La révolution esanté viendra de France !

Objets connectés, applications mobiles : la révolution e-santé est-elle réellement en marche ?

Il n’y a jamais vraiment eu de doutes sur la question. Dans plusieurs domaines particulièrement actifs en ces temps d’innovation et de disruption par le numérique le constat est le même : les startups françaises sont en avance et ont des cartes à jouer. Nous en discutions il y a peu avec des CivicTech côté démocratie ouverte et participative, en médecine aussi l’hexagone est très bien pourvu en innovateurs et en défricheurs technologiques.Pays des droits de l’Homme et berceau des sciences modernes, la France est assez logiquement attendue au tournant dans ces deux domaines. Ça tombe bien, la recherche est de bon niveau et les idées sont là. Je ne vais pas parler de recherche pure ou de robotique complexe dans ce billet mais d’innovations d’apparence simples et pourtant si efficaces et importantes. L’usage avant la technologie.
Des innovations pour les patients, et parfois par les patients
Une des innovations les plus visibles médiatiquement ces derniers mois n’est d’ailleurs pas la plus compliquée. Mais l’histoire du dernier lauréat du Concours Lépine résume bien cette idée d’innover au service du patient pour lui donner les clés dans un monde de santé augmentée et préventive. L’application de Benoît Mirambeau n’est pas la plus ergonomique, certainement pas la plus difficile à coder, mais elle part d’un besoin et raconte une belle histoire.
Une histoire qui résume bien les opportunités qui s’offrent aujourd’hui aux développeurs qui s’intéressent au sujet santé. L’application en question a été développée pour fournir un outil d’aide au suivi à la maman de Benoît Mirambeau, diabétique. En lien direct avec les recommandations du médecin et le traitement prescrit, l’application indique très simplement les doses d’insuline nécessaires à l’instant T.
Dans le même ordre d’idée on pourrait aussi penser à un autre lauréat du Concours Lépine : WatcHelp. Conçu par la maman d’un enfant autiste pour faciliter son quotidien, WatcHelp exploite (enfin) le potentiel des montres connectées. Jusque-là assez limitées en termes de fonctionnalités, les montres prennent ici une autre dimension en aidant les personnes âgées ou les enfants autistes au jour le jour. Avec des notifications pour rappeler des tâches qu’ils ont tendance à oublier, des rendez-vous, bref pour leur donner des repères. Le tout piloté à distance et programmable par les aidants (proches, amis, personnel hospitalier).
Un leader mondial des objets connectés médicaux
Quand on pense aux objets connectés et à la santé on pense plus souvent à des objets “fitness”. Suivi d’activité, comptage de pas, les montres connectés d’Apple à Fitbit fournissent ce genre de services. Plus ou moins fiables selon les modèles et les applications qui vont avec.
Mais il y a aussi des objets connectés certifiés, à usage médical. Leur fiabilité pour l’usage médical est certifiée suite à un parcours assez long qui ralentit aujourd’hui de nombreux projets. L'un des leaders mondiaux est français et conquiert le monde avec des partenariats tout autour de la planète, je parle bien entendu de Visiomed. Véritable vitrine du savoir-faire français en la matière, le groupe d’Eric Sebban n’en finit plus d’innover avec une gamme complète complétée aujourd’hui par une solution de télémédecine pour aller plus loin dans l’accompagnement patient. Avec des vrais médecins derrière l’interface du smartphone.
Des événements de haut niveau pour réunir l’écosystème
Dès qu’un secteur se structure des dizaines d’événements professionnels sur le sujet sortent du bois. On connaît bien le phénomène dans le monde du marketing Web avec des buzzwords qui deviennent vite des sujets de débat passionnés (plus que passionnants) entre experts plus ou moins calés sur le sujet. Le printemps et le début de l’été sont le théâtre de plusieurs événements importants sur le sujet de la e-santé et témoignent du dynamisme du secteur en France.
Le premier s’est tenu il y a 15 jours à Monaco avec le Connected Health. Pour sa deuxième édition le congrès monégasque conviait des professionnels du monde entier pour échanger sur les thématiques du numérique appliqué à la santé. Le sport connecté, le transhumanisme, la simulation numérique au service de la formation, les conférences étaient passionnantes si l’on en croit les retours que nous avons pu avoir. Estelle Ast et son application WatcHelp y ont d’ailleurs décroché le prix “CHM2016 award” dans le concours de start-up organisé lors du congrès. Coïncidence ? Je ne pense pas…
Début juillet rendez-vous à Castres pour prendre la mesure de l’avance prise par la France et ses startups en matière de e-santé. Il s’agira déjà de la dixième édition de L’Université d’été de la e-santé, qui réunit les professionnels du numérique et de l’innovation santé depuis une décennie autour du Technopole de Castres-Mazamet.
L’événement représente bien le modèle français (critiqué avec force d’arguments récemment par Jon Evans de TechCrunch) d’open innovation et de collaboration avec les grands groupes. C’est d’autant plus vrai quand on parle de santé, avec les startups d’un côté et les grands groupes de la pharma et de l’assurance de l’autre. Tout le monde doit avancer main dans la main pour innover et en même temps se donner les moyens de toucher le grand public. Cela passe par des expérimentations sur les territoires et un accès facilité à ces solutions. Cela fera d’ailleurs l’objet de plusieurs conférences à Castres, avec notamment l’exemple du Danemark.
Avec le dynamisme des porteurs de projet, l’expertise des groupes industriels et la structuration du secteur, on peut l’affirmer de nouveau : la révolution e-santé viendra de France ! Si les pouvoirs publics soutiennent cette mutation...
Car comme le dit très bien Eric Sebban dans le Quotidien du Médecin : “Espérons que les pouvoirs publics dépasseront prochainement les déclarations d’intention, et prendront vraiment des positions. Les professionnels de santé sont prêts, les patients aussi, il ne manque plus que la volonté politique.”

Dont acte.