Pour ses IoT de kinésithérapie, Kinvent lève 16 millions d'euros

Pour ses IoT de kinésithérapie, Kinvent lève 16 millions d'euros La start-up française veut renforcer sa présence mondiale et développer de nouveaux capteurs pour toucher, d'ici à 2025, le marché des particuliers.

Alors que les Jeux olympiques approchent à grands pas, la start-up française de kinésithérapie connectée Kinvent réalise une levée de fonds conséquente dans le secteur de la sportech, avec un tour de table de 16 millions d'euros. Ce financement a été obtenu auprès de Eurazeo, qui entre au capital de la société comme actionnaire minoritaire. "Les besoins de la société pour suivre les paramètres de santé sont très forts", assure Athanase Kollias, président et fondateur de Kinvent.

L'objectif premier de cette levée de fonds pour Kinvent est d'asseoir sa position à l'international. L'entreprise, présente dans 65 pays, réalise 60% de son chiffre d'affaires à l'étranger. Son ambition est d'atteindre 90%, principalement en Amérique du Nord. Sa stratégie pour y parvenir va passer par l'acquisition d'entreprises technologiques ou de centres de formation professionnelle de kinésithérapie. "Aux Etats-Unis, notre potentiel de développement est énorme. Le pays compte plus de 250 000 kinésithérapeutes, qui ont déjà une culture de la donnée", explique Athanase Kollias, pour qui les Etats-Unis représentent, avec 8% du chiffre d'affaires, son deuxième marché. Kinvent avait déjà ouvert en 2021 une succursale de deux personnes à New York, qui l'a aidé à se préparer à cette implantation. En Asie, où la Corée et la Chine constituent ses 4e et 5e marchés, Kinvent a prévu de se développer via des distributeurs locaux.

L'entreprise propose au total huit capteurs de rééducation. © Kinvent

Ces fonds serviront également au développement produit. Kinvent compte tripler le budget de sa recherche en 2024. "L'innovation est au cœur de notre ADN, elle est inscrite dans le nom de l'entreprise", raconte Athanase Kollias. La start-up a lancé un grand projet de R&D sur du machine learning, afin d'intégrer de l'intelligence artificielle directement dans ses capteurs. Kinvent dispose de huit capteurs pour une évaluation fonctionnelle (dynamomètre, capteur de mouvements, plateformes de forces, etc.), couvrant la majorité des tests pratiqués en séance et reliés à une application propriétaire. Le dernier, conçu en 2022, mesure l'activité musculaire en étant collé à la peau. "Deux nouveaux capteurs seront présentés en octobre 2024", prévient Athanase Kollias. Un renouvellement complet de la gamme de capteurs interviendra en 2025.

Vers la rééducation à domicile

Cette levée de fonds est la troisième réalisée par Kinvent depuis sa création en 2017. La première, d'un montant de 1,2 million d'euros en 2019, avait permis de structurer la start-up, qui compte 75 collaborateurs en 2024. La deuxième, de 6 millions d'euros en 2021, "a permis à Kinvent de devenir une entreprise autonome réalisant la fabrication de ses objets connectés", rappelle Athanase Kollias. Kinvent dispose en effet d'une usine à Thessalonique, en Grèce. Cette troisième levée renforce sa position internationale, alors que Kinvent a enregistré une croissance de 80% entre 2022 et 2023, avec un chiffre d'affaires de sept millions d'euros en 2023.

Après un gros travail de pédagogie (Kinvent produit un webinar et un livre-blanc par mois pour sensibiliser, par exemple à la rééducation des ligaments croisés par de l'IoT), l'entreprise collabore avec de nombreuses fédérations de sport, le Montpellier Hérault Rugby, la Fédération Française d'Athlétisme et les New York Mets en font partie. Le joueur de football Raphaël Varane dispose par ailleurs d'un pack d'objets connectés de Kinvent et effectue un test d'équilibre tous les quatre jours, dont son médecin suit les résultats à distance. "En rugby, nos capteurs ont permis à un kinésithérapeute de se rendre compte qu'un joueur avait un nerf coincé. Il a annulé sa présence sur le terrain au match suivant et a programmé immédiatement une opération", se remémore Athanase Kollias.

Pour le président de la start-up, l'organisation des Jeux olympiques est une bonne occasion pour structurer l'écosystème de la sportech en France. "Nous avons déjà connu deux Jeux olympiques, nous comptons nous établir sur le marché pour participer aux vingt suivants", affirme Athanase Kollias. Du côté des particuliers, ce sera l'occasion d'accroître la prévention. "Les Jeux olympiques suscitent un vif engouement pour le sport. Mais chez les personnes n'ayant jusqu'à présent pas l'habitude de pratiquer beaucoup de sport, les risques de blessures sont importants", met en garde Athanase Kollias.

Athanase Kollias, CEO de Kinvent. © Kinvent

Le sport n'est pas le seul créneau de Kinvent. L'entreprise s'investit aussi pour la rééducation de personnes souffrant d'arthrose ou ayant subi un AVC, et a travaillé sur le covid long afin de suivre le tonus et la force musculaire pendant le rétablissement. Ses recherches se poursuivent avec un centre de soin d'urgence aux Pays-Bas dans le suivi des patients souffrant d'infections. "Notre objectif est d'avoir un réel impact dans la santé des particuliers", confie Athanase Kollias, qui prévoit l'offre de programmes d'exercices personnalisés grâce à l'intelligence artificielle.

L'entreprise a ainsi l'ambition de se déployer à domicile. Les futurs capteurs seront adaptés à la prise de mesure individuelle au cours des exercices de rééducation à faire chez soi. "S'adresser aux particuliers pour de la prévention ou de la rééducation implique de changer de modèle d'affaires et de logistique", souligne Athanase Kollias, dont ce sera les réflexions en 2024. Le modèle d'affaire actuel, sous forme d'une licence récurrente comprenant les objets connectés et le logiciel, cible les professionnels de santé. Athanase Kollias envisage par ailleurs d'augmenter ses capacités de production et d'ouvrir une nouvelle usine en 2025 en dehors de l'Union européenne, "en fonction des résultats obtenus par géographie". Cette accélération doit lui permettre de passer de 14 000 kinésithérapeutes inscrits à ses services aujourd'hui à 100 000 en 2028.