Il n'y aura pas de retour à la compétitivité en France sans réindustrialisation

Récemment adopté, l'avis du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) considère que la réindustrialisation de notre pays – avec un saut qualitatif vers l'avenir – est la condition de la reconquête de notre compétitivité.

Face à la perte de compétitivité préoccupante montrée par la France, notamment par rapport à l'Allemagne, et afin d'anticiper sur le nouveau modèle de croissance, le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) propose d'intervenir selon quatre axes principaux

1) Définir des objectifs de long terme. La détermination des créneaux d'avenir pour notre pays doit intégrer la mutation amorcée du développement durable. L'État stratège doit maintenir une vision de long terme par la mise en place d'une politique industrielle et les investissements qui en découlent.
Une véritable politique industrielle européenne ne doit pas pénaliser l'industrie.
À cet égard, la politique de la concurrence ne doit plus être érigée au rang de dogme.

2) Améliorer l'environnement des entreprises. Le secteur bancaire doit être davantage tourné vers le développement économique, en particulier celui des entreprises petites et moyennes.

Le CESE envisage favorablement le lancement d'un emprunt visant spécifiquement le secteur industriel ou la création d'un “Livret épargne industrie”. L'encouragement à l'accroissement des fonds propres pourrait s'appuyer sur une modulation du taux de l'impôt sur les sociétés soutenant le développement de l'activité, de l'emploi et la mutation écologique. Le choix d'une protection sociale élevée a montré sa pertinence, notamment en période de crise. Les dépenses qu'il entraîne, tout autant que l'exigence de compétitivité, conduisent à s'interroger sur la nature de leur financement, qui ne doit plus reposer uniquement sur les salaires.
Le CESE mentionne des pistes à étudier : CSG, “TVA sociale”, cotisation sur la valeur ajoutée, transfert sur la consommation de ressources naturelles et les échanges financiers.

3) Valoriser le potentiel humain. Face à la désaffection des métiers scientifiques dans notre pays, il est nécessaire d'en renforcer l'attractivité. Cet état de fait doit être combattu dès les premières années de la scolarité.
Toutes les voies de l'apprentissage et de l'alternance doivent être favorisées et ne doivent plus être un choix par défaut.
La formation continue constitue un enjeu d'importance à tous les niveaux de qualification. L'association des salariés à la gouvernance a un impact positif sur la performance économique et sociale de l'entreprise, elle doit donc être recherchée sous toutes ses formes. Outre la possibilité d'élargir le bénéfice de la participation et de l'intéressement, le versement de primes peut constituer, à certaines conditions, une voie à retenir. Le CESE appelle à une plus grande régulation financière favorisant la responsabilité sociale des investisseurs.
Dynamiser l'appareil de production.
Les entreprises de taille intermédiaire, maillon essentiel du tissu économique, doivent faire l'objet d'une attention particulière. De même, les relations interentreprises doivent être désormais envisagées comme un partenariat qui devrait conduire au développement de la “cotraitance”. La compétitivité passe aussi par une réorientation de notre appareil productif, c'est-à-dire par une montée en gamme et des investissements précoces dans les secteurs industriels d'avenir.

4) La recherche-développement et l'innovation sont à renforcer. Le CESE encourage l'amélioration des relations entre organismes publics de recherche et entreprises de toutes tailles. Le rôle stratégique des pôles de compétitivité à vocation mondiale doit être confirmé ; les liens avec le développement des territoires doivent être consolidés.
Il serait aussi intéressant de promouvoir la constitution de pôles de compétitivité européens.