La 5G et l'IoT prennent racine chez John Deere

La 5G et l'IoT prennent racine chez John Deere Le fabricant américain de matériel agricole mise sur l'hyperconnectivité pour concevoir ses futurs produits. Au menu : véhicules autonomes et travail en essaim.

Evoluer vers du matériel autonome, tel est l'objectif que s'est fixé pour ces prochaines années le fabricant de matériel agricole John Deere. L'entreprise dévoile, lors du salon Agritechnica 2019, qui se tient jusqu'à ce samedi 16 novembre à Hanovre, son concept de tracteur sans cabine. Les prochaines générations de véhicules seront soit sans cabine, soit transformées en poste de commande, avec son modèle Command Cab, qui permet d'effectuer le travail de bureau et de champ simultanément. Des perspectives permises par l'IoT et la 5G. "Ces technologies révolutionnent à la fois la façon dont on aborde le travail agricole, mais aussi la manière dont nous concevons les machines, qui sont ainsi redimensionnées", souligne Julien Saint Laurent, directeur marketing de John Deere en France.

John Deere connecte ses machines depuis 2001. "L'IoT nous a intéressé pour géolocaliser du matériel et en anticiper les pannes. Notre stratégie a été de collecter un maximum d'informations pour en déterminer par la suite la plus-value. Ce n'est que dans les années 2010 que nous avons atteint un taux d'équipement intéressant", explique Julien Saint Laurent. "En remontant la température de l'huile du pont arrière de nos engins, nous nous sommes rendus compte que, corrélée à l'embrayage, cette mesure pouvait servir à la détection de panne, raconte le directeur marketing. Ce n'est que depuis trois ans que nous avons atteint une masse critique de données pour en tirer de la valeur." Aujourd'hui, 70% du parc de matériels grande culture – c'est-à-dire tracteurs 6 cylindres, matériels de récolte (moissonneuses-batteuses, ensileuses) et pulvérisateurs automoteurs – de John Deere est connecté.

La 5G pour un contrôle multimachines

L'IoT et la 5G ouvrent de nouvelles perspectives au fabricant. "Les capteurs nous permettent de recueillir des données agronomiques pour faire dans notre interface des cartes de prescription et prévoir par exemple les dosages d'engrais à effectuer l'année suivante, dans une logique d'agriculture de précision. La 5G permettra de télécharger les cartes plus rapidement dans les machines pour programmer leurs instructions." Ces cartes sont actuellement transmises par réseaux cellulaires, 3G et 4G.

Pour l'acteur du monde agricole, la 5G est aussi un moyen de connecter davantage d'appareils. "Le développement de l'autonomisation passe par de nouveaux capteurs", affirme Julien Saint Laurent. John Deere a ouvert en août dernier un nouveau centre de R&D en Californie pour développer la technologie dans son métier. "Avec le rachat de la start-up de machine learning Blue River en 2017, nous développons une technologie de reconnaissance de plante pour permettre de doter nos machines de capteurs reproduisant l'œil de l'expert. Ces dernières sauront quel traitement chimique ou mécanique appliquer à quelle plante", détaille-t-il.

L'entreprise développe par ailleurs de nouveaux usages en prévision de l'apport de la 5G. "La tendance est au remplacement de machines de taille importante par plusieurs petits appareils. Cela encourage le travail en essaim où un véhicule en contrôle d'autres. La 5G est essentielle pour coordonner le matériel, car cette application est gourmande en débit. Il nous faut donc une connectivité maximale", précise Julien Saint Laurent. De premières expérimentations ont lieu en milieu hostile, pour effectuer le désherbage dans des zones d'essai de tir de missile notamment. "Autre exemple, avec le travail en essaim, une moissonneuse-batteuse peut prendre le contrôle d'un camion pour vider son chargement tout en roulant sans en renverser à côté, une opération qui permet à l'agriculteur de gagner un tiers de temps." Pour l'heure, les tests menés en Wi-Fi atteignent leur limite avec un trop grand éloignement. Un problème que John Deere espère résoudre par la 5G.