Le paiement fractionné accélère en toute unité pendant la crise

Le paiement fractionné accélère en toute unité pendant la crise Même si le panier moyen est en baisse à cause de l'arrêt du tourisme, les volumes de paiement en plusieurs fois sont en nette hausse depuis le confinement. Et certains grands marchands ont enfin sauté le pas.

Parmi les secteurs tech qui ne souffrent pas de la crise, on a beaucoup parlé des solutions de visioconférence, des plateformes de streaming et du gaming. Mais d'autres acteurs (moins sexy ?) s'en sortent très bien, à l'image du paiement fractionné. Depuis le confinement, les entreprises spécialisées dans le paiement en trois ou quatre fois ont vu leur activité croître voire exploser dans certains cas. Oney France (groupe BPCE) a enregistré une croissance de 35% ces trois derniers mois par rapport à l'année dernière et a dépassé de 20% ses objectifs de croissance pendant le confinement. Son concurrent Franfinance (groupe Société Générale) a vu son activité de paiement fractionné en ligne multipliée par deux en avril et deux en mai par rapport à la période précédente. Banque Casino a gagné 5% d'utilisateurs finaux ces deux derniers mois.

La start-up Alma, spécialisée dans le paiement en trois ou quatre fois pour les PME, a fait trois fois plus de volumes ces trois derniers mois par rapport à la fin de l'année dernière."Paradoxalement, la crise a énormément accéléré notre business. Certes, il existait déjà une grosse tendance autour de la digitalisation des marchands. Mais une fois les annonces du confinement passées, tous les marchands se sont demandé comment vendre plus sur Internet, et une des réponses est le paiement en plusieurs fois", observe Louis Chatriot, cofondateur d'Alma. 

Le panier moyen a diminué : entre -15 et -20% chez Alma et -25% chez Banque Casino 

Le panier moyen a en revanche diminué. Entre -15 et -20% chez Alma et -25% chez Banque Casino (140 euros). Une baisse imputée au secteur du tourisme, très touché par la crise et gros utilisateur du paiement fractionné. "Avant même le confinement, nous avons observé un arrêt net des ventes. Cette activité souffre encore beaucoup aujourd'hui", raconte Marc Lanvin, directeur général adjoint de Banque Casino, qui compte parmi ses clients Misterfly, Pierre & Vacances ou encore Cdiscount Voyages. Même situation chez Oney France qui compte de nombreuses compagnies aériennes dans son portefeuille, dont Air France.

Dans le même temps, certains pans de l'e-commerce ont explosé, comme le bricolage, le sport et les produits électroniques. "La baisse d'activité sur le paiement en 3x 4x dans le tourisme a été largement compensée par la hausse dans le high-tech et l'habitat", assure Corinne Hochart, directrice générale d'Oney France, qui observe également une reprise de la branche voyage depuis les annonces de déconfinement. "Nous avons aussi vu en parallèle de la montée en puissance du paiement en trois ou quatre fois celle de financements plus long, 12x ou 24x par exemple, en particulier dans l'habitat", ajoute Corinne Hochart. 

Prise de conscience des marchands

Les spécialistes du paiement fractionné ont aussi continué à signer de nouveaux marchands ces dernières semaines. Alma accueille une centaine de nouveaux clients par mois et commence à séduire de grands noms, encore confidentiels. Cofidis a de son côté déployé ses solutions chez Huawei pendant le confinement. "Certains marchands ont pris conscience que le paiement fractionné était un service attendu par leurs clients, tout comme la livraison, alors que certains le considéraient avec une connotation très crédit", analyse Corinne Hochart. Pour Alma, cette prise de conscience est aussi due à la période calme qu'a connu l'e-commerce en mars. "La plupart des marchands savent ce qu'est le paiement fractionné mais ils ont toujours un milliard de projets à gérer. Pendant le confinement, ils ont pu faire une remise en cause de leur roadmap et ont pris le temps de voir les solutions qu'ils pouvaient mettre en place. La crise n'a pas été un déclencheur mais un accélérateur", analyse Louis Chatriot.

"Certains marchands ont pris conscience que le paiement fractionné était un service attendu par leurs clients comme la livraison"

D'autres marchands, qui avaient déjà du paiement fractionné en magasin, ont ajouté cette solution de paiement à leur site. "Comme nous avons des parcours omnicanaux, nous avons pu accompagner nos partenaires existants dans l'évolution des parcours d'achat. Des gros partenaires physiques ont par exemple mis en place du drive piétons", illustre la patronne d'Oney France.   

Alma, qui commercialise aussi une solution pour les magasins, a lancé pendant le confinement du paiement à distance par SMS. Concrètement, le marchand rentre le montant et le nombre d'échéances souhaité par le client, ce qui génère et envoie automatiquement un lien par SMS au client, qui peut directement payer via son smartphone. Lorsque le paiement est accepté, le client est débité de la première échéance puis sera prélevé automatiquement chaque mois sur sa carte bancaire. Alma Pay By Link peut également être utilisée pour payer comptant. "Il y a eu une grosse demande des marchands qui ont de très gros paniers", glisse Louis Chatriot. 

Avec ces différentes solutions, les acteurs du paiement fractionné sont confiants pour les mois à venir. Tous s'attendent à une très bonne année 2020. Suite à sa levée de fonds de 12,5 millions d'euros début mars, Alma annonçait un objectif de 4 000 clients d'ici la fin d'année. "Je ne suis pas hyper inquiet", conclut-il.