L'interopérabilité, fil conducteur de SNCF Réseau pour ses projets IoT

L'interopérabilité, fil conducteur de SNCF Réseau pour ses projets IoT Le gestionnaire du réseau ferré français ambitionne d'industrialiser son IoT. Pour passer à l'échelle, ses équipes travaillent avec les fabricants pour que tout capteur soit compatible avec ses systèmes.

Le programme "Réseau 4.0" mené par SNCF Réseau regroupe plus de 40 projets IoT. De la détection des inondations au suivi d'actifs, en passant par une sécurité renforcée des agents, l'IoT intervient dans de nombreuses activités du groupe. "Cette technologie est un des moyens actuels qui nous permet de mieux accomplir nos missions de gestionnaire d'infrastructure et connaître davantage nos actifs (rails, signalisations, etc.) dans leur usage et leurs conditions de vie en temps réel", indique Benoît Besson, chef de projet Digital Open Lab et industrialisation de l'IoT chez SNCF Réseau. Après avoir expérimenté les objets connectés ces dernières années, le mot d'ordre actuel est à l'industrialisation. Des projets pour améliorer l'exploitation du réseau, comme le développement d'un capteur de détection du givre sur les caténaires, sont à l'étude pour un déploiement en grand volume.

"Ce passage à l'échelle ne peut toutefois se faire sans interopérabilité, souligne Benoît Besson. Nous sommes intégrateurs de solutions, pas fournisseur. Il est donc essentiel que tous les systèmes développés pour répondre à nos usages se connectent avec notre système d'information et nos applications." SNCF Réseau exige ainsi de ses partenaires une compatibilité entre les solutions à tous les échelons, entre les capteurs, les gateway et au niveau de la plateforme. "Nous avons par le passé déployé une gateway dont le codage des informations n'était pas reconnu par notre plateforme. L'intégrer à notre système a nécessité des développements sur-mesure, ce qui induit une perte de temps que nous voulons désormais éviter."

L'interopérabilité permet au gestionnaire du réseau ferré de gérer différents protocoles de communication : LoRa, Sigfox, 2G, 3G, LTE, ainsi que des réseaux propriétaires comme le GSM-R. "Nous n'avons pas besoin d'un seul standard qui ferait foi. Au contraire, l'interopérabilité permet de favoriser la concurrence et l'amélioration continue", a aussi expliqué Benoît Besson lors de son intervention au forum de l'IoT organisé par l'Acsel, l'association de l'économie numérique.

Pour des actifs nativement connectés

Cela fait près de deux ans que SNCF Réseau réfléchit à ce sujet de l'interopérabilité. Pour y parvenir, les équipes travaillent en collaboration avec les fabricants et les experts du groupe, notamment au sein du Digital Open Lab, la plateforme d'open innovation rassemblant les industriels de la filière ferroviaire française et destinée à mettre à l'épreuve des sprints agiles de quatre mois sur des solutions digitales, dont l'IoT pour le transport et la maintenance ferroviaire. "Cette nouvelle manière de procéder initiée avec l'IoT sera progressivement ouverte à d'autres technologies digitales (RA/RV, jumeau numérique, etc.)", observe Benoît Besson.  

L'un des projets phares en cours d'industrialisation concerne les signaux d'arrêt à main (Sam), des dispositifs installés sur les voies pour encadrer et assurer la sécurité des chantiers. "Sur un nœud ferroviaire comme Lyon, Bordeaux ou Paris, une vingtaine de signaux sont posés sur plusieurs kilomètres. Nous voulons les géolocaliser pour être sûrs que tous ont bien été repérés pour être récupérés à la fin d'un chantier afin d'éviter toutes pertes ou oublis qui pourraient ralentir la reprise des circulations", explique Benoît Besson. Suite à l'expérimentation réalisée dans le Digital Open Lab avec la société VapeRail, des échanges sont en cours avec ce dernier pour que la géolocalisation fasse partie intégrante des prochaines générations de produits. "Les solutions doivent être robustes et évolutives pour s'adapter au rail, qui a une durée de vie de 60 ans. A termes, nous ambitionnons que tous les actifs soient nativement connectés", conclut Benoît Besson.