EasyMile lève 55 millions d'euros pour commercialiser ses véhicules autonomes

EasyMile lève 55 millions d'euros pour commercialiser ses véhicules autonomes La start-up française estime sa technologie prête pour un déploiement commercial sur sites privés, alors qu'elle ne le sera pas avant fin 2022 pour ses navettes autonomes de transport public.

Pour poursuivre son onéreuse quête d'une navette autonome sur routes ouvertes, EasyMile franchit un nouveau palier de financement. La start-up toulousaine annonce ce 27 avril une levée de fonds de 55 millions d'euros en capital menée par le fonds Searchlight Capital aux côtés de McWin et NextStage AM. Les investisseurs historiques d'EasyMile, Alstom, Bpifrance et Continental, participent aussi à ce tour de table. La start-up avait précédemment levé 34 millions d'euros entre 2017 et 2018.

Cet investissement doit permettre à EasyMile de faire passer son offre de véhicules autonomes au stade commercial sur sites privés. Car si l'entreprise est surtout connue pour ses navettes autonomes circulant sur routes ouvertes, elle a développé d'autres produits adaptant ses technologies à des sites privés comme les aéroports, les plateformes logistiques ou les sites industriels. Des terrains de jeu plus simples que l'espace public, car ils comportent beaucoup moins d'obstacles, d'imprévus, de règles de circulation et de régulations. La technologie pour automatiser des véhicules sur sites privés est donc à un stade de développement plus avancé, qui permet aujourd'hui sa commercialisation. "Nous avons une approche de développement progressive, qui passe par la réussite commerciale sur sites privés avant de pouvoir y arriver sur routes ouvertes", précise au JDN le directeur général d'EasyMile, Benoit Perrin.

Générer du CA "profitable"

Pour ce qui est des navettes circulant dans l'espace public, plusieurs étapes restent à franchir. D'abord réussir à retirer les opérateurs de sécurité encore présents dans les véhicules, sans quoi le modèle économique ne fonctionnera pas. Easymile a commencé à le faire dans le cadre d'une expérimentation menée en Australie, où les navettes sont supervisées depuis un centre de contrôle à distance. La start-up étudie également leur retrait d'ici la fin de l'année sur une expérimentation menée à Toulouse, d'abord avec une supervision juste à côté des véhicules, et à terme depuis un centre de contrôle

Il faudra aussi réussir à augmenter la vitesse des navettes, qui circulent aujourd'hui à moins de 20 kilomètres par heure, ce qui limite l'intérêt du service. "Le côté marketing des expérimentations ne peut durer qu'un temps", reconnaît Benoit Perrin. "Nous devons commencer à faire payer les voyageurs et à proposer des disponibilités de service plus satisfaisantes pour offrir un retour sur investissement à nos clients". En effet, seules une ou deux navettes à la fois sont déployées dans la plupart des expérimentations dans l'espace public, ce qui nuit à la fréquence du service. EasyMile espère être en mesure d'offrir ce véritable service de transport public commercial d'ici fin 2022. Un calendrier toutefois sujet à caution, car les échéances sont très souvent repoussées dans le secteur des véhicules autonomes, a fortiori en période de coronavirus

L'accélération de la commercialisation de ses véhicules autonomes sur sites privés doit aussi permettre à Easymile de générer "du chiffre d'affaires profitable", qui viendra financer une partie du coûteux développement des technologies pour routes ouvertes. La start-up continuera tout de même à enregistrer des pertes (8,1 millions d'euros en 2019, le dernier chiffre public disponible). S'agit-il de sa dernière levée de fonds avant la rentabilité ? "Difficile à dire à dire", estime Benoit Perrin. D'autant qu'EasyMile a connu, comme le reste du secteur des transports, une année 2020 difficile : son chiffre d'affaires a chuté de 10% (16 millions d'euros).