Réglementation anti-blanchiment : les critères ESG au service des institutions financières

70% des institutions financières ont commencé à adopter les critères ESG. Quels sont les avantages à respecter de telles procédures, et comment s'y prendre ?

L'esclavage moderne et la déforestation font partie des principaux crimes considérés comme sous-jacents aux activités de blanchiment d'argent. Aucune institution financière (IF) ne veut être liée à une entreprise qui participe à des crimes environnementaux et sociaux. Un nombre croissant de banques intègrent donc les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) à leurs opérations de lutte contre le blanchiment d'argent et leurs procédures KYC (Know your Customer)/CDD (Client Due Diligence). De fait, 70% des institutions financières ont commencé à adopter les critères ESG. Quels sont les avantages à respecter de telles procédures, et comment s’y prendre ?

Les bénéfices liés au respect des critères ESG

En adoptant les critères ESG, les institutions financières font preuve de transparence, ce qui est perçu favorablement  par les investisseurs financiers. Cela permet aux IFs d’affirmer des valeurs sociales et environnementales fortes auprès de leurs clients et collaborateurs. Les bénéfices apportés par une politique ESG sont multiples : 

  • Fidéliser ses actionnaires. Si une IF se retrouve associée, par l’un de ses clients, à des crimes environnementaux et sociaux, les investisseurs risquent de retirer leurs financements. Cette perte de capital réduirait ses revenus et augmenterait le coût des emprunts pour ses clients. 
  • Améliorer son image de marque. L'image de l'IF sera durablement ternie si l’activité de l'un de ses clients fait l'objet d’une couverture médiatique défavorable. A l’inverse, une bonne réputation fidélise les clients existants et permet d’en attirer de nouveaux.
  • Fédérer ses collaborateurs autour de valeurs qui font échos. Non seulement l’image extérieure de l’IF risque d’être affectée si elle ne respecte pas les critères ESG, mais son image interne également. Les collaborateurs pourraient envisager de quitter une IF mise en cause plutôt que de soutenir une organisation liée à des crimes environnementaux et sociaux.
  • Anticiper les exigences réglementaires. Si les exigences réglementaires liées à la lutte contre le blanchiment d'argent ne sont pas cohérentes à l'échelle mondiale, le marché européen essaie pourtant d’instaurer un plus grand respect des critères ESG. Les IF ont donc tout intérêt à devancer les réglementations en mettant en œuvre leurs propres critères.

Comment mettre en place efficacement les critères ESG 

L’IF doit comprendre comment ses clients opèrent et repérer les délits liés au blanchiment d'argent dans son système de classification des risques. Voici quelques conseils pour mettre en place efficacement des critères ESG :

S'assurer que les collaborateurs de l’IF sont formés aux procédures KYC/CDD

Une bonne réglementation ESG passe par une vigilance dès l’accueil d’un nouveau client et ce tout au long de son accompagnement. L'objectif des procédures CDD et KYC est de permettre aux membres de l’IF de comprendre ses clients et l'origine de leurs revenus. Si les revenus proviennent d'une région du monde considérée comme risquée ou ne s'alignent pas sur ceux d'entreprises similaires, l’IF peut y voir un signal d’alerte indiquant que l'organisation est peut-être liée à des activités de blanchiment d'argent. Si le niveau de risque est plus élevé que prévu, les collaborateurs de la banque peuvent examiner les risques ESG pour les zones où la banque opère.

S'assurer que les fournisseurs de données s'alignent sur les priorités ESG

Les fournisseurs de données ESG sont un élément essentiel du processus KYC/CDD. Pourtant, tous ne ciblent pas de façon optimale les critères ESG. Par exemple, la déforestation et la pollution ne sont pas considérées comme des crimes dans certaines régions. Ainsi, les fournisseurs peuvent ne pas fournir de rapports défavorables liés aux dégradations environnementales parce qu'ils n'ont pas été exigés pour un pays ou une région particulière. Cela fait courir un risque aux IF si le client est ultérieurement lié à un délit ESG grave.

Prévoir des visites sur place dans les locaux des clients

La meilleure façon de s'assurer qu'un client n'est pas impliqué dans des pratiques illégales ou contraires à l'éthique est de le constater par soi-même. Le personnel de la banque peut visiter les locaux d'un client afin d'inspecter le fonctionnement de l'entreprise. À partir de là, les banques peuvent poser au client les bonnes questions sur ses pratiques, notamment si elles présentent un risque élevé.

Adopter une Intelligence Artificielle  responsable

Une intelligence artificielle responsable est un élément important pour les banques qui souhaitent afficher leur engagement en faveur de l'environnement. La mise en œuvre d'un cadre d'IA responsable leur permet de s'assurer qu'elles traitent tous leurs clients de manière équitable. L'IA responsable doit également fournir des explications sur ses prises de décision afin de s'assurer qu'elles soient justes. 

Aujourd’hui, les marchés financiers européens sont en première ligne dans la mise en œuvre des critères ESG. Au vu de l’importance croissante de ces critères, les IF ont tout intérêt à devancer la tendance et commencer à les mettre en place dès à présent, plutôt que de prendre le risque d’être liées à un scandale trop tard.