Les "sentinelles du soin" sont au bord de l'implosion
Les ambulanciers lancent un cri d'alerte. Ils vivent une situation critique globale. Ils ne tiendront pas jusqu'à Noël et les patients sont en danger.
Alors que le secteur de la santé est en crise durable avec une démographie médicale en baisse, une demande de soins en augmentation constante, la profession d’ambulancier est touchée de plein fouet par des faiblesses structurelles : manque de personnel (plus de 15 000 postes à pouvoir), insuffisance chronique des tarifs, nouvelles contraintes économiques, réglementaires ou environnementales...
Les ambulanciers lancent un cri d’alerte. Ils vivent une situation critique globale. Ils ne tiendront pas jusqu’à Noël et les patients sont en danger. La profession est en péril et, avec elle, la prise en soin de millions de Français.
L’État avait pourtant sollicité les ambulanciers pour mettre en œuvre la réforme de l’UPH, laquelle confirme pleinement leur statut de professionnels de santé. Mais les financements qui devaient permettre d’accompagner cette réforme n’ont toujours pas été versés, alors que les ambulanciers sont déjà en action sur l'ensemble du territoire. Le manquement des pouvoirs publics à leurs obligations menace l’activité d’urgence. Un secteur qui emploie 55 000 ambulanciers et dont les entreprises sont en permanence sous perfusion. Un autre exemple édifiant : l’enveloppe budgétaire de 100 millions accordée à la profession par le ministère de la Santé, a vu son montant réduit à 65 millions, sans aucune explication. La profession se mobilise et s’engage chaque jour mais elle est à bout de souffle et craint de ne plus pouvoir répondre à certaines interventions, faute de moyens et de personnels.
Le contexte inflationniste affecte tous les secteurs de l’économie. Le prix des carburants, l’augmentation des salaires sous la pression des hausses des prix impactent également les ambulanciers. Une étude du cabinet KPMG (apport 2022 de l'Observatoire du Transport Sanitaire) évalue à + 8,91% la hausse des charges salariales pour les entreprises de services d’ambulance, en 2023. Les ambulanciers constituent un maillon essentiel de la chaîne du soin et doivent logiquement bénéficier du même aménagement tarifaire que celui appliqué aux hôpitaux publics ou privés pour garantir l’équilibre de leur exploitation, à savoir une pleine compensation de l’inflation.
Aux portes d’un hiver qui s’annonce difficile, l’indexation des tarifs sur l’inflation est la clé pour assurer la sécurité du transport sanitaire. Une augmentation conventionnelle des prix, de l’ordre de 10 à 11%, est indispensable.
Enfin, la France est confrontée au grand défi du vieillissement de sa population. Le gouvernement s’est engagé dans une politique de développement des services à domicile avec un meilleur financement et une meilleure coordination avec le soin. Là encore, l’ambulancier peut contribuer au maintien à domicile des personnes qu’il connaît bien pour les accompagner à leurs rendez-vous et les mettre en relation avec leur médecin traitant par le biais de la télémédecine.
Prendre en considération ces actes réservés aux professionnels de santé nécessite une réforme de la tarification, à l’instar de ce qui est prévu pour les infirmières. Les ambulanciers demandent la création d’une dotation globale permettant à la profession de réaliser ces actes, distincts et complémentaires du transport sanitaire. Il est urgent d’agir pour leur donner les moyens d’accomplir un métier de vocation au service de la population et des autres professionnels de santé.