Le sport, point-clé pour démocratiser les lunettes AR aux yeux de Microoled

Le sport, point-clé pour démocratiser les lunettes AR aux yeux de Microoled L'entreprise française lance sa marque propre Engo pour commercialiser aux Etats-Unis sa paire de lunettes de réalité augmentée. Son objectif : séduire le grand public, en particulier les sportifs.

Pour Microoled, fournisseur français de micro-écrans Oled, les lunettes de réalité augmentée vont remplacer l'interface du smartphone en se connectant à l'appareil ou à une montre connectée pour afficher leurs données. Plus légère et facile d'utilisation qu'un casque de réalité augmentée, les lunettes ont l'avantage de s'inscrire dans le quotidien. Un pari que font aussi les géants du web, Apple, Google ou Facebook, qui prépare pour la fin d'année une paire avec Ray-Ban, mais aussi Qualcomm. Rien ne sert néanmoins de développer un nouvel objet connecté s'il n'est pas adopté massivement par le grand public. Mark Zuckerberg a lui-même affirmé en avril 2021 que la création de lunettes de réalité augmentée pouvant être acceptées par le grand public constituera "l'un des défis techniques les plus difficiles de la décennie". Pour Microoled, le défi en cette fin d'année concerne bel et bien la démocratisation de son produit, qui a été présenté en 2019 et lancé sur le marché en septembre 2020.

La nouvelle génération de lunette de réalité augmentée de Microoled affiche les informations en monochrome. © Microoled

Sa stratégie pour séduire le grand public repose sur des partenariats. Microoled conçoit pour sa part le verre intégrant un module optique de réalité augmentée à travers sa technologie appelée ActiveLook. Aux marques de lunettes partenaires de développer ensuite les usages répondant aux attentes des consommateurs. En Europe, les premiers retours avec Julbo en France ou Uvex en Allemagne ont été très positifs. Des ruptures de stocks ont été enregistrés, depuis la commercialisation en septembre 2020.

Microoled se prépare ainsi à passer à l'échelle supérieure. "Près de 4,2 millions de lunettes sportives sont vendues par an dans le monde, cela montre l'étendue de l'écosystème", souligne Eric Marcellin-Dibon, cofondateur et PDG de l'entreprise. Microoled, qui réalise 20 millions d'euros de chiffre d'affaires, lance en septembre 2021 sa marque propre, dénommée Engo, pour commercialiser aux Etats-Unis ses lunettes fabriquées à Grenoble, "le marché où la sportech est la plus développée", assure le PDG. Ce dernier se laisse jusqu'à la fin d'année pour évaluer le succès et commercialiser Engo en Europe.

Des lunettes de 34 grammes

Pour l'entreprise, le point clé pour séduire massivement les utilisateurs tient dans l'esthétique. "Il ne faut pas que ce soit un objet dédié à l'usage de la réalité augmentée, comme le casque, mais un accessoire du quotidien qui apporte une valeur", déclare Eric Marcellin-Dibon. Un avis partagé notamment par Withings dans la conception de ses montres connectées. Les lunettes de Microoled sont ainsi comparables à des lunettes de soleil, la fabrication se faisant avec des cristaux liquides ne permettant d'obtenir que des verres sombres. L'affichage en réalité augmentée est monochrome, pour plus de discrétion, et situé en haut à gauche du champ de vision pour laisser la vue dégagée.

Microoled s'est basé sur le poids de ses lunettes pour se démarquer sur le marché. © Microoled

De pair avec cette esthétique, le premier critère pour le PDG est le poids. Les lunettes de Microoled ne pèsent au total que 34 grammes (7 grammes pour le module optique et sa batterie), quand celles de ses concurrents en représentent généralement le double. "Il faut que les usagers puissent les conserver sur leur nez sans s'en préoccuper, sinon ils ne les adopteront pas", assure Eric Marcellin-Dibon. Microoled a choisi une communication avec le smartphone en Bluetooth low energy pour réduire la consommation et la taille de la batterie tout en offrant une autonomie de 12 heures. "Nous n'effectuons pas de rafraîchissement total de l'écran, seuls les pixels sont modifiés pour changer les données et réduire la consommation", précise-t-il. Entre une et six données peuvent être affichées dans le module de réalité augmentée, pour lequel l'entreprise a investi près de six millions d'euros.

Pour garantir le succès de son produit, Microoled a décidé de se focaliser sur un usage sportif. "C'est non pas les jeux vidéo mais cet usage qui prouvera au grand public la valeur de la réalité augmentée, en apportant des données à des moments où ils ne peuvent pour le moment pas les visualiser, comme lors d'une descente à vélo ou lors d'un sprint, où il est impossible de regarder son téléphone", certifie Eric Marcellin-Dibon. Ses lunettes sont en premier lieu conçu pour les sports d'endurance, le vélo ou le jogging majoritairement. "Nos API sont ouvertes, c'est ensuite aux marques d'inventer leurs usages", indique-t-il en prenant l'exemple d'un centre équestre, qui a relié la plateforme à un capteur fixé contre le cheval pour indiquer au cavalier par réalité augmentée le rythme cardiaque de l'animal au cours d'un parcours de saut d'obstacles.

Ainsi, Microoled prévoit l'ajout de capteurs IoT pour diversifier les données à afficher. Ses lunettes fonctionnent dès à présent avec l'ensemble des équipements de la marque Garmin. L'entreprise travaille par ailleurs à l'adaptation à sa technologie à des masques de plongée pour informer les plongeurs de leurs données vitales et assurer leur sécurité. "Une fois que le sport aura convaincu le grand public, le BtoB y viendra", garantit Eric Marcellin-Dibon. Reste tout de même à convaincre le grand public d'investir dans l'achat des lunettes, au prix de 499 euros en Europe et à 427 dollars aux Etats-Unis. D'autant que la correction ophtalmologique n'est pas encore intégrée dans les verres. Si le succès se confirme, la prochaine étape pour Microoled sera d'ajouter la navigation GPS en réalité augmentée.