Métaux rares : les restrictions chinoises mettent la pression sur l'Europe
Une mesure annoncée par la Chine sur l'exportation de métaux critiques relance les inquiétudes à Bruxelles. L'Union européenne s'efforce de structurer une réponse face à cette décision perçue comme un risque pour la continuité industrielle de plusieurs filières.
Pékin impose une autorisation préalable sur les exportations de minerais stratégiques
La Chine a annoncé une restriction des exportations de terres rares et de matériaux critiques entrant dans la fabrication d'aimants permanents. Désormais, toute entreprise souhaitant en utiliser, y compris à l'état de trace, devra obtenir une autorisation du gouvernement chinois. Cette décision est officiellement justifiée par des raisons de sécurité nationale.
Selon l'Agence internationale de l'énergie, la Chine concentre 61 % des extractions mondiales et 92 % du raffinage de ces métaux stratégiques. Elle fournit près de 99 % de l'approvisionnement de l'Union européenne pour les dix-sept éléments classés comme terres rares, ainsi que 98 % des aimants permanents.
Lors d'une réunion informelle des ministres européens du Commerce organisée au Danemark, Maros Sefcovic, commissaire européen au Commerce et à la Sécurité économique, a déclaré que " seulement 50 % des entreprises européennes " ayant soumis une demande de licence d'exportation aux autorités chinoises obtenaient une réponse favorable, rapportait Le Figaro. Cette statistique alimente les craintes d'un blocage des chaînes d'approvisionnement dans des secteurs considérés comme stratégiques.
Réactions européennes et pistes de diversification
À Bruxelles, Stéphane Séjourné, commissaire chargé de la Prospérité et de la Stratégie industrielle, a organisé le 20 octobre une visioconférence d'urgence avec les représentants des grands groupes industriels concernés. Parmi eux figuraient des entreprises issues des secteurs de l'automobile, de l'aéronautique, de la chimie, de l'éolien, de la défense et des semi-conducteurs. Selon Le Figaro, des groupes comme Stellantis, Airbus, Volkswagen ou Safran ont participé à ces échanges.
Les industriels ont réclamé des " solutions spécifiques " et une action coordonnée au niveau européen. Plusieurs pistes sont à l'étude, notamment la mise en place de centres d'achat communs, le développement de capacités de stockage stratégique et un renforcement du recyclage des déchets métalliques. Ces propositions seront examinées dans le cadre des discussions entre Maros Sefcovic et son homologue chinois Wang Wentao, prévues le 21 octobre.
La Commission considère cette annonce comme une " préoccupation majeure " et insiste sur la nécessité d'une coopération. La porte-parole de la Commission a déclaré : " Il est important pour la Chine de coopérer, d'éviter de créer toute pénurie, et d'agir en tant que partenaire loyal et fiable", selon les propos rapportés par Le Figaro.
En parallèle, l'Union européenne envisage une visioconférence du G7 sur ce sujet, après un premier échange entre Maros Sefcovic et le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick. L'UE a également identifié une quarantaine de projets liés à l'extraction, au retraitement ou au recyclage de métaux stratégiques sur son territoire, mais reconnaît que des décisions rapides seront nécessaires.