Les collectivités locales doivent-elles s'engager à faire du covoiturage un service public ?

Les récentes (et toujours en cours) grèves de fin 2019 paralysant une partie de notre pays ont mis en valeur une alternative prisée au service de transports existants: le covoiturage.

Il faut garder en tête une vérité qui restera bien après cet épisode de grèves : le covoiturage n’est pas qu’une simple alternative aux transports publics, il en est complémentaire ! Ainsi, le covoiturage apparaît comme une solution durable et additionnelle, se présentant comme des lignes de bus, pour permettre aux zones peu denses, souvent en pénurie de transports en commun, de bénéficier de moyens de transports supplémentaires pour se déplacer.

Toute cette situation, combinée aux élections municipales de mi-2020 engageant les élus à proposer de nouvelles solutions sur leurs territoires, amène ainsi encore davantage à cette réflexion pourtant déjà existante : les collectivités ont-elles de bonnes raisons de s’engager et proposer des solutions concrètes pour faire du covoiturage un service public ?

Des collectivités déjà sensibilisées

Selon une étude parue en septembre 2019, le covoiturage est un besoin largement identifié par les collectivités locales et territoriales. En effet, 98% des agents publics jugent l’offre de transports en commun insuffisante et peu adaptée aux spécificités du territoire. Ils jugent notamment la fréquence trop faible et les horaires inadaptés aux besoins de leurs concitoyens.

Le covoiturage est ainsi identifié comme solution pérenne et adaptée aux besoins de mobilité des usagers, tels que les trajets domicile-travail, ainsi que les trajets de la vie quotidienne. Cette même étude met en avant la sensibilité des collectivités au sujet, et la volonté de mettre des projets et solutions en place : 56% des répondants ont notamment indiqué que leur collectivité a déjà mis en place ou est en train de monter un projet de covoiturage. On voit ainsi qu’il reste du chemin à parcourir avec les collectivités pour comprendre les intérêts et bénéfices du covoiturage, et surtout comment cela peut s’inscrire dans un projet politique concret, mais l’éducation est clairement lancée et la sensibilisation est de plus en plus forte, en partie grâce au contexte actuel.

Une dynamique territoriale en mouvement

Au-delà de l’intérêt grandissant des collectivités pour des solutions alternatives aux transports en commun tels que nous les connaissons aujourd’hui, il est important de rappeler que notre gouvernement a voté la loi d’orientation des mobilités le 24 décembre dernier. Celle-ci a pour but de répondre à quatre grands défis de notre société actuelle : 

  • "Le manque de solutions dans de nombreux territoires, qui entretient un sentiment d'assignation à résidence"
  • "L'urgence environnementale et climatique, qui appelle à changer nos comportements"
  • "Les impasses d'une politique d'infrastructures tournée vers les grands projets et non financée depuis des décennies"

Elle favorise, entre autres, la mise en place des services publics de covoiturage pour les trajets du quotidien. Elle encourage donc les collectivités à se saisir de la compétence “mobilité” et à mener des projets à l’échelle des bassins de mobilité. Si l’on descend l’organigramme, la démarche France Mobilités a permis la création de cellules régionales d’appui pour les territoires peu denses. Le programme France Mobilités permet ainsi d’animer l’écosystème  des acteurs régionaux de la mobilité innovante, d’aider à la réalisation de projets innovants et de donner accès à des ressources utiles pour la mise en place de ces projets.

Les entreprises sont elles aussi mises à contribution ! En effet, grâce au forfait mobilité durable, les entreprises et administrations peuvent encourager le développement du covoiturage en indemnisant leurs employés ou agents. Par exemple, un salarié covoiturant sur 30km, 3 jours par semaine, en tant que passager peut voir la moitié de ses dépenses de covoiturage remboursées par son employeur.

Un enjeu environnemental et sociétal

Il est également important de rappeler le deuxième enjeu cité par la loi d’orientation des mobilités : l’urgence environnementale et climatique. Car au-delà de permettre un accès plus facile à l’emploi pour les habitants de zones péri-urbaines ou rurales, le covoiturage permet le désenclavement du territoire, principalement sur les axes routiers principaux. Ainsi, le covoiturage permet la réduction des émissions de gaz à effets de serre et favorise les économies d’énergies.

A l’heure où notre planète connaît des catastrophes climatiques et où nos enjeux sociétaux changent considérablement, il est temps que nos maires et élus s’engagent sur des solutions complémentaires comme le covoiturage et l’incluent directement dans leurs programmes de campagne pour faciliter la vie et le transport de leurs concitoyens !