Débordée par les livraisons, Paris va les suivre à la trace

Débordée par les livraisons, Paris va les suivre à la trace Selon nos informations, la mairie de Paris va lancer une expérimentation avec Chronopost, La Poste et UPS, qui vont lui remonter des données sur leur utilisation des aires de livraison.

Paris a un problème de livraison : les places dédiées à cette activité dans la capitale ont été dimensionnées et positionnées il y a plusieurs décennies, à une époque où les livraisons concernaient surtout des entreprises. Or depuis, l'e-commerce et les livraisons de repas ont explosé, redéfinissant le paysage. Les livraisons de dernier kilomètre se font avec de petites fourgonnettes, voire en scooter. Paris se retrouve donc avec des places souvent trop grandes et pas assez nombreuses puisqu'elles pourraient être divisées en plusieurs emplacements plus petits. Un sujet abordé lors des assises du stationnement organisées par la mairie fin 2020-début 2021 et qui va, selon nos informations, déboucher dans les semaines à venir sur une expérimentation avec UPS, La Poste et Chronopost. Objectif : comprendre l'usage que font les entreprises de livraison de ces places de stationnement.

Pour y arriver, les entreprises de livraison vont remonter en temps réel à la mairie toutes sortes de données sur leurs livraisons. Pour chaque véhicule de livraison, elle sera en mesure de connaître la localisation de ses arrêts et leur durée, ainsi que le type de véhicule utilisé. Des données qui seront ensuite croisées avec celles de Paris sur les places de livraison : localisation, taille et type de place (utilisables par les autres automobilistes à certains jours et heures ou bien totalement réservées aux livreurs). Une plateforme d'analyse de données fournie par la start-up Vianova montrera aux équipes de la ville dans quels quartiers les arrêts sont les plus fréquents ou les plus longs, les différences d'occupation entre les heures de pointe et les heures creuses, ou encore le nombre de véhicules garés en double file en l'absence de places disponibles.

Un premier pas vers la régulation

Il ne s'agira pas d'un échantillonnage sur une partie de la flotte ou un quartier de la ville. Les données porteront sur tous les véhicules des entreprises de livraison dans toute la ville. Une belle échelle, même si un acteur majeur manque à l'appel pour avoir une vision fidèle des livraisons à Paris : Amazon. Et il y a peu de chances que l'entreprise accepte de participer à cette expérimentation, d'abord parce qu'elle garde jalousement ses données commerciales, mais aussi parce que les relations avec l'équipe municipale actuelle sont houleuses depuis des années (Anne Hidalgo a notamment appelé en 2019 à "ne plus acheter sur Amazon").

Ces informations vont permettre à la mairie d'envisager de nouveaux découpages des aires de livraison ainsi qu'une nouvelle répartition géographique de leurs emplacements. Cette première étape d'analyse devrait durer jusqu'en juillet, mais l'expérimentation est prévue pour durer au total 24 mois. Car dans un second temps, elle pourrait se transformer en un test de régulation des livraisons par le numérique, en connectant entre elles les flottes des entreprises de livraison afin qu'elles puissent connaître la disponibilité des places, voire s'organiser à l'avance pour ne pas livrer au même endroit au même moment. Cette seconde phase a pour l'instant seulement été évoquée et ne fait pas l'objet d'un accord formel.