La durabilité d'un produit électronique : cas concrets
Durabilité, réparabilité, recyclabilité, éco-conception … ce sont des mots de plus en plus employés mais finalement quels sont leurs significations et leurs véritables enjeux.
Qu’est-ce que la durabilité d'un produit ?
La durabilité d’un produit électronique est le fait de concevoir et fabriquer un produit qui saura durer dans le temps de par sa fiabilité, et, en cas de défaillance, pourra être réparé et remis en marche à moindre coût. Tout le contraire de l’obsolescence programmée ! L’objectif est simple : plus un produit est durable, et moins nous aurons besoin de consommer de ressources pour profiter du service souhaité sur une longue période, allant de pair avec une empreinte environnementale réduite . Un produit durable répondra à 3 axes différents. D’abord, il s’agira d’un produit résistant et adapté à son environnement, d’où la notion de fiabilité. Puis il s’agit de concevoir un produit réparable (ou reconditionnable) facilement qui permettra donc d’offrir une deuxième vie. Enfin, on parlera d’un produit qui donne vie à d’autres vies via sa recyclabilité. Tous ces mots sont donc liés les uns aux autres car Il ne peut y avoir réelle durabilité sans réparabilité, sans recyclabilité et donc intrinsèquement sans éco-conception.
Un produit fiable qui dure dans le temps
L’obsolescence programmée est un terme connu du 19ème siècle dans un contexte de relance économique, mais qui est interdite depuis 2015 en France et qui est soumis à une peine de deux ans d’emprisonnement. Aujourd’hui, pour viser le contraire (on pourrait appeler cela ‘la durabilité anticipée ? ) il y a des moyens efficaces. Tout d’abord, lors de la conception, le bureau d’études utilisera des choix technologiques éprouvés. Tout bureau d’études expérimenté a engrangé une base de connaissance qu’il peut employer pour les projets futurs : une référence de composants électroniques, gage de longévité, un design de clip robuste et démontable, gage de solidité, , etc. Avec nos 30 ans d’expérience, notre bureau d’études mécanique et électronique a testé, éprouvé et sait grâce à son retour d’expérience, concevoir des produits électroniques complexes et multi technologiques qui durent dans le temps.
Le REX ne suffit pas, chaque produit est différent. Il y a donc un bon moyen de vérifier la tenue dans le temps : un processus de qualification rigoureux. Dès le cahier des charges, ou la transcription du besoin usage en besoins techniques, nos ingénieurs rédigent un plan de qualification validé par le client pour déterminer les points clés auxquels le produit devra etre soumis. On parle par exemple d’IK pour le critère de résistance au choc . Ainsi un objet pour ’enfant sera forcément soumis à plus de chocs, et devra donc répondre à un indice IK correspondant. Si le produit comporte un bouton ou une gâchette, nous créons le banc de test qui testera sa longévité dans le temps pour maximiser cela. Notre laboratoire de qualification est composé de multiples appareils de torture pour contrôler un produit : chambre climatique pour vérifier sa tenue dans des environnements arides ou glaciales. L’objet sera exposé au soleil, notre chambre UV vérifiera le comportement de la matière. Il sera dans un environnement humide ou complètement immergé, nos instruments testeront son indice de protection (IP). Ce processus de qualification est un gage central de durabilité produit.
Concernant la Bom (Bill of material) électronique, il s’agira de choisir les composants électroniques dont la longévité est engagée. Via des outils comme Silicon expert, notre bureau d’études électroniques vérifie que les composants sélectionnés ne seront pas obsolètes, ce qui peut arriver, principalement pour cause d’évolution technologique. Nous calculons aussi la durée de vie statistique du produit via le calcul du MTBF (Mean Time Between Failure). Un bon choix de composants permet alors d’améliorer ce résultat. La conception d’un produit dont la mise à jour du firmware à distance (quand cela est possible) est aussi une vraie brique de durabilité. Fini les V2, V3, V4 : le produit hardware reste le même mais ses évolutions sont mises à jour pour, par exemple, améliorer l’ux, apporter des options supplémentaires à l’utilisateur, sans pour cela refabriquer un nouveau produit.
La deuxième vie d’un produit électronique
La durabilité se joue aussi dans la réparabilité du produit ou son reconditionnement. En effet, quand un produit arrive en fin de vie (car plus utilisé, ou simplement cassé), s’il est facilement possible de le remettre en état et ainsi de lui redonner une deuxième vie, son empreinte environnementale sera largement réduite par rapport à un produit neuf car cela n‘engendrera pas ou peu de nouvelles consommations de matière. Combien de produits sont jetés tous les jours à cause d’un bouton cassé, d’une coque fissurée... alors que 90% voire plus est toujours fonctionnel ? Mais tout cela s’anticipe lors du développement initial du produit afin d’intégrer les besoins de la fin de vie, dès sa naissance. Comment faire un produit réparable ou reconditionnable ? Cela se joue dans la conception, c’est aussi ça l’éco-conception. Choisir de faire un produit qui s’ouvre pour être réparé ou pour tester ses fonctionnalités, en proscrivant colle ou autre système indémontable. Il s’agit donc de favoriser l’utilisation de clips ou vis, ou de permettre l’accès facile aux éléments intérieurs, comme les pointes de test. Il existe aussi une solution efficace : l’intégration d’un outil d‘autodiagnostic , à l’intérieur même d’un produit, tel que l’a fait Expressive E dans son clavier Osmose, fabriqué par Altyor. Ainsi plus besoin de renvoyer le produit pour réparation (donc réduction de l’empreinte carbone des transports), l’utilisateur a toutes les instructions pour sa réparation. Dans le même sens, rendre disponible les pièces détachées pour ces utilisateurs est aussi un moyen efficace de faciliter sa deuxième vie. L’utilisateur peut lui-même le réparer ! Une fin de vie de produit peut aussi être le reconditionnement du produit pour le réintégrer sur un marché de l’occasion ou en don, comme le fait la start-up Pimely avec sa liseuse audio connectée Bookinou, via notre filière de reconditionnement.
Enfin atteindre la durabilité d’un produit se joue aussi via un autre levier de l’économie circulaire : la recyclabilité du produit. Recyclable veut dire qu’il est possible de démanteler le produit et réutiliser les éléments pour refaire d’autres produits, de la même référence ou une référence différente. Rendre un produit recyclable ne se décide pas au dernier moment. L’éco-conception en amont est essentielle pour faciliter cette opération : éviter les produits bi-matière pour faciliter le recyclage, suppression de peinture ou marquage pour avoir une matière propre, non polluée, etc.
Le cycle de vie d’un produit électronique a un impact environnemental important. Mais il est possible de le réduire grâce aux outils et briques d’éco-conception. . Pour réduire l’impact environnemental, le meilleur produit restera celui qu’on ne fabrique pas, mais qu’on répare. Et pour tout cela, il faut penser la fin de vie comme une étape essentielle dès les premiers croquis d’un projet. Au final, c’est bien cela la durabilité anticipée, et c’est là, le véritable enjeu.
Le sujet vous intéresse ? Le salon du SIDO à Lyon organise plusieurs tables rondes autour des sujets d’écoresponsabilités cette année. Vous pourrez notamment écouter des cas concrets et réflexions autour du sujet « Eco-conception et business model – nos modèles économiques à la source de la conception », lors de la table ronde avec Altyor et Pimely.