Request to pay : le nouveau standard de paiement européen
Ce service qui permet à un bénéficiaire d'initier un paiement entre en vigueur ce 15 juin 2021 sur le Vieux continent. Il peut être utilisé par les particuliers et les entreprises.
Dans la famille du paiement, on ne compte plus le nombre de membres. Mais lorsqu'un nouveau-né arrive, il ne passe pas inaperçu. C'est le cas du request to pay, qui signifie littéralement "requête de paiement", et qui entre en vigueur ce 15 juin 2021. Mais que se cache-t-il derrière cette technologie et en quoi peut-elle changer les modes de paiement des particuliers et entreprises ?
Qu'est-ce que le request to pay ?
Le request to pay (RTP) a été conçu par le Conseil européen des paiements (EPC) afin de créer une norme paneuropéenne d'initiation de paiement. Nome de code de cette norme : SEPA Request to Pay (SRTP). Concrètement, le RTP est un service d'échange de messages (comme Swift) qui permet à un bénéficiaire ou un créancier de réclamer un paiement. Par exemple, une entreprise envoie à un client un message RTP avec une facture et une demande de paiement de 1 000 euros. Ce client répond avec un autre message RTP en acceptant ou rejetant la demande. S'il accepte, le virement est initié. En novembre 2020, l'EPC a publié un ensemble de règles et bonnes pratiques pour permettre aux acteurs de travailler sur ce standard. Un déploiement à grande échelle est prévu en 2022.
Le request to pay remplace-t-il le virement ?
Le request to pay est un complément, et non un remplacement, du virement ou d'autres méthodes de paiement existantes. Le RTP peut être combiné avec un virement SEPA (le SCT) ou avec un paiement instantané (le SCT Inst). Le paiement instantané, aussi appelé instant payment, permet depuis fin 2018 aux banques européennes d'émettre et recevoir des virements en l'espace de 10 secondes pour un montant maximal de 15 000 euros en France (le plafond a été relevé dans plusieurs pays européens).
Quels sont les avantages du request to pay ?
Pour les entreprises, le RTP apporte plusieurs nouveautés. Tout d'abord, il permet d'inclure la référence d'une facture dans le message ce qui facilite grandement la réconciliation comptable. Il diminue aussi les relances clients et donc les délais de paiement, qui sont à l'origine d'une faillite sur quatre en France. Qui dit meilleur délai de paiement, dit forcément meilleure gestion de trésorerie.
Le request to pay peut être combiné avec le paiement instantané
Pour les marchands, le request to pay permet d'éviter de passer par les réseaux interbancaires de type CB, Mastercard et Visa qui prélèvent à chaque transaction une commission d'interchange de 0,2 à 0,3% en Europe. Tout en baissant les taux de rejet de transactions liés au plafond de cartes. Bien pratique pour les spécialistes du voyage ou de la décoration, par exemple. Last but not least, le request to pay pourrait permettre d'automatiser et de fluidifier la collecte des taxes et la distribution des aides.
Quelle est la différence entre le request to pay et l'initiation de paiement ?
L'initiation de paiement a été introduite par la directive européenne sur les données de paiement (DSP2), entrée en vigueur début 2018 mais toujours en cours d'implémentation. Les API PIS (pour payment initiation service) développées par les banques (en particulier en France) ne sont pas encore stables, voire utilisables. Ce qui complique la tâche des acteurs tiers qui souhaiteraient proposer des services d'initiation de paiement. Sans compter que chaque acteur doit se connecter à l'API PIS de chaque banque. Un (très) long chantier. Etant donné que le request to pay est un standard européen, il suffirait seulement aux acteurs tiers d'implémenter cette technologie pour proposer le service à toute l'Europe. Mais encore faut-il que les banques et autres acteurs de la chaîne de paiement l'adoptent.
Qui propose le request to pay ?
Le Royaume-Uni a été l'un des premiers pays à tester le request to pay, en le couplant avec son service national de paiement instantané, baptisé Faster Payments. Mais ce n'est pas encore une réussite. "Le déploiement du service est freiné par trois facteurs : la difficile adoption par les utilisateurs due à une expérience utilisateur limitée sur le mobile et au manque de fluidité de l'authentification à deux facteurs imposée par le régulateur, le très fort ancrage du prélèvement automatique dans les habitudes des consommateurs, à l'heure où il représente encore 72% des paiements récurrents au Royaume-Uni, et surtout la concurrence d'autres moyens de paiement, ancrés chez les marchands, à l'instar des cartes Visa et Mastercard plus rentables pour les banques", explique une étude de Deloitte. Pour accélérer l'adoption, Mastercard a lancé en avril 2021 une application request to pay destinée aux consommateurs anglais.
En France, les banques ne sont pas encore prêtes et travaillent à des stades plus ou moins avancés sur l'initiation de paiement. Le géant Worldline a de son côté mis en place une plateforme avec des services request to pay pour optimiser les encaissements sur facture en BtoB, BtoC et GtoC (government to consumer). Cette plateforme propose la mise à disposition en ligne des factures, leurs validations ou rejets, des notifications et relances, des facilités de paiement partiel et groupé et une réconciliation bancaire automatisée.