Trottinettes à Paris : la moitié des opérateurs ont disparu
Ils étaient censés être douze opérateurs de trottinettes en libre-service à Paris. Ils ne sont en réalité plus que 6, et encore... C'est ce que montrent des données présentées au JDN par la start-up Fluctuo, qui a développé une API qui consulte toutes les quinze minutes ces services de free floating pour en extraire des données sur la taille de leur flotte, les trajets effectués et la disponibilité des véhicules. Nous avons croisé ces informations avec nos propres consultations des applications de ces différentes entreprises, qui montrent en effet une indisponibilité totale de véhicules à Paris, ou des flottes minuscules (moins d'une dizaine d'appareils). Nous avons également pu confirmer ce constat auprès d'une troisième source, un professionnel au fait de l'usage global à Paris.
L'allemand Wind a été la première start-up à mettre les voiles : son dernier jour d'activité remonte au 9 juin selon les relevés de Fluctuo, avec une centaine d'appareils disponibles. Elle a rapidement été suivie par son compatriote Tier le 16 juin, qui comptait encore 300 appareils à l'époque. Wind confirme que son service est suspendu, sans annoncer de date de retour. Tandis que Tier assure procéder à un renouvellement de sa flotte parisienne, comme elle l'a déjà fait à Marseille, et prévoit un retour "courant juillet".
Opérateur | Situation constatée | Déclaration officielle |
---|---|---|
Lime | Opérationnel | |
Bird | Opérationnel | |
Dott | Opérationnel | |
Circ | Opérationnel | |
Jump (Uber) | Opérationnel | |
B Mobility | Opérationnel, très petite flotte | Pas de réponse |
Voi | Disparu | Changement de flotte, retour courant juillet |
Tier | Disparu | Changement de flotte, retour courant juillet |
Hive | Disparu | Changement de flotte, aucune date de retour annoncée |
Bolt | Disparu | Départ |
Wind | Disparu | Départ |
Ufo | Disparu | Pas de réponse |
Quant à Hive, la filiale de la joint-venture de mobilités entre BMW et Daimler, qui avait annoncé déployer mille trottinettes dans la capitale, elle n'est en réalité guère montée au-delà de 200-250 appareils à son apogée, et est aujourd'hui proche de zéro engins disponibles, avec certain appareils perdus en banlieue, bien au-delà de la zone de couverture du service. Un porte-parole de Hive a confirmé au JDN que l'entreprise n'offrait plus ses services à Paris. Il assure qu'elle reviendra sur le marché avec des trottinettes de seconde génération qui offriront une "approche plus durable" au service. Mais Hive a été incapable de nous dire quand ce retour se produirait. Encéphalogramme également plat du côté de l'espagnol Ufo, dont l'arrivée annoncée ne s'est jamais matérialisée par plus de 10 à 20 appareils disponibles.
L'allemand Wind a été la première start-up à mettre les voiles : son dernier jour d'activité remonte au 9 juin
Plus surprenant, le départ tout récent du suédois Voi, dont le directeur France assurait le 26 juin au JDN disposer d'une flotte de 500 appareils. D'après les données qui nous ont été présentées, elle était encore d'environ 500 le 21 juin, mais les chiffres ont rapidement décru : 200 le 26 juin, puis 0 le 27. En réalité, nous explique le dirigeant, cette disparition des véhicules est temporaire ("au maximum trois semaines"), le temps de renouveler la flotte par des modèles plus performants et de former les équipes.
Autre abandon, celui de Bolt (ex-Taxify) : d'après les données de Fluctuo, le VTC estonien a arrêté de proposer des trottinettes dans son application autour du 17 juin. L'entreprise a confirmé l'information au JDN. "Bolt a décidé de retirer momentanément ses trottinettes électriques des rues de Paris. Cette décision est motivée par la profusion d'acteurs présents sur le marché - il y a aujourd'hui trop de trottinettes en service proportionnellement à leur taux d'utilisation - et par des coûts de maintenance conséquents pour pallier les dysfonctionnements et actes malveillants (dégradations, vols) subis." L'entreprise dit attendre qu'un "cadre plus propice" émerge à Paris pour revenir.
Dernière entreprise, dans une catégorie à part, l'américaine B Mobility, ni partie, ni véritablement lancée : elle reste sur une chiffre stable d'une cinquantaine d'appareils depuis son lancement fin mai. Son directeur en France, Didier Louvet, avait donné un chiffre similaire dans une interview au JDN, mais assurait que la flotte sortirait de sa phase expérimentale courant juin, pour passer à 500 appareils déployés.
Avant les retours de Voi et Wind, les cinq entreprises avec des flottes d'au moins plusieurs centaines d'appareils sont Lime, Bird, Dott, Circ et Jump
Après l'écrémage de juin et avant les retours de Voi et Wind, les cinq entreprises encore en compétition sur le marché avec des flottes d'au moins plusieurs centaines d'appareils sont donc Lime, Bird, Dott, Circ (ex-Flash) et Jump (filiale d'Uber). Ces fins d'activité coïncident avec les annonces de la maire de Paris Anne Hidalgo le 6 juin, qui souhaite organiser un appel d'offre qui ne retiendra que deux ou trois vainqueurs, les autres opérateurs étant priés de plier bagage. Selon nos informations, certains de ces opérateurs ont d'ailleurs annoncé aux autorités leur volonté de partir "pour mieux revenir" et ainsi se préparer à répondre à l'appel d'offre.
Cette période correspond également à l'ouverture du marché allemand des trottinettes en libre-service, depuis l'entrée en vigueur d'une réforme le 21 juin, qui ne prévoit aucune restriction du nombre d'opérateurs, contrairement à la loi mobilités française dont les premiers décrets d'application sont attendus à la rentrée. Or trois des start-up qui viennent de quitter le marché, à savoir Wind, Tier, et Hive, sont allemandes. Les deux premiers ont déjà déployé environ 500 appareils chacun à Berlin. Auf wiedersehen !
Nous avons contacté toutes les entreprises mentionnées dans cet article comme ayant arrêté leur service à Paris. Nous mettrons l'article à jour à mesure que nous recevrons leurs commentaires.