Simplifier et moderniser les prêts pros, une urgence stratégique pour les banques

Entre complexité des systèmes et pression concurrentielle, les banques n'ont plus le choix et doivent accélérer la modernisation des prêts pro pour gagner en efficacité, en rentabilité et en agilité.

L’intégration de nombreuses technologies dans les systèmes de prêts aux entreprises reste un défi majeur pour les banques, freinant leur réactivité et leur compétitivité. Le grand nombre de systèmes et de plateformes utilisés pour gérer leurs portefeuilles de prêts complique encore l’harmonisation des processus de bout-en-bout. Si 37 % des institutions financières françaises ont amorcé la modernisation technologique de leurs opérations grâce au cloud et aux API[1], la transformation du prêt aux entreprises doit s’accélérer. Face aux exigences croissantes du marché et des régulateurs, un retard dans l’intégration technologique pourrait pénaliser les banques face à des acteurs toujours plus agiles.

L’intégration des systèmes de prêt aux entreprises : un défi toujours d’actualité

Historiquement, les prêts aux entreprises reposent sur des processus complexes et majoritairement manuels, avec des accords de prêts physiques pouvant atteindre deux cents pages. Le manque d’interopérabilité entre les systèmes et les plateformes de prêt contraint souvent les banques à multiplier les ressaisies et augmenter les interventions humaines, ralentissant ainsi les opérations.

Pour y remédier, et garantir l’interopérabilité du marché, un consensus est nécessaire entre les acteurs du secteur sur les systèmes et plateformes indispensables à l’écosystème du prêt. Une collaboration entre banques, régulateurs et fournisseurs de technologies permettrait de lever ces freins et de fluidifier l’intégration.

Un autre obstacle est le coût élevé de l’intégration de ces systèmes disparates, associé aux dépenses inhérentes à l’embauche d’experts qualifiés pour développer et maintenir non seulement ces systèmes, mais aussi les technologies intermédiaires telles que les API. Là encore, la collaboration avec les fournisseurs de technologies peut aider à évaluer les meilleures options d’intégration et réduire les coûts.

Le cloud : un catalyseur de transformation  

Malgré ces freins, le contexte technologique et économique pousse aujourd’hui les banques à accélérer leurs efforts d’intégration.

Sur le plan technologique, les banques sont incitées à migrer vers un environnement cloud afin de tirer parti des avantages économiques qu’il procure. Pour celles qui fonctionnent encore sur des systèmes on-premise, il a longtemps été plus simple d’adopter une approche tactique en connectant leurs systèmes entre eux pour répondre à un besoin spécifique. Mais avec la transition vers le cloud, elles doivent repenser l’interconnexion de leurs systèmes pour garantir une efficacité maximale.  

Sur le plan économique, les banques n’ont pas toujours suivi précisément le coût total d’exploitation et de maintenance de leurs systèmes. Toutefois, face à une pression croissante sur la réduction des coûts opérationnels, elles comprennent désormais mieux la répartition des dépenses, ce qui clarifie et renforce l’argument en faveur de l’intégration des systèmes de prêts. Par ailleurs, il est de plus en plus admis que bien que l’intégration puisse entraîner des coûts initiaux élevés, une fois en place, ces systèmes s’avèrent beaucoup plus efficaces et rentables que les processus manuels.

La conformité règlementaire et la nécessité de garantir l’exactitude et la transparence des données constituent également d’importants accélérateurs. Face à des exigences accrues, les banques doivent fournir davantage de données aux investisseurs, régulateurs et auditeurs. Cette évolution impose d’assurer un flux homogène et fiable de données dans tous les systèmes de prêts.

Des atouts stratégiques pour les banques et leurs clients

En plus de représenter une opportunité de consolider les systèmes, les projets d’intégration ouvrent la voie à l’introduction de nouvelles technologies permettant de réduire les inefficacités et d’optimiser la gestion des prêts. Par exemple, les banques peuvent tirer parti de la reconnaissance optique de caractères (OCR) pour automatiser l’extraction des données des accords de prêt et leur intégration aux systèmes d’octroi et de gestion des prêts. Cette technologie accessible améliore la précision et l’intégration des données dès le début du processus.

Au-delà des gains économiques et technologiques, les banques peuvent bénéficier d’une vision consolidée de leur pipeline et de leurs portefeuilles de prêts, facilitant ainsi le suivi et la minimisation des risques. Elles peuvent également répondre plus efficacement aux exigences règlementaires, en évitant la production de rapports en urgence et les coûts qui en découlent. L’intégration supprime également les risques d’erreur causés par la ressaisie des données sur plusieurs systèmes.

L’intégration n’est pas seulement un enjeu interne pour les banques : elle répond aussi aux nouvelles attentes des clients, qui exigent des services plus rapides, plus transparents et sans friction. L’émergence de nouveaux investisseurs, habitués aux standards du marché obligataire où les règlements s’effectuent en un ou deux jours, renforce cette pression car, à l’inverse, ces délais peuvent encore dépasser quarante jours sur le marché des prêts en Europe. Dans ce contexte, l’intégration devient un levier stratégique pour attirer et fidéliser les clients, tout en renforçant la compétitivité des banques.  

Le rôle clé des fournisseurs de logiciels

Les fournisseurs de logiciels ont la responsabilité d’accompagner l’intégration et de garantir l’interopérabilité des systèmes, désormais essentielle aux banques et au marché des prêts en général. Il est essentiel que ces outils et technologies soient conçus pour s’adapter aux stratégies de chaque établissement, ainsi qu’aux évolutions technologiques et règlementaires. Plutôt qu’une approche universelle, les éditeurs doivent offrir une plateforme flexible et agile, permettant d’exposer les bonnes informations grâce à des API fiables, sécurisées et facilement testables et modifiables. Les banques doivent s’assurer que ces API s’intègrent durablement à leurs systèmes de prêts sans nécessiter de refonte majeure à l’avenir.

En parallèle, les banques ont un rôle actif à jouer en identifiant les nouveaux cas d’usage qu’elles souhaitent intégrer à leurs plateformes en collaborant étroitement à leur développement aux côtés des fournisseurs. Surtout, elles doivent adopter une vision de long terme : l’enjeu dépasse largement l’automatisation des processus existants, il s’agit de repenser les infrastructures dans leur ensemble pour améliorer l’efficacité, la performance et la rentabilité.

Standardisation, précision des données et intégration : ces trois piliers sont la clé d’un marché du prêt plus agile et performant. Pour les banques, l’enjeu n’est plus seulement d’adopter ces technologies, mais de les exploiter pleinement afin de gagner en compétitivité, réduire leurs coûts et proposer une expérience client fluide et optimisée.


 

[1] Finastra, Financial services: State of the Nation report 2024