Grève RATP : débordées, les start-up n'ont pas pu absorber la demande

Grève RATP : débordées, les start-up n'ont pas pu absorber la demande 300 000 trajets par jour ont été réalisés en Vélib's, scooters, trottinettes et vélos en libre-service au plus fort de la grève. Sur-utilisées, les flottes se sont dégradées, empêchant de réaliser davantage de trajets.

Une aubaine qui aurait pu être mieux exploitée. Voilà comment on pourrait décrire les conséquences de la grève RATP sur les services de mobilités en free-floating (vélos, trottinettes, scooters) et les Vélib' en Île-de-France. Les données transmises au JDN par la start-up Fluctuo, qui consulte ces services toutes les quinze minutes pour en tirer des informations sur leur disponibilité, la taille des flottes ou encore les trajets effectués, montrent une augmentation massive de l'usage, mais aussi des difficultés à absorber toute cette demande qui a mis les flottes à rude épreuve.

Ainsi, dès le premier jour de grève le 5 décembre, le nombre de courses total est en forte augmentation, à 191 500 trajets, contre environ 140 000 la veille. L'augmentation se poursuit jusqu'au vendredi de départ en vacances, le 20 décembre, qui marque le record d'utilisation pendant les grèves, avec 306 000 trajets. La typologie de trajets a également évolué : ils se sont considérablement rallongés, de près de 50% pour les vélos et trottinettes, ainsi que de 25% pour les scooters. L'éloignement des appareils du centre de Paris s'est également  accru.

Après la fin des vacances, le 6 janvier, les chiffres sont toujours au–dessus de la norme, entre 200 et 250 000 trajets par jour. Les données de Fluctuo s'arrêtent au 19 janvier. La semaine suivante n'a pas encore été analysée en détail, mais "le nombre de trajets baisse progressivement pour se rapprocher de la normale", constate Jean-Marc Favaro, geo-data scientist chez Fluctuo.

Puisque les opérateurs n'ont pas augmenté la taille de leurs flottes en prévision des grèves, celle-ci s'est retrouvée sur-utilisée. Résultat : la disponibilité de la flotte s'est dégradée, passant de 36 000 engins au premier jour de la grève à seulement 22 000 le 20 Décembre, soit 37% d'appareils en moins. Car avec une sur-utilisation, les batteries des appareils se déchargent plus vite. Ils deviennent donc plus rapidement hors d'usage, diminuant la taille de la flotte. Dans le même temps, les opérateurs, qui doivent emmener ces trottinettes par camionnettes dans des entrepôts de recharge hors de Paris, ont souffert de l'augmentation du trafic en Ile-de-France dû à l'absence de transports en commun, qui a ralenti leur logistique de maintenance et de recharge.

Cette tendance a moins touché les Vélib" que les opérateurs en free-floating : leur flotte a baissé de "seulement" 20% entre le 5 et le 20 décembre, contre -50% pour les vélos en free-floating, -44% pour les trottinettes et -60% chez les scooters. A eux seuls, les Vélib' ont assuré la moitié des trajets. Malgré cela, ce sont les trottinettes qui ont le plus profité de la grève, triplant leur nombre de trajets entre le 5 et le 20 décembre, et augmentant leur part des trajets totaux : de 20% au début de la grève, elle s'est établie entre 30 et 40% à partir de la mi-décembre.