Mantis, un exosquelette bientôt dans les usines

Mantis, un exosquelette bientôt dans les usines Adapté de matériel militaire, ce robot capable d'améliorer les capacités physiques des ouvriers sera mis en vente à la fin de l'année 2013.

Iron Man, une fiction ? Plus tellement, depuis que Lockheed Martin, la première entreprise américaine et mondiale de défense et de sécurité, a mis au point le HULC (Human Universal Load Carrier), un exosquelette destiné à l'usage militaire qui permet au soldat qui l'utilise de transporter près de 90 kilos sur un trajet de 20 kilomètres.

exosquette mantis lockheed martin
Le prix de l'exosquelette Mantis de Lockheed Martin n'est pas encore connu. © Lockheed Martin

Le squelette, avec ses jambes de titane, se fixe tel un harnais sur le corps. La machine détecte les mouvements et fonctionne quasiment de la même façon que la direction assistée d'une voiture.

"Nous sommes à l'aube de cette révolution technologique, avertit Paul Saffo, directeur de la prospective dans la société de conseil en investissement Discern, à San Francisco. L'utilisation des exosquelettes reste problématique dans un contexte militaire en raison du bruit et du besoin important en énergie. Son application en usine ou sur des chantiers semble plus réaliste, car vous pouvez y contrôler l'environnement, c'est-à-dire installer des bornes de chargement là où bon vous semble."

Lockheed Martin ne s'y est pas trompé et développe une variante du HULC, appelée Mantis et destinée à l'usage industriel. Elle sera mise en vente à la fin de l'année mais son prix n'a pas encore été communiqué.

A l'instar du HULC, le Mantis permet de soulager le dos des travailleurs qui manient des équipements lourds afin d'éviter fatigue et blessures. Cet exosquelette est aussi doté d'une extension mécanique que l'on attache au bras. Selon Lockheed Martin, elle permet d'absorber la pression exercée par les outils électriques lourds tels les scies. "La productivité augmente ainsi de 30%, avance Keith Maxwell, directeur du développement commercial dans Bloomberg Businessweek. L'ouvrier n'est plus réduit à être haltérophile, il devient artisan !"

"La productivité augmente ainsi de 30%. L'ouvrier n'est plus réduit à être haltérophile, il devient artisan"

A noter que, même doté d'un exosquelette, l'ouvrier ne pourra endiguer la place grandissante des robots dans l'usine "Cette tendance ne disparaitra pas, tranche Paul Saffo. En industrie, là où il y a des robots, on ne veut pas d'humains car c'est tout simplement trop dangereux." En revanche, poursuit-il, "il est possible que l'exosquelette joue un rôle similaire à celui du petit tracteur compact Bobcat, qui rentre dans une camionnette. Ce produit a révolutionné le secteur du bâtiment quand il est apparu dans les années 60 car on pouvait atteindre des endroits jusqu'alors inaccessibles. On peut imaginer la même utilisation pour l'exosquelette."

Toutefois, alors que le tracteur Bobcat est adapté à toutes sortes de situations sur un chantier, l'exosquelette risque de s'avérer un outil à tâche unique : à chaque problème ou situation, son exosquelette. Une perspective fâcheuse, d'après Paul Saffo, si l'on veut produire en masse ce type de produit.

Mais l'exosquelette ne se cantonne pas au monde militaire ou industriel. Il en existe d'ores et déjà plusieurs types, dont certains s'apparentent plutôt à des robots – "la ligne de démarcation est floue", admet l'expert en prospective. "L'exosquelette est d'abord apparu à Hollywood avec la steadicam [système de harnais et de bras articulé permettant une meilleure stabilisation de la caméra]. On le retrouve ensuite dans le milieu médical avec le système Da Vinci utilisé en chirurgie."

Selon ABI Research, le marché des systèmes type exosquelette engendrera près de 400 millions de dollars en ventes annuelles en 2020.

En septembre 2012, la société israélienne Argo Medical Technologie a vendu à un particulier un exosquelette, le ReWalk, qui comme son nom l'indique aide les patients qui ont perdu l'usage de leurs jambes. Une première dans le monde. Depuis, la société pionnière en a vendu une vingtaine... à 52 000 euros l'unité. Et plus de 300 exosquelettes HAL, développés par le japonais Cyberdine, sont utilisés dans les hôpitaux ainsi que sur le site de décontamination à Fukushima. En 2008 déjà, 77 brevets concernant la mécanique enveloppante ont été déposés en Corée du Sud, peut-on lire dans le numéro 2 de la revue Usbek & Rica.

Selon la société de conseil spécialisée en nouvelles technologies ABI Research, le marché des systèmes type exosquelette engendrera près de 400 millions de dollars en ventes annuelles en 2020. "C'est tout de même peu, selon Paul Saffo. Mais ce n'est qu'un début et nous n'avons pas fini de découvrir de nouvelles applications, de nouveaux modèles. Je suis certain que les fans de sports extrêmes imagineront des sports encore plus dangereux avec des exosquelettes..."