Finance décentralisée : les acteurs de la finance franchissent le pas

S'approprier ces technologies signifie repenser le rôle des acteurs financiers et leur modèle opérationnel. Une réalité que ces derniers semblent avoir intégré.

A la faveur de ses potentialités - instantanéité, transparence et désintermédiation des transactions financières - la finance décentralisée (ou DeFi) est désormais au cœur de l'actualité. Et pour cause ! Les technologies qui la sous-tendent ont le pouvoir de rebattre les cartes du secteur financier en désintermédiant les acteurs financiers dans la chaîne de valeur, remettant ainsi en question le rôle des banques puisque les transactions se font d'utilisateur à utilisateur via la blockchain et des contrats intelligents. 

Devant la possibilité de s’insérer dans ce nouvel ordre financier, de nombreux (et nouveaux) acteurs ont commencé à s’emparer de ces outils en pensant une nouvelle infrastructure financière, affranchie des acteurs traditionnels. Un jeu dans lequel les français ont été particulièrement actifs ces dernières années. C’est notamment le cas de Jarvis Network qui a levé plus de 2,7 millions de dollars en septembre dernier ou encore ParaSwap.io un agrégateur de liquidités capable de répartir des ordres sur plusieurs échanges décentralisés.

Dès lors, il n’en fallait pas plus pour que les acteurs de la finance comprennent l’urgence de s’emparer de ces technologies, au risque de se laisser disrupter. Une étude récente conduite notamment par Crypto.com et BCG Platinion abondait dans ce sens :  désormais, 35% des sociétés françaises évoluant dans l’assurance, la banque et le négoce ont introduit des services construits sur la finance décentralisée, tandis que 44% l’évaluent actuellement ! Mais s’approprier ces technologies c’est aussi repenser le rôle des acteurs financiers et leur modèle opérationnel. Une réalité que ces derniers semblent avoir intégré. En effet, 51% d’entre eux estiment qu’ils devront mettre en place une nouvelle structure de gouvernance lors de l’adoption de ces technologies.

Répondre aux préoccupations en matière de sécurité

Bien qu’ils soient fréquents, les entreprises françaises prennent très au sérieux les problèmes de sécurité lors de l’intégration de nouvelles technologies. Pour 74% d’entre elles, il s’agit même d’un obstacle à leur adoption.

A l’heure actuelle, la méthode d’attaque la plus courante consiste à exploiter des bugs dans le code des plateformes et à manipuler des flux de prix externes de biens. Rien qu’en février 2020, la plateforme de finance décentralisée BzX a subi deux attaques. Alors que le premier piratage impliquait un court-circuitage de Bitcoin enveloppé (WBTC), le second a utilisé un prêt flash pour manipuler le prix du sUSD. Sans surprise, les détracteurs de la finance décentralisée invoquent ces deux incidents comme des raisons suffisantes pour ne pas envisager son adoption.

Pourtant, ils ont permis de tirer des leçons sur l’utilisation de ces technologies. Chaque attaque favorise l’identification d’une nouvelle vulnérabilité dans le système qui peut alors être traitée pour éviter que cela se reproduise à l’avenir. En outre, les attaques encouragent les développeurs à adopter une approche proactive de la sécurité, cherchant à identifier et à prévenir les failles avant que les cyberattaques ne frappent. À mesure que le modèle mûrira, les technologies de finance décentralisée atteindront les mêmes niveaux de sécurité que les modèles centralisés. 

A mesure que les marchés évoluent vers plus de décentralisation, les technologies de finance décentralisée vont être de plus en plus sollicitées afin de rendre plus efficaces et ouvertes les opérations bancaires, les négociations et les investissements. Il est encourageant de constater que les institutions financières entament des collaborations avec la communauté de la crypto pour bâtir une nouvelle génération de gouvernance et des solutions technologiquement résistantes. Cependant, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour faire de la finance décentralisée la nouvelle norme. Notamment en matière de sécurité et de réglementation.