Smoove absorbe Zoov pour donner des ailes à ses Vélib'

Smoove absorbe Zoov pour donner des ailes à ses Vélib' La fusion entre l'opérateur de vélos municipaux et la start-up de vélos électriques comble les lacunes de chacun : la rigidité technologique du premier et le manque d'échelle du second.

C'est l'alliance de la robustesse et de la finesse. Smoove, opérateur de services de vélos municipaux, notamment Vélib', annonce ce 31 mars l'acquisition de la start-up française de vélos électriques Zoov. L'opération ne comporte pas de transaction en cash, mais un apport de titres. Concrètement, les actionnaires de Zoov voient leur capital transformé en actions du nouvel ensemble Smoove-Zoov, au sein duquel ils sont minoritaires. L'actionnaire majoritaire de Smoove, Via ID, devient l'actionnaire majoritaire de cette nouvelle structure. Le cofondateur et actionnaire de Zoov Eric Carreel (également co-fondateur de Withings, Invoxia et Sculpteo) entre au conseil d'administration, tandis que le président de Smoove Ludovic Bertrand conserve le même rôle. Aucun licenciement n'est prévu, affirment les deux entreprises. 

Zoov a fait ses débuts commerciaux en 2019 en lançant sur le plateau de Saclay puis à Bordeaux un service de vélos électriques à la fois en stations et en free-floating. Très portée sur le hardware, l'entreprise a développé un vélo à la qualité reconnue dans le secteur, ainsi que des technologies innovantes, comme des stations électrifiées très légères sur lesquelles les vélos se clipsent les uns aux autres, ou encore des batteries portatives rechargeables pour rallonger l'autonomie des vélos. Mais l'entreprise manquait de moyens pour devenir un véritable opérateur et se déployer au-delà de ces deux premières zones de test. Elle avait donc décidé l'année dernière de continuer à opérer ces deux sites pour ses besoins de R&D sur les vélos, mais de ne pas aller plus loin. A la place, Zoov avait entamé une transition vers un modèle dans lequel elle fournissait ses vélos à d'autres acteurs du secteur, notamment l'opérateur angevin Pony. 

Fusion des vélos

Cette opération permet aux deux sociétés de combler leurs lacunes respectives : le manque de moyens et d'échelle chez Zoov donc, et une certaine rigidité technologique chez Smoove. Les deux entreprises vont désormais fusionner leur R&D sur les vélos. "Nous voulons créer une convergence et prendre le meilleur des deux mondes : la connectivité, l'électronique, les logiciels embarqués de Zoov et le savoir-faire de Smoove sur la durabilité et l'entretien du matériel, qui doit tourner 10-15 fois par jour et absorber le vandalisme", détaille Arnaud de Rodallec, cofondateur et directeur général de Zoov. 

Tous les produits de deux sociétés ne vont toutefois pas fusionner. Ainsi, Smoove voit dans les stations de Zoov, petites et flexibles, une offre complémentaire aux siennes, plus massives et encombrantes. "Nous pourrons adapter notre offre aux besoins de la ville en termes de densité, de maillage et de connexion avec les transports en commun," explique Benoit Yameundjeu, directeur général de Smoove. Les stations de Zoov, d'abord pensées pour des zones périurbaines moins denses, peuvent tout à fait s'adapter à des zones d'hypercentre dans lesquelles il n'y a pas la place pour installer une station Smoove, estime-t-il. 

Une offre hybride

Smoove veut aussi mettre à profit le savoir-faire de Zoov sur le free-floating, afin de s'adapter à une nouvelle tendance de la commande publique : les collectivités organisent de plus en plus d'appels d'offres pour ces services en complément de leurs vélos municipaux en stations, ou même parfois en remplacement. Smoove est à présent capable de répondre à tous leurs besoins. 

L'opérateur des Vélib' compte également poursuivre la stratégie B2B initiée par Zoov. Ses vélos continueront donc d'être vendus à d'autres entreprises de mobilités. Zoov dispose aussi d'une offre pour les salariés des entreprises, proposant aux employeurs d'installer une de ses stations en bas de leurs locaux pour 5 000 euros par an à Bordeaux et Saclay. Jusqu'ici complètement grand public, Smoove compte à présent démarcher les entreprises dans les villes où elle gagnera des appels d'offre.  

L'alliance commerciale entre les deux sociétés devrait rapidement se matérialiser. Elles vont notamment candidater ensemble à de premiers appels d'offre de renouvellement de vélos municipaux à Bordeaux et Marseille. Pour la fusion de leurs vélos, il faudra attendre un peu plus longtemps, entre un an et deux ans et demi. D'ici là, les deux entreprises préparent une levée de fonds de "plusieurs dizaines de millions d'euros" pour financer cet effort de R&D.