Aurélien Blaise (NodOn) "La technologie IoT répond parfaitement aux besoins des bâtiments historiques"

Les bâtiments historiques ouvrent leurs portes pour les Journées du Patrimoine. En coulisse, les objets connectés leur permettent de se moderniser. Explications avec Aurélien Blaise, manager chez le fabricant NodOn, qui a supervisé plusieurs projets liés au patrimoine.

Aurélien Blaise, manager chez NodOn. © NodOn

JDN. Les Journées du Patrimoine se tiennent ces 17 et 18 septembre 2022. Que ce soit dans des musées, des châteaux comme celui de Versailles, ou des sites classés Monument Historique, l'IoT devient de plus en plus présent. Quels sont les avantages de la technologie pour les sites historiques ?

Aurélien Blaise. Les bâtiments historiques sont, par définition, des sites anciens qui ne sont pas aux normes et constituent souvent de véritables passoires thermiques. En étant sans fil et sans piles, les capteurs IoT permettent à leurs gestionnaires de les moderniser sans toucher à l'ouvrage ni subir d'interruption de service. C'est ce qui a décidé la municipalité d'Angers à automatiser son Hôtel de ville. Ils avaient la volonté d'équiper le bâtiment de stores électriques, notamment pour la salle des mariages, mais ils craignaient d'avoir à réaliser des saignées dans le mur. L'IoT a été la clé.

Comment s'est déroulé ce projet ?

Nous avons installé une soixantaine de modules dans les stores pour les rendre connectés, ainsi qu'une soixantaine d'interrupteurs qui leur sont associés, collés au mur. Une douzaine de capteurs de température communiquent avec pour les abaisser en période de chaleur, par exemple. Six centrales dans le bâtiment permettent de les contrôler à distance. L'installation nous a pris moins d'une semaine, le paramétrage a demandé la même durée. Pour les utilisateurs, la technologie IoT est transparente, ils ne se rendent pas compte que l'installation diverge de celle en filaire, la prise en main est donc très simple. Cela permet à la mairie d'Angers d'automatiser la gestion des stores tous les matins. Les retours sont positifs.

De manière générale, quelles sont les contraintes de ces bâtiments historiques ?

Le principal challenge à relever concerne l'épaisseur des murs en pierre. Il faut prendre en compte cette spécificité pour la radiofréquence, ce qui demande une certaine expertise. Ce n'est donc pas à la portée de tous les installateurs. Il faut veiller à ce que les équipements ne se parasitent pas, qu'ils soient tous à portée de la centrale les pilotant, et qu'ils ne communiquent pas tous en même temps. Il faut ainsi privilégier les protocoles à basse fréquence. NodOn utilise le protocole EnOcean fonctionnant à la fréquence de 868 MHz. Les produits ont des antennes multidirectionnelles, nous les configurons pour qu'ils jouent le rôle de répéteur du signal.

Le coût est-il ainsi plus important par rapport à d'autres projets dans des secteurs différents ?

Au contraire, en évitant les travaux dans l'ouvrage, et donc de percer les murs, tirer des câbles, refaire la maçonnerie… l'IoT nous permet de proposer des devis deux fois moins chers. La question peut se poser pour le design, car les gestionnaires veulent que les capteurs se fondent dans le décor. Là encore, le prix n'est pas plus important car avec les technologies ouvertes et interopérables, il y a un grand nombre de fabricants et donc un large choix dans les catalogues. La technologie Enocean répertorie par exemple plus de 520 fabricants, dont certains proposent des capteurs dont l'aspect est similaire à l'acier, à la pierre voire même à la forme de Dark Vador.

Quelles opportunités de marché le secteur des bâtiments historiques représente-t-il pour l'IoT ?

Les gestionnaires de bâtiments historiques ne pensent pas forcément à l'IoT mais la technologie répond parfaitement à leurs usages. Les opportunités de marché sont donc importantes. L'exigence du secteur permet par ailleurs d'affiner les capacités de ces IoT. Pour donner un exemple, nous avons équipé le musée Carnavalet à Paris, avant sa réouverture au public en novembre 2020, pour automatiser la gestion de la climatisation et du chauffage. Pour surveiller la température et l'hygrométrie afin d'avoir une bonne conservation des tableaux, il était nécessaire d'avoir une précision bien supérieure au niveau des capteurs utilisés généralement dans le smart building. Ce niveau de précision va pousser la demande et ouvrir la voie à de nouveaux usages.

Aurélien Blaise est manager Expérience et Satisfaction client depuis 2015 chez le fabricant français d'objets connectés NodOn. Il a supervisé de nombreux projets clients, dont ceux de bâtiments historiques, comme l'Hôtel de ville d'Angers ou du musée Carnavalet à Paris.