Le confinement a été un révélateur de la fracture numérique. Pour la ville de demain, tirons les leçons de cette crise.

Alors que le gouvernement compte encourager la reprise économique notamment en tablant sur le bâtiment et en particulier la rénovation énergétique, ne passons pas à côté de l'opportunité d'intégrer le digital.

Pour sortir de cette crise sanitaire, sociale et économique inédite, le bâtiment peut-être un levier majeur de la reprise tant attendue dans le pays. C’est en ces termes que le gouvernement a pris la parole jeudi 7 mai dernier, pour réaffirmer ses ambitions sur ce front. Emmanuelle Wargon et Julien Denormandie ont en effet présenté lors d’un webinaire réunissant quelques centaines d’acteurs des filières concernées, les travaux de leurs ministères respectifs, à travers un retour sur les projets en cours, un point sur le calendrier des dispositifs en cette période perturbée, la liste des parcours et des aides ainsi que les grandes orientations pour les ménages et l’industrie.  

Oui, la rénovation énergétique fait le lien entre la solidarité et le climat. 

Ce point a été rappelé par les représentants du gouvernement, et ils ont raison de le souligner. Tous les programmes présentés vont dans ce sens. De nombreux projets de rénovation énergétique sont sur le point d’être accélérés, le gouvernement l’a confirmé. Et c’est évidemment formidable de voir que, malgré la crise, les ministères s’accordent pour renforcer les engagements et coordonnent de nombreux acteurs qui doivent à présent interagir pour cibler à différents niveaux les besoins de rénovation. Et oui, la rénovation énergétique peut entraîner une action rapide et devenir un pilier de la relance économique. Mais sans la colonne vertébrale numérique, peut-on seulement espérer atteindre les objectifs fixés ?

Education, santé et travail au domicile : si le confinement a bien démontré une chose, c’est à quel point le numérique était vital. 

Donc oui, il est bien évidemment question, avec ce sujet de rénovation énergétique, de diminuer les émissions de CO2 du bâti. Mais il est également question de stopper la précarité énergétique et au-delà, de favoriser le bien-être individuel et le confort, d’améliorer l’expérience citoyenne de la ville, et surtout – comme amplement mis sur le devant de la scène par la crise sanitaire que nous traversons - il est question de santé, avec l’accès aux soins, le maintien à domicile et l’organisation des urgences. D’un point de vue social comme d’un point de vue économique : pas de numérique, pas de vie. Littéralement. Jamais la fracture numérique n’aura été aussi visible, aussi impactante, aussi révoltante.

Les sommes engagées sont trop importantes pour ne pas être fléchées vers l’efficacité et le long terme. 

On parle de plusieurs centaines de millions d’euros prévus via différents dispositifs, pour le tertiaire et l’habitat. De l’argent public essentiellement. Mobilités dans la ville, sécurité, nouveaux circuits de commerce de proximité, éducation, inclusion, santé avec un focus sur les seniors et l’enfance, habitat et vie de quartier, gouvernance citoyenne et locale, énergie & environnement, articulation entre périphérie et centre-ville, place du village et gestion des espaces privés et communs : les priorités sont là et le temps ainsi que les budgets sont comptés. Ce serait une erreur historique, une perte de temps et un gâchis monumental de faire un plan de relance sans tirer les enseignements de la crise actuelle et délaisser les solutions numériques qui permettent dans tous les domaines de faire mieux avec moins de moyens.

Il est temps que les défis de la ville soient adressés par toutes les filières, de manière holistique, avec le numérique. 

Emmanuelle Wargon et Julien Denormandie ont demandé aux industriels sur le terrain de se mettre en ordre de marche et ont appelé les acteurs privés à s’allier aux territoires pour concevoir ce qu’ils ont appelé des "quick wins", sous la forme d’appels à projets dans des bâtiments de l’Etat pour en faire des démonstrateurs. Le gouvernement a besoin de projets volontaires déposés par les services territoriaux qui, avec l’aide de la filière, deviendront les prototypes à déployer, avec une montée en compétences et en puissance de tout le secteur. Nous répondons présent ! Le report de la RE2020 ouvre une période de concertation cet été, pour établir notamment les bases d'un label facultatif visant à préfigurer les bâtiments exemplaires de demain. Travaillons de concert, pour poser les bases d’un "Airbus" du smart building et de la smart city, qui mettrait l’Europe à la pointe du secteur en capitalisant sur le leadership mondial des acteurs européens de la construction et de l’équipement du bâtiment. Les travaux remarquables menés par la Commission Européenne ces dernières années et l’avance reconnue de la France sur l’intégration du numérique dans le bâtiment sont des atouts indéniables. Il faut profiter de la rénovation énergétique pour garantir un accès au très haut débit, pour tous, afin que l’ambition étatique porte ses fruits et vise une rénovation globale, efficace et au bénéfice du citoyen. C’est non seulement possible, mais surtout nécessaire.