Maires : cinq priorités à mettre en œuvre dès leur prise de mandat

Le maire reste – de loin – l'élu préféré des Français. Pourtant, derrière ce calme apparent se cachent des enjeux critiques, en matière de proximité, de performance, de modernisation et de gouvernance.

C’est un paradoxe. Les maires ont le vent en poupe, demeurant les élus les plus appréciés des Français (63% d’entre eux disent avoir une bonne opinion de leurs édiles)[1]. Et pourtant, plus de 8 Français sur 10 n’aimeraient pas occuper leur fauteuil ! Jamais le métier de maire n’a été aussi difficile à exercer. En cause : les attentes décuplées des citoyens, la crise de la démocratie, la baisse de la dotation globale de fonctionnement, la nécessaire modernisation des services, et les enjeux colossaux - mais malheureusement encore trop confidentiels - que représentent l’articulation entre les communes et les intercommunalités, qui portent aujourd’hui de nombreuses compétences que les usagers associent à l’action du Maire. Sans compter sur la gestion de la crise sanitaire et de ses conséquences. Dans ce contexte, comment maintenir une relation efficace et équilibrée entre citoyens, élus et administration ?

1.     Impulser la relance de sortie de crise dans le respect du protocole sanitaire

Dès le début de la crise du Covid-19, les maires se sont retrouvés en première ligne, face aux citoyens, et ont dû prendre dans l’urgence des décisions stratégiques et répondre à la fois au besoin de sécurité de leurs administrés (achat/fabrication/distribution de masques, mise en place de centres de dépistage, etc.) et aux contraintes logistiques imposées par le confinement. A l’heure du déconfinement, les maires sont encore une fois clés pour piloter la sortie de crise localement, comme l’illustre la gestion des réouvertures des écoles, des crèches et de l’ensemble des structures municipales (piscines, médiathèques, gymnases…) pour laquelle les communes ont dû trouver des solutions sur mesure, pointant parfois un manque d’accompagnement gouvernemental. Si un assouplissement du protocole sanitaire imposé par l’Etat est au rendez-vous, ils se retrouvent désormais face à deux défis majeurs : participer aux efforts de relance économique sur leur territoire, en accompagnant le tissu local, tout en veillant à préserver leurs ressources dans un contexte de tensions sur les finances publiques

2.     Epouser les attentes des usagers

Les Français attendent de leurs communes (et donc de leurs maires) toujours plus de services, de proximité, de performance et de réactivité. Ils sont habitués dans leur vie quotidienne à réaliser de multiples actions en ligne, immédiatement et surtout facilement – faire un virement, payer leurs impôts, renouveler leurs passeports, etc. Et ils souhaitent légitimement retrouver cette facilité aussi dans leurs interactions avec les services publics de proximité, par exemple pour inscrire un enfant à la cantine ou pour prendre un rendez-vous en mairie. Pour les maires, cela se traduit par des travaux de modernisation des canaux de gestion de la relation usagers, mais aussi par des actions pédagogiques visant à mieux expliquer le champ de compétences et les attributions des communes au regard notamment du rôle grandissant des intercommunalités. Dans un contexte de crise économique, la tâche risque d’être compliquée, en particulier par la baisse significative des finances des collectivités locales.

3.     Faire de la mairie la porte d’entrée du service sur le territoire

Le mille-feuille administratif est un casse-tête pour les citoyens, qui ne connaissent pas forcément les rôles et prérogatives des différentes collectivités qui régissent leur quotidien. Dans ce paysage administratif flou, les communes ont une carte à jouer, pour devenir le point de contact de référence pour les usagers sur leur territoire. Cette logique de guichet unique du service public local pourrait permettre d’améliorer la qualité de services, au plus près des citoyens et de leurs besoins, dans une logique de refonte de la relation entre les administrations et les usagers. Pour cela, les maires doivent d’une part faire preuve de pédagogie vis-à-vis de leurs administrés afin que ceux-ci appréhendent mieux le service public, l’intercommunalité et ses pouvoirs. Et d’autre part, structurer des services efficients dans la collaboration avec les autres administrations et services intervenant sur le territoire.  

4.     Etre garant d’une bonne gouvernance, au sens du fonctionnement entre les élus et l’administration

Le maire porte la double casquette de chef de la majorité et de patron de l’administration et se voit confronté à la difficulté de faire fonctionner au mieux cet attelage républicain et démocratique original au sein des collectivités territoriales. Ce couple élus / administration doit être régi par des règles et des principes clairs, garantissant le respect des rôles de chacun pour une action pleinement coordonnée et assumée, et des agents municipaux sereins dans leur quotidien de travail.

5.     Accompagner les agents en tant qu’employeur local de premier plan

On tend souvent à l’oublier : les collectivités sont d’importants employeurs locaux. La richesse des collectivités se trouve aussi dans leurs ressources humaines, des agents dévoués, qui s’inscrivent dans la vie locale et sont bien trop souvent victimes de "fonctionnaire bashing" dans un contexte de réduction de moyens dont ils sont les premières victimes. Ainsi, le management, la gestion des carrières, la qualité de vie au travail sont autant de défis pour les édiles du fait de leur responsabilité d’employeurs. Le maire doit donc être le garant de la qualité de vie au travail des équipes, souvent malmenées par la baisse des dotations, les réorganisations à répétition, l’augmentation de la technicité des métiers, la détérioration de l’image du fonctionnaire… en exerçant sa responsabilité d’employeur et en redonnant aux outils du "management" leur sens bienveillant, au service des agents et donc de la qualité de service.

[1] Observatoire Odoxa/CGI, « La Voix des Territoires », publié en octobre 2019