Jean-Baptiste Eyméoud (Alstom) "Alstom et la SNCF investissent chacun environ 5 millions d'euros pour co-concevoir le TGV du futur"

Le directeur général du groupe industriel français veut offrir plus de connectivité et repenser l'expérience passager dans la prochaine génération de TGV attendue pour 2022.

Jean-Baptiste Eyméoud est le directeur général d’Alstom France. © Alstom

JDN. Alstom vient de signer un partenariat d'innovation avec la SNCF pour mettre sur les rails un TGV nouvelle génération. Combien de rames seront-elles livrées ? Quand circuleront-elles et combien cela va-t-il coûter ?

Jean-Baptiste Eyméoud. Il y aura entre 50 et 200 rames. La mise en circulation est prévue pour 2022 mais pour l'instant nous sommes dans une première phase de co-spécification avec la SNCF, c'est-à-dire que durant les 18 prochains mois une vingtaine d'experts des deux entreprises seront réunis dans des locaux indépendants pour concevoir le futur TGV.

Pour cette première étape, l'investissement de la SNCF s'élèvera à environ 5 millions d'euros et sera sans doute équivalent pour Alstom. Si la SNCF est satisfaite du résultat, nous passerons d'ici fin 2017 à une phase d'industrialisation. Nous avons pour objectif de réduire les coûts d'achat et d'exploitation d'au moins 20% par rapport à la génération précédente de TGV, dont chaque rame coûtait approximativement 30 millions d'euros à la SNCF.

Comment comptez-vous y parvenir ?

Nous nous sommes engagés à livrer un train dont la consommation d'énergie sera réduite d'au moins 20% et dont l'intérieur sera entièrement modulable selon les trajets ou le type de clients. La capacité sera augmentée, avec jusqu'à 700 passagers à bord, et les matériaux repensés, notamment pour l'aérodynamisme. Et moins cher ne veut pas dire moins confortable, au contraire, puisque nous voulons améliorer considérablement les services aux voyageurs, notamment grâce à la connectivité.

A quelles innovations digitales et numériques faut-il s'attendre ?

Toutes les rames seront équipées du Wifi, ce qui permettra d'améliorer l'expérience passager grâce à des services connectés et personnalisables. Nous avons aussi pour ambition de réduire de 25% les coûts de maintenance grâce aux nouvelles technologies prédictives et de pilotage à distance.

Des centaines d'innovations sont mises sur la table, certaines en accord avec les dernières évolutions technologiques et d'autres en rupture avec ce que l'on connaît actuellement. On ne pourra pas toutes les intégrer tout de suite. Mais il faudra les prévoir afin de les intégrer par la suite. La notion de modularité est très importante car le TGV du futur devra être une plateforme que l'on peut facilement mettre à jour pendant toute sa durée de vie. Une génération de TGV est faite pour rouler 40 ans donc il est indispensable qu'elle puisse s'adapter à son temps.

Comment allez-vous relever ce défi ?

Pour une industrie traditionnelle comme la nôtre, la connectivité n'était pas forcément notre cœur de métier. C'est pourquoi nous avons réuni nos équipes, entre celles d'Alstom qui ont l'expérience de la conception des trains et celles de la SNCF qui savent ce qu'attendent les voyageurs. Il y a ainsi dans un même lieu des spécialistes de la maintenance, de l'exploitation, mais aussi du marketing et du costing.

Nous invitons aussi les sociétés et les start-up qui ont des idées intelligentes sur la connectivité et l'expérience passager à nous rejoindre dans cette aventure. Nous n'avons pas peur de nous faire épauler par les plus jeunes, puisque nous travaillons aussi avec l'Epitech et la Web School Factory.