Programme EVE : le label "Objectif CO2" gagne du terrain dans le monde du transport

Depuis 2019, le Programme EVE a pour but de soutenir les entreprises de transport et de logistique qui souhaitent réduire leur empreinte énergétique et environnementale. Les modèles de poids-lourds fonctionnant avec des énergies alternatives aux carburants pétroliers se multiplient.

Face à l’urgence climatique, les acteurs du transport, forts consommateurs d’énergie, ont une responsabilité importante. En 2015, ils représentaient environ un tiers de la consommation énergétique de l’hexagone. Les carburants représentent la quasi-totalité de l’énergie utilisée et sont dédiés très largement au transport routier. 

Le secteur des transports est le premier émetteur de CO2 avec près de 30 % des émissions en 2015. Le transport routier de marchandises et le transport collectif de voyageurs peuvent donc avoir une influence réelle pour baisser ces chiffres. Depuis 2019, le Programme d’Engagements Volontaires pour l’Environnement (EVE) a pour but d’accompagner les entreprises dans la diminution des impacts énergétiques et environnementaux de leurs activités de transport et logistique. 

L’État souhaite par ailleurs accompagner les différents acteurs du secteur dans cette démarche par des actions de sensibilisation et de formation dans les entreprises. Un Programme Certificats d’économies d’énergie (CEE) permet de déployer ces actions de sensibilisation, de formation et d’aide pour tous les acteurs de secteur d’activité.

Réduire les gaz à effet de serre d’un million de tonnes par an

Depuis plus d’un an, le programme "Engagements volontaires pour l’environnement des acteurs de la chaîne logistique et du transport de voyageurs" EVE s’est fixé comme objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de plus d’un million de tonnes par an, en aidant les différentes entreprises du secteur. Le programme EVE vise également à limiter les polluants atmosphériques engendrés par les secteurs de transport et de la logistique. 

Dans ce cadre, les chargeurs, commissionnaires de transport, transporteurs de marchandises, grossistes et transporteurs de voyageurs s’engagent de manière volontaire et proactive pour l’amélioration de l’environnement et notamment de la qualité de l’air. Le programme est initié par l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), organisme qui dépend de l’État. Plusieurs structures professionnelles y participent. Ce programme bénéficie du soutien du ministère de la Transition écologique et solidaire. Son financement est assuré en partie par Total Marketing France.

250 entreprises se sont engagées à réduire leurs émissions de CO2

Le programme EVE a donné l’occasion de toucher plus de 1 500 sociétés, avec l’aide des organisations professionnelles, comme la FNTV (Fédération Nationale des transports de voyageurs) ou l’OTRE (Organisation des Transporteurs routiers européens). 250 entreprises se sont engagées à déployer des dispositifs pour diminuer leurs émissions de CO2 de 88 000 T à l’issue de la 3ème année de participation. 

En septembre 2019, à Paris, les porteurs du programme EVE ont organisé un grand raout : « le rendez-vous du transport et de la logistique éco-responsables ». 400 acteurs du transport étaient réunis, tous actifs dans le processus de transition écologique. Lors de ce rendez-vous, plusieurs tables rondes étaient organisées, l’occasion pour les différents acteurs du transport et de la logistique d’échanger. Les différentes entreprises présentes se sont engagées dans une démarche visant à réduire l’impact environnemental du transport.

Le label « Objectif CO2 » progresse dans le monde du transport

Il existe différentes actions mises en œuvre par l’ADEME dans le monde des transports dans le cadre du programme EVE. Déployé en 2008, le programme "Objectif CO2 " s’adresse aux entreprises de transport de voyageurs ou de marchandises. Il repose sur une charte et soutient les sociétés qui souhaitent diminuer leurs émissions de C02 sur une période de 3 ans. 

Obtenir ce label, c’est un signe de reconnaissance d’un bon positionnement en matière de performance énergétique pour les acteurs du transport routier. La démarche débute par une auto-évaluation et un diagnostic des émissions de GES. La société, engagée dans le dispositif, met au point un plan d’action spécifique avec l’appui d’un chargé de mission régional. L’entreprise prend l’engagement d’agir et paraphe une charte pour une durée de 3 ans. La société peut profiter d’outils pour mesurer les GES (indicateurs, espace numérique sécurisé), de fiches actions permettant de mettre en œuvre des opérations concrètes. 

Des chargés de mission sont également disponibles dans chaque région de manière à accompagner les entreprises qui s’engagent. Ces personnes-ressources peuvent aider les entreprises à mettre en place un diagnostic des émissions de CO2 et analyser les progrès effectués. Ainsi, le site objectifco2.fr permet d’évaluer les émissions de gaz à effet de serre et les polluants, mais aussi les indicateurs de performance environnementale. Il donne la possibilité de suivre la mise en place du plan d’action spécifique et des objectifs sur lesquels les sociétés s’investissent.

Une plateforme de partage des données

Le programme EVE comprend également l’établissement d’une plateforme transversale d’échange d’informations environnementales entre les sociétés de transport et les clients. Cette plateforme fournira des données sur l’émission de CO2 des transports. Ces informations sont particulièrement importantes par rapport au décret "Information GES des prestations de transport", qui contraint les sociétés de transport à informer les clients de la quantité de gaz à effet de serre dégagée lors du transport. 

D’autre part, l’attribution du label "objectif CO2" s’appuie sur un audit. L’auditeur s’assure du niveau de fiabilité des différentes informations. Cette distinction est accordée pour une durée de 3 ans. Elle est validée par des membres du ministère de la Transition écologique et solidaire, des organisations du secteur et l’ADEME. Il s’agit d’un repère de mobilité vertueuse en matière énergétique. Le nombre d’entreprises qui souhaitent s’inscrire dans ce dispositif est de plus en plus important.

Le label Objectif CO2 étendu au transport routier de passagers

Depuis le début de l’année 2020, l’"Objectif CO2" ne concerne plus seulement le transport routier de marchandises, désormais il s’étend au transport routier de voyageurs (TRV). Ce label repose sur un indicateur : les voyageurs.km et donc les émissions de gaz à effet de serre par voyageur et par km. 

6 sociétés de transport de voyageurs ont déjà été distinguées et ont obtenu cette labellisation. Il s’agit des autocars R. Barriere (Tarn-et-Garonne), Voyages Kunegel (entreprise basée dans le Haut-Rhin), Cars Farouault (situés dans le département de La Manche), Cars Rouillard (Côtes d’Armor), Cfti Cannes (Alpes-Maritimes) et Voyages Cavé (Loire-Atlantique). Certaines de ces sociétés suivent les dispositions de la charte Objectif CO2 depuis 2011

. Pour décrocher cette labélisation, les initiatives engagées concernaient par exemple le renouvellement de la flotte, l’usage d’énergies alternatives aux carburants pétroliers et une formation à l’éco-conduite pour les chauffeurs.

Des entreprises distinguées à l’occasion des Trophées EVE

En septembre 2019, 12 sociétés ont été primées pour leurs initiatives à l’occasion de la remise des Trophées EVE. Elles ont été récompensées par rapport à leurs bons niveaux de performance énergétique, le déploiement d’initiatives audacieuses ou leurs actions menées entre des sociétés chargeurs et les transporteurs. 

Les 12 entreprises primées montrent un certain dynamisme à faire baisser de manière durable l’impact environnemental du transport. Par exemple, la Société de Transports Biocoop (STB) a obtenu le trophée de la meilleure progression (en % de gain d’émissions de GES). Rautureau S.A.S. a décroché le trophée de l’action la plus innovante pour l’usage de véhicules fonctionnant grâce à du biogaz, depuis une usine de transformation de déchets agricoles en biométhane en partenariat avec l’entreprise Leroy Merlin.

Le développement des véhicules poids-lourds électriques

Ces dernières années, les modèles de camions électriques se multiplient. Le Parlement européen a fixé de nouvelles normes de réduction des émissions de CO2 à l’horizon 2030, avec des paliers d’ici 2025. Une nouvelle législation européenne, votée en 2019, prévoit pour 2030 une baisse de 30 % des GES, émis par les camions neufs commercialisés sur le sol européen par rapport à 2019-2020. 

Une période de diminution transitoire de 15 % est fixée d’ici 2025. Il s’agit d’un enjeu de santé publique essentiel et d’un challenge technologique pour les constructeurs de véhicules poids-lourds. Les départements « Recherche et Développement » travaillent activement pour développer des véhicules poids-lourds qui ne fonctionnent plus avec du carburant. 

Il est nécessaire d’installer des batteries poids-lourds pour faire fonctionner ces véhicules. L’autonomie des véhicules électrique est de plus en plus importante et l’offre proposée par les constructeurs ne cesse de croître.

Le développement de véhicules poids-lourds à hydrogène

D’autres projets orientés vers la transition écologique se développent, tels que la mise au point de véhicules poids-lourds fonctionnant à hydrogène. Le projet européen appelé "H2Haul", mis en œuvre notamment par le constructeur de camions Iveco, en partenariat avec différents prestataires, a prévu d’expérimenter des modèles de poids-lourds avec des moteurs fonctionnant à hydrogène. 

Ce type de motorisation est très performant, il fonctionne grâce à une pile à combustible. L’autonomie de ces véhicules est plus élevée que les véhicules électriques. Les entreprises qui travaillent dans le secteur du transport routier ont un rôle majeur à jouer dans le processus de transition écologique. 

La baisse des émissions de CO2 dans le secteur des transports est un enjeu fondamental pour le Plan Climat. Le programme EVE vise à ce que l’ensemble des entreprises du secteur puissent agir pour réduire significativement leur impact énergétique.