10 000 décès par an à cause d'erreurs médicamenteuses : comment enrayer ce phénomène ?

La nécessité d'investir dans les dispositifs médicaux d'observance et le service conseil des pharmaciens afin de diminuer le pourcentage de décès causés par le mauvais usage des médicaments

Le pharmacien dans son service de conseil rempli un rôle majeur pour veiller au bon usage et au bon suivi des traitements des patients.

Dans l’idéal, il faudrait que tous les patients respectent à 100% la prescription de médicament faite par leur médecin. Dans les faits, ce taux de 100% d’observance de la prescription n’est pas atteint, il varie de 40 à 70%. Cette mauvaise observance va dépendre de multiples critères tels que, la pathologie, les effets toxiques ou indésirables du médicament, la durée du traitement, le mode de vie du patient, les capacités cognitives du patient, …

Le médecin prescripteur et le pharmacien dispensateur sont les 2 professionnels de santé les plus légitimes pour estimer le risque d’inobservance et de mauvais usage des médicaments prescris. Ils doivent conseiller le patient, l’éduquer et ils devraient avoir la possibilité de prescrire un dispositif médical assurant la parfaite prise de médicament.

Les conséquences du non suivi de traitement 

Ce rôle et cette mission de prescription sont un enjeu de santé publique. Il faut savoir que les conséquences du mésusage du médicament sont graves et coûteuses pour notre système de santé. Chaque année en France c’est plus de 10 000 décès causés par un événement indésirable grave (EIG) médicamenteux et plus de 100 000 Hospitalisations avec passage aux urgences. C’est le crash d’un airbus tous les 15 Jours ! Aux Etats-Unis le mésusage et le non-contrôle de l’observance des opioïdes tuent entre 70 000 et 100 000 Américains par an !

Pourquoi nous n’en parlons pas davantage et pourquoi nous ne prenons pas des dispositions pour recourir à l’usage des dispositifs médicaux qui sécurisent le suivi des traitements.

En France, la Préparation des Doses Administrées (PDA) de système pilulier qui favorise ce bon usage, est une composante éventuelle de l’acte de dispensation pharmaceutique (R. 4235-48 du code de la santé publique). Mais elle est peu proposée par les pharmaciens car elle ne donne pas lieu à une rémunération conventionnelle individualisée. Les piluliers qui sécurisent un patient ne sont pas remboursés. Ce service est donc mal valorisé et négligé par l’assurance-maladie.

 Il est donc peu proposé par les pharmaciens. Ainsi les décès et les hospitalisations liés aux mésusages du médicament sont perçus comme une fatalité, voire comme une responsabilité du patient « Il n’avait qu’à respecter la prescription ».  Alors a qui la faute ? Que doivent faire l’état, l’assurance maladie, nos médecins et nos pharmaciens pour sauver ces vies ?

Solutions pour sauver des vies en améliorant l’observance des traitements 

Il faut reconnaître que jusqu’à présent les dispositifs médicaux d’aide aux bons usages du médicament et au contrôle de l’observance étaient techniquement peu développés et peu utilisés. Ils se limitaient aux piluliers en casier ou en sachets. Ceux-ci sont source de mélanges de médicaments ou d’oubli de prise de médicament ou encore d’erreur « de case ou de sachet ». Aux Etats-Unis, des systèmes plus précis dans le contrôle de la prise unitaire, horodatés et connectés à un logiciel de télésurveillance médicale ont prouvé leur efficacité et sont pris en charge par le Obama Care (assurance santé de base des Américains via le CPT code).

Nous devons, en France, faciliter et financer le recours à ces dispositifs médicaux qui garantissent l’observance et qui préviennent le mésusage. Il est urgent d’enrichir la gamme de solutions que le médecin et le pharmacien pourront proposer aux patients.

Il faut donc favoriser et multiplier les études cliniques qui démontreront le bénéfice médico-économique et la qualité de vie que procure l’utilisation d’un dispositif médical de sécurisation d’un traitement. Ces études devraient être financées par l’état et l’assurance maladie, en collaboration avec les pharmaciens, les médecins prescripteurs, et les laboratoires pharmaceutiques pour avoir plus de résultats probants.

Il faut savoir que l’autorisation de mise sur le marché d’un médicament est fondée sur des résultats d’efficacité d’études cliniques dans lesquelles les patients sont généralement observants. Ils seraient légitimes que les laboratoires pharmaceutiques soient impliqués dans les réflexions du modèle de financement des dispositifs médicaux qui permettront de garantir l’observance de leur médicament afin d’aboutir aux mêmes résultats qu’en essais cliniques. L’assurance-maladie feraient d’importantes économies. Elle doit jouer son rôle de bon gestionnaire de nos dépenses de santé en investissant dans la prise en charge des dispositifs d’aide à l’observance et dans l’acte de conseil du pharmacien.

Il est donc urgent de réagie et d’agir dans cette action politique qui éviterait 1 000 000 de journées d’hospitalisations et qui nous ferait économiser 800 Millions d’euros par an. Tout cela serait bien venue pour soulager nos hôpitaux, pour réduire notre déficit de l’assurance maladie et pour sauver des vies.