sanitaire. Le nombre d'usines automobiles en France a été divisé par deux en trente ans. La production nationale recule de manière continue, et les fermetures temporaires pour chômage technique se multiplient.

Selon les données présentées dans le rapport, la filière regroupe encore 800 000 emplois, dont 350 000 chez les constructeurs et 450 000 dans les entreprises sous-traitantes ou équipementières. Le texte évoque une "désindustrialisation progressive" comparable à celles observées dans d'autres secteurs au cours des décennies précédentes, comme la sidérurgie, le textile ou la chimie.

Le rapport rappelle qu'au cours des quarante dernières années, plusieurs groupes industriels ont été vendus ou absorbés : Pechiney (aluminium), Usinor (acier), Rhodia (chimie), Lafarge (ciment), Alstom (turbines). Le document met en garde contre une répétition du phénomène avec l'automobile.

Les auteurs s'inquiètent de l'émergence de concurrents asiatiques. "Et maintenant, c'est l'automobile qu'on est en train d'offrir aux constructeurs chinois", avertit le rapport, cité par Emmanuel Lechypre sur RMC.

Dix-huit mesures proposées par les sénateurs

Pour enrayer ce qu'ils qualifient de "suicide industriel", les sénateurs avancent un plan de 18 mesures. L'une d'elles consiste à relever les droits de douane sur les véhicules électriques importés, notamment ceux en provenance de Chine. Une autre propose de reporter l'interdiction de vente des voitures thermiques neuves, prévue pour 2035 dans l'Union européenne.

Le rapport recommande également d'imposer un contenu local de 80 % sur les véhicules commercialisés en Europe. Cette disposition viserait à garantir une part minimale de production sur le continent, mais elle est jugée difficile à appliquer dans le cadre des règles de l'Organisation mondiale du commerce.

Les parlementaires suggèrent aussi de créer un "Airbus du logiciel embarqué", destiné à mutualiser les efforts technologiques des industriels européens. L'objectif est d'éviter une dépendance vis-à-vis des logiciels américains ou chinois dans les véhicules connectés.

Enfin, le rapport préconise le développement de petits véhicules électriques à bas coût, inspirés des "kei cars" japonais. Ces modèles légers, à faible consommation, pourraient selon le texte favoriser une production locale et rendre l'électrification plus accessible.

Le document ne contient aucune estimation budgétaire du coût des mesures proposées, ni de calendrier d'application. Il appelle cependant à une prise de conscience rapide. "Le plus grand suicide industriel de l'histoire française", résume la citation extraite du rapport relayée sur RMC.