Essais clinique et cancérologie : les médecins manquent de temps et les patients d'information
La cancérologie et le développement technologique sont des alliés sérieux dans la lutte contre le cancer.
Afin de renforcer au mieux cette approche, il y a nécessité aujourd’hui d’ouvrir l’accès à l’innovation en oncologie et en onco-hématologie aux médecins mais aussi aux patients. Dans un système de santé fragilisé, comment les essais cliniques trouvent leur place auprès des français mais aussi des professionnels de santé ?
Le médecin peut-il encourager l’innovation malgré la pénurie de ressources et de personnels soignants ?
Partons d’un constat simple, les médecins ont de moins en moins de temps pour de plus en plus de patients, plus de 450 000 de nouveaux cas de cancer en 2023 selon les données des autorités sanitaires. D’autant plus que la lutte contre les addictions est un sujet de santé publique, vu les niveaux de consommation d’alcool sans parler du tabac, avec 25% des français fumeurs du quotidien alors que la moyenne européenne est à 18%. Les facteurs de risque de développer un cancer sont donc très ancrés dans notre vie quotidienne.
En parallèle de ce constat, les médecins font face à une accélération du nombre d’essais cliniques avec une augmentation de 23% par an en moyenne depuis 20 ans ! En moins de 10 ans plus de 77 nouvelles autorisations de médicaments par voie orale ont été acceptées, prenant en charge plusieurs pathologies. 9889 essais cliniques ont été réalisés dans le monde, la moitié en oncologie et en France offrant désormais aux patients et aux médecins une large palette d’options possibles pour combattre le cancer. Bien que ces chiffres soient très encourageants, un défi demeure : l’organisation des essais cliniques sur le territoire national et d’autant plus dans un contexte où le système de santé est fragilisé. Comment maintenir ce niveau d'excellence de la France en matière d’essai clinique pour offrir une nouvelle possibilité thérapeutique aux patients ?
Aujourd’hui, le médecin joue un rôle crucial dans l'accès des patients à des traitements innovants tout en présentant les avantages et risques de l’essai. Majoritairement, il recommande l'orientation vers un essai clinique soit parce qu'il y a l'opportunité d'un traitement ayant fait ses premières preuves d'efficacité soit parce que le patient est en échec avec le traitement standard et n'a pas d'autres choix s'offrant à lui.
Côté patient, rien ne lui interdit de chercher lui-même des essais cliniques, à condition qu’il connaisse bien sa maladie. Cela peut être bénéfique, le patient est alors acteur de sa maladie pour se battre aux côtés de son oncologue. Le patient devra suivre une « batterie » d’examen au sein du centre investigateur qui confirmera la possibilité d’être inclus. La dernière étape sera de signer son consentement éclairé, indispensable à l’entrée du patient dans l’essai.
Grâce au développement d’ outils numériques, de plateformes on peut désormais proposer aux médecins, internes et/ou pharmaciens d'accéder à des bases de données sur les essais en cours de recrutement en France. En complément des critères de santé, ceux de la localisation géographique sont également très importants. Ces nouveaux outils de santé sont d’une aide précieuse pour les médecins en manque de temps.
Mieux communiquer sur les enjeux et intérêts des essais cliniques pour les patients
A l’ère de la transformation et d’innovation majeures dans le domaine de la prise en charge diagnostique et thérapeutique de tous les cancers, l'émergence de nouveaux outils théranostiques et de nouvelles molécules au mécanisme d'action inédit offrent de nouvelles chances aux patients en général, et particulièrement aux patientes atteintes d’un cancer du sein. Toutefois, cette évolution extrêmement positive est limitée par la multiplicité et la complexité des essais. Or, l’accès à cette innovation est consubstantiel à une meilleure prise en charge. Il faut donc clarifier l'information pour la rendre plus accessible. Comment ? Faire connaître l’existence de la plateforme à un grand nombre de professionnels de santé pour qu'ils communiquent davantage auprès de leurs patients sur le potentiel qu'offrent les essais cliniques. Cela aura pour effet de réduire toute méfiance éventuelle des patients vis-à-vis des essais. D’autant que via l’utilisation d’outils technologiques et autres plateformes numériques, les lecteurs pourront voir les commentaires et témoignages des patients.
Autre point, il est indispensable de rappeler que dans tous les cas, chaque patient doit avoir arrêté son traitement au préalable dans un délai dépendant de l'essai dans lequel il rentre. À tout moment, le patient peut décider de sortir de l’essai, soit pour des raisons médicales, soit personnelles.
Aujourd’hui, face au cancer il faut lutter contre d’un côté la maladie et d’un autre côté l’inégale répartition territoriale de l’accès à l’innovation thérapeutique en cancérologie. Les patients doivent avoir accès plus simplement à ces nouvelles perspectives qui leur ouvrent de réelles opportunités de rémission quant aux oncologues, ils doivent trouver le juste équilibre entre la continuité du soin et la recherche clinique. Un enjeu fondamental dans leur pratique qui peut être soutenue par d’autres acteurs de la santé tels que les startups, les hôpitaux avec le soutien des pouvoirs publics.