La néobanque Vivid Money lève 60 millions d'euros

La néobanque Vivid Money lève 60 millions d'euros Ce tour de table valorise cette fintech allemande 360 millions d'euros, seulement huit mois après son lancement. Elle espère ouvrir cinq nouveaux pays en 2021.

Lancer une néobanque en 2020 paraîtra has been à bien des observateurs du monde de la fintech. C'est pourtant bien ce qu'a fait Alexander Emeshev avec Vivid Money, et il faut croire qu'il a eu raison : après huit mois d'existence, la start-up allemande annonce ce 29 avril une levée de fonds de 60 millions d'euros menée par Greenoaks aux côtés de Ribbit Capital, son investisseur historique. Le tour de table, qui intervient six mois après une levée à 15 millions d'euros, valorise la fintech 360 millions d'euros. Ce financement tout frais va permettre à la jeune pousse d'étoffer sa gamme de produits au sein de ses trois grandes verticales, à savoir la banque du quotidien (compte courant, cashback, paiement multidevises…), l'investissement et les cryptomonnaies.

Face aux piliers du secteur que sont l'allemande N26 et les britanniques Revolut et Monese, Vivid Money n'a pas d'autres choix que de diversifier au plus vite son offre. "Nous sortons un produit toutes les deux semaines", résume Alexander Emeshev. La start-up réfléchit par exemple à proposer du paiement fractionné, un outil de plus en plus plébiscité par les consommateurs (et par les investisseurs !). La fintech compte aussi allonger sa liste d'actions, d'ETF et cryptomonnaies (actuellement, 10 crypto sont disponibles). "Aujourd'hui, nous proposons seulement des actions et ETF européennes et américaines. Nous voulons couvrir toutes les géographies", indique le dirigeant. Pour aider ses utilisateurs à mieux comprendre la Bourse, Vivid Money va également proposer des cours basiques sur l'investissement. 

"Nous sortons un produit toutes les deux semaines"

Autre réflexion en cours : une offre pour les indépendants car "nous avons beaucoup de clients freelances", précise le cofondateur. En revanche, pas question de proposer du crédit, même si son fournisseur de services bancaires, Solaris Bank, lui permet de se lancer dans le prêt. "Ce n'est pas notre focus", justifie le CEO, sans en dire plus.  Certains futurs produits seront dédiés à des pays en particulier. Vivid Money compte par exemple lancer un Iban français d'ici la fin de l'année puisqu'actuellement seul un Iban allemand est disponible. Ce qui empêche certains prélèvements comme celui des impôts ou des fournisseurs d'électricité. N26 et Revolut ont également prévu de proposer des RIB estampillés "FR".

Des sources de revenus variées mais faibles

La majorité des produits actuels et futurs de Vivid Money sont gratuits, y compris le trading. Comme ses homologues Robinhood, Freetrade ou Trade Republic, Vivid Money a opté pour un modèle sans commission. "Tous les brokers s'orientent vers ce modèle, ou au moins pour une partie de leur offre. Nous devions donc faire de même pour être compétitif", estime Alexander Emeshev. Mais attention, zéro commission ne veut pas zéro frais. Pour acheter une action ou un ETF américain, il faut convertir ses euros en dollars. Une transaction sur laquelle Vivid Money prélève une commission. Elle envisage également de proposer prochainement des fonctionnalités payantes pour les traders plus sophistiqués.

Vivid Money a d'autres sources de revenus : le taux d'interchange lors d'un paiement par carte, une offre récente payante à 9,90 euros par mois, un pourcentage sur le cashback, une commission sur l'achat-vente de devises et des frais bancaires supplémentaires (au-delà d'un certain nombre de retraits d'espèces par exemple). A part l'offre premium, les montants récoltés sont très faibles. La fintech doit donc convaincre un paquet d'utilisateurs pour espérer un jour être rentable. A ce jour, Vivid Money compte plus de 100 000 utilisateurs en Allemagne, France, Espagne et Italie (dernier pays lancé en mars dernier).

La levée de fonds va d'ailleurs permettre à la start-up, qui compte 200 salariés, de se lancer dans cinq pays européens cette année. "Nous n'avons pas encore décidé lesquels mais nous pensons forcément à des pays assez gros comme le Portugal et la Belgique", précise Alexander Emeshev. Des pays où elle rencontrera évidemment ses concurrents N26 et Revolut.