La transition vers l’économie circulaire devrait couler de source

Les entreprises sont souvent en quête d’opportunités qui apportent une contribution positive à l’environnement et à l’économie en général. Mais même si l’économie circulaire gagne du terrain, offrant notamment de nouvelles sources de profit ou encore une plus grande disponibilité des produits, un grand nombre d’entreprises peine à adopter ce modèle.

Le processus de prise de décision en entreprise m’intrigue souvent. Qu’il s’agisse de décisions anecdotiques, telles qu’autoriser les salariés à porter des tenues décontractées au travail par exemple, ou de politiques plus importantes venant encadrer l’utilisation des terminaux mobiles ou les pratiques BYOD (bring your own device), il semble qu’il faille systématiquement peser le pour et le contre sous tous les angles avant de prendre une décision finale. Mais même si la lourdeur administrative freine les avancées dans bon nombre d’entreprises, il peut parfois sembler difficile de comprendre pourquoi certains modèles ne sont pas plus uniformément adoptés. L’économie circulaire en est un bel exemple au vu des nombreux bénéfices qui peuvent résulter de son adoption.

 

Les entreprises sont souvent en quête d’opportunités qui apportent une contribution positive à l’environnement et à l’économie en général. Ce n’est pas (toujours) simplement motivé par la promesse de résultats positifs, mais plutôt par la prise de conscience qu’en s’abstenant, les organisations mettent en péril leur propre avenir. Beaucoup d’entreprises restent en effet dominées par un modèle linéaire sans perspective de réutilisation ou de revalorisation des ressources. Selon une étude de la Fondation Ellen MacArthur, la valeur matérielle totale des biens de consommation courante s’élève à 3 200 milliards de dollars et seuls 20 % de ces matières sont recyclées ou réemployées. La raréfaction des ressources, la hausse de leurs prix, la dépendance d’approvisionnements venant de pays étrangers ainsi que les réglementations environnementales représentent autant de facteurs qui devraient profiter au modèle circulaire.

 

La Commission européenne évalue entre 17 et 24 % le potentiel de réduction de besoins en ressources nouvelles à l’horizon 2030 si l’efficacité de l’utilisation des ressources tout au long de la chaîne de valeur est améliorée. Dans une économie saine, les entreprises prospèrent et chacun se soucie de la raréfaction des ressources de la planète, sauf évidemment ceux qui en tirent profit. L’approche circulaire et la volonté de régénération aident à réduire les émissions de CO2, à créer des emplois locaux, à réutiliser les ressources et donc à la sécurisation des approvisionnements européens. Cette vision est celle d’une contribution positive des organisations à l’économie et à l’environnement. Cela devrait donc couler de source, non ?

 

Manifestement, non. Même si l’économie circulaire gagne du terrain puisqu’elle emploie déjà près de 600 000 personnes en France selon une étude de l’Institut de l’économie circulaire, un grand nombre d’entreprises peinent à adopter les meilleures pratiques de l’économie circulaire et, malheureusement, cela n’a rien de surprenant.

Redistribuer les cartes est plus facile à dire qu’à faire et l’idée de changer radicalement de modèle est vécue au mieux comme une menace, au pire comme quelque chose de terriblement angoissant par les responsables financiers des entreprises. Mais ceux que le changement inquiète, devraient considérer les avantages à long terme de l’économie circulaire qui, en plus de ceux cités précédemment, vont avoir un impact positif sur les entreprises et leurs clients, notamment en termes de nouvelles sources de profit pour les premiers et d’une plus grande disponibilité des produits pour les seconds.

  Autrement dit, la décision de la transition vers l’économie circulaire devrait pouvoir se prendre bien plus naturellement.