Médicaments & souveraineté : l'avenir de la filière pharmaceutique française passe par les biotechnologies industrielles

Les biotechnologies industrielles permettent de produire de nouveaux principes actifs innovants parfois difficilement atteignables via les procédés de production traditionnels, et ainsi offrir des solutions inédites à la médecine du futur.

En pleine crise sanitaire, la question de la souveraineté de la France en matière de médicaments se pose avec acuité. Dès 2019, le gouvernement a fait de la filière bio-production un enjeu compétitif majeur pour garantir notre indépendance sanitaire et faire bénéficier les sites pharmaceutiques industriels français des dernières innovations en favorisant l’émergence de technologies de rupture. En lançant son "Grand Défi Biomédicament", le gouvernement souhaite ainsi donner une impulsion au secteur pharmaceutique en simplifiant et favorisant les échanges entre les grands acteurs du secteur et ceux du domaine de la bioproduction.

Ce défi majeur, inscrit dans le Plan de relance, répond à de nombreux objectifs : il s’agit de garantir la souveraineté de la France en matière de molécules d’intérêt vital, de réindustrialiser le pays et de créer des emplois dans des filières d’avenir. Les biotechnologies industrielles, pourvoyeuses d’outils et de procédés de bioproduction, occupent une place prépondérante dans cette stratégie. Elles s’inscrivent comme des relais de croissance pour l’industrie pharmaceutique et apparaissent comme une alternative à la chimie et ce à moindre coût,  tout en répondant à des critères de développement durable.

Sécuriser l’approvisionnement en principes actifs pour le secteur pharmaceutique

La crise de la Covid-19 a laissé entrevoir les fragilités du secteur pharmaceutique en France. Comme jusqu’alors 80% des substances actives de nos médicaments sont produites hors de l’Union Européenne, la crise sanitaire et ses conséquences sur le commerce international pointent du doigt la dépendance de la France dans les importations des principes actifs pharmaceutiques. La Chine et l’Inde sont les principaux producteurs des principes actifs utilisés dans le monde, alors, quand les deux pays sont touchés de plein fouet par une crise sanitaire sans précédent, le marché des matières premières s’effondre et les importations sont stoppées.

Pour faire face à cette dépendance, les biotechnologies industrielles ont un véritable rôle à jouer. Grâce à des outils innovants qui ont déjà fait leurs preuves dans d’autres secteurs d’activités, la bio-production d’éthanol par exemple atteignant aujourd’hui plus de 80Mt/an, elles sont en capacité de transformer des commodités issues du monde végétal comme le sucre, en substances actives et ainsi assurer leur approvisionnement en France, et ce de façon durable (car n’utilisant pas les ressources fossiles). Les biotechnologies industrielles sont également un moyen pour produire de nouveaux principes actifs innovants parfois difficilement atteignables via les procédés de production traditionnels, et ainsi offrir des solutions inédites à la médecine du futur.

La crise de la Covid-19 a laissé entrevoir les fragilités du secteur pharmaceutique en France. Comme jusqu’alors 80% des substances actives de nos médicaments sont produites hors de l’Union Européenne, la crise sanitaire et ses conséquences sur le commerce international pointent du doigt la dépendance de la France dans les importations des principes actifs pharmaceutiques. La Chine et l’Inde sont les principaux producteurs des principes actifs utilisés dans le monde. Dès lors, quand les deux pays sont touchés de plein fouet par une crise sanitaire sans précédent, le marché des matières premières s’effondre et les importations sont stoppées. Pour faire face à cette dépendance, les biotechnologies industrielles ont un véritable rôle à jouer. Elles ont déjà fait leurs preuves dans d’autres secteurs d’activités, comme par exemple dans la bio-production d’éthanol.  Elles sont également en capacité de transformer des produits issus du monde végétal comme le sucre, en substances actives et ainsi assurer leur approvisionnement en France de façon durable. Les biotechnologies industrielles permettent également de produire de nouveaux principes actifs innovants parfois difficilement atteignables via les procédés de production traditionnels, et ainsi offrir des solutions inédites à la médecine du futur.

Diminuer les coûts de production des médicaments

La santé de demain s’oriente de plus en plus vers de nouvelles thérapies à base de biomédicaments tels que des anticorps, des protéines ou encore des ARN messagers. Or la production de ces molécules issues du vivant met en jeu des procédés complexes et coûte donc chère au final. A titre d’exemple, le coût d’une perfusion d’anticorps monoclonal utilisé dans le traitement de la maladie de Crohn et de la polyarthrite rhumatoïde, comme l’infliximab, est de plusieurs centaines d’euros (pour une dose de 100 mg) en France.

Par ailleurs, sur un marché mondial du médicament qui pèse lourd (1 106 milliards de dollars en 2019), la concurrence étrangère est très forte. En témoigne aujourd’hui la course au vaccin anti-Covid-19 des groupes pharmaceutiques internationaux. La France occupe en 2019 la 5ème position au niveau mondial mais sa part de marché a reculé en dix ans. L’enjeu de la compétitivité en termes de coût de revient est donc bien majeur.

Les biotechnologies industrielles peuvent offrir des alternatives avec des procédés de production moins coûteux grâce à des outils maîtrisés et qui vont continuer à se développer dans les années à venir. À titre de comparaison, le coût de production de bioéthanol en Europe est inférieur à 1 euro par litre. Bien que ce produit soit bien moins complexe que les principes actifs visés, cela montre le potentiel des biotechnologies industrielles. Celles-ci, en transformant la biomasse, telle que la betterave à sucre ou l’amidon dont le coût est très faible, en molécules nécessaires aux thérapies génique et cellulaire, ont le potentiel de dégager à grande échelle d’importants gains de productivité pour l’industrie pharmaceutique.

Si cela n’est pas nouveau, l’insuline ayant été le premier médicament produit par fermentation dans les années 80, la bioéconomie constitue aujourd’hui un marché en pleine croissance et une véritable filière d’avenir pour la France. Il est nécessaire de promouvoir ces biotechnologies dans le secteur de la santé pour regagner en attractivité sur le marché mondial. Le marché mondial des produits issus de procédés microbiens (tous domaines d’application confondus) devrait être de l’ordre de 300 milliards de dollars en 2020, soit un taux de croissance annuel de près de 15% entre 2015 et 2020. En combinant l’utilisation de matières premières renouvelables à l’ingénierie génétique et à la fermentation, les biotechnologies industrielles apparaissent bien comme une solution efficace pour produire des médicaments à plus faible coût.

Réunir les acteurs de l’industrie pharmaceutique et ceux des biotechnologies industrielles

Outre le gisement de matières premières, la France bénéficie d’un autre atout primordial : la présence de très nombreux acteurs de toute la filière Industries et technologies de santé implantés sur l’ensemble du territoire, des grands groupes jusqu’au réseau dense des ETI, PME et start-up, soit un total de 3 100 entreprises.

Aujourd’hui, il s’agit de promouvoir et d’accélérer les synergies autour d’ambitieux projets de R&D entre tous ces acteurs de la chaine de valeur de la filière pharmaceutique et les acteurs des biotechnologies industrielles, eux aussi en nombre sur le territoire. Ces derniers sont en capacité de transférer et d’appliquer au secteur de la santé des concepts et outils technologiques déjà développés dans d’autres domaines. Cela demandera du temps car l’univers pharmaceutique est très réglementé et répond à de nombreuses normes de production qui permettent d’assurer un contrôle qualité sans faille. Ce point devra évidemment être pris en compte dès l’amont des projets de biotechnologies industrielles lors de la production de molécules.

Les biotechnologies industrielles ont d’ores-et-déjà prouvé leur valeur ajoutée sur différents secteurs d’activités que ce soit dans l’alimentation, les carburants, les cosmétiques, les biomatériaux, la chimie, etc. En lien avec la transition écologique et le développement durable, elles offrent des modèles résilients parfaitement applicables au secteur de la santé, pouvant constituer de réels relais de croissance. L’opinion publique a mesuré les enjeux en termes d’indépendance et d’agilité sanitaires, la volonté politique est affirmée et au rendez-vous via des financements ciblés, les acteurs sont tous présents sur l’échiquier : reste à saisir cette opportunité unique !