Amanda Alves (DGE) "La Mission 5G va publier un catalogue des usages français en 5G pour inspirer plus d'industriels"

Amanda Alves, chef de projet "réseaux et usages 5G" à la DGE, détaille les prochaines initiatives pour inspirer les entreprises françaises, qui peinent à adopter la technologie.

JDN. Vous avez annoncé lors de l'IoT Day France le 9 avril dernier que la Mission 5G va publier un catalogue des usages français en 5G. Pouvez-vous détailler cette initiative ?

Amanda Alves, chef de projet "réseaux et usages 5G" à la DGE © Pierre Métivier

Amanda Alves. Aux yeux de notre équipe de la Mission 5G Industrielle, la 5G Entreprise, constitué d'un réseau privé conçu sur-mesure en fonction des usages et de sa localisation, sera le système nerveux de l'entreprise car elle permet de répondre aux enjeux du futur. Mais il n'y a depuis le lancement du réseau qu'une dizaine de réseaux privés en France, notamment celui d'Arcelor Mittal (lire notre article Avec le projet 5G Steel, ArcelorMittal connecte l'une des plus grandes usines d'Europe) ou de la SNCF. Or, les usages ne dépendent que de la créativité des entreprises. On pourrait avoir une multitude de projets pour différents usages. Pour inspirer et accélérer le déploiement de la technologie, nous voulons dresser un catalogue référençant tous les projets 5G en France. L'objectif est d'en détailler une centaine fin 2024. En attendant, nous allons publier courant avril un panorama dynamique des cas d'usage mis en œuvre par les plateformes 5G pour contribuer dès maintenant à faire avancer plusieurs secteurs de l'économie.

Où en est la Mission 5G de son action ?

Pour rappel, la Mission 5G Industrielle est l'une des initiatives de la Stratégie d'Accélération 5G et Réseaux du Futur créée en 2021 pour inciter au développement de la 5G en France. Philippe Herbert, président de la Mission 5G, a rendu ses conclusions dans un rapport en 2022 avec 7 recommandations et 17 plans d'action pour lever les freins. Une deuxième saison a donc été lancée en mars 2023 avec la signature du nouveau contrat du CSF infrastructure numérique, avec lequel collabore la DGE, qui a abouti à la mise en place d'un comité de plateformes 5G qui réunit plusieurs projets 5G dans tous les domaines. Dans ce cadre, Philippe Herbert anime un réseau de 27 plateformes d'expérimentation 5G. Nous avons lancé un appel à manifestation d'intérêt qui a abouti à la sélection de deux lauréats pour créer un campus fablab 5G : le Cetim, Centre technique des industries mécaniques, à Cluses qui a été inauguré le 30 janvier et Excel Car à Rennes, qui sera inauguré en juin 2024. Nous avons par ailleurs lancé un tour de France des plateformes 5G, une série d'événements régionaux réunissant l'écosystème industriel autour des plateforme 5G pour les sensibiliser aux usages en région. La prochaine date de ce tour de France sera justement organisée le 12 juin au campus GO>5GI d'Excel Car pour son inauguration.

Vous promouvez la 5G industrielle pour les PME et ETI mais la 5G industrielle est encore perçue comme trop chère pour eux. Des projets émergent-ils dans ces structures ?

Parmi les dix projets mis en avant, il y a celui d'Acome, une ETI productrice de câbles optiques. Ce projet, mené avec l'opérateur Alsatis, l'IRT b<>com et l'éditeur IoT Vertical M2M. Nous allons avoir en 2024 quelques projets en cours livrables. Des équipementiers et des start-up qui sont en train de développer des solutions à moindre coûts. Il est également possible de recourir à des réseaux hybrides, qui font intervenir des réseaux publics d'opérateurs. Le campus GO>5GI d'Excel Car est en Bretagne, où l'agriculture est très forte. Nous espérons que cela entraîne tout le secteur. La chambre régionale d'agriculture des Pays de la Loire mène déjà un projet d'expérimentation 5G, étant lauréat des plateformes d'expérimentation 5G.

Qu'est-ce qui explique que la 5G industrielle peine à se développer en France ?

Il y a de nombreuses raisons. L'une d'entre elles est d'ordre culturel, les entreprises françaises veulent attendre d'être sûres de la puissance de la technologie avant de se lancer. La 5G nécessite qui plus est un véritable accompagnement pour être déployée, il ne faut pas se lancer seul. Côté technique, le fait qu'il n'y ait pas d'offre variée des équipements 5G natifs peut représenter un frein. Les fréquences accordées par l'Arcep sont accessibles de manière expérimentale dans la bande de 3,8 GHz mais il existe déjà la possibilité de demander des fréquences pérennes auprès de l'Arcep dans la bande 2,6 GHz pour un réseau privé 5G. Je suis persuadée qu'à l'horizon 2024-2025, ce ne sera plus un problème, donc c'est là le moment de se lancer.

Amanda Alves est ingénieure électronique et informatique spécialisée dans l'économie des industries de réseau et docteure en management stratégique. Elle a intégré le Service de l'Economie Numérique de la DGE en 2020 où elle a occupé le poste de responsable de la stratégie et politique du spectre où elle a suivi des dossiers liés aux enjeux des fréquences et elle a représenté le ministère de l'Economie aux comités européens tels que le RSPG, RSCOM et le TCAM. Depuis 2022, elle occupe le poste de cheffe de projet dans l'équipe 5G et réseaux du futur. Avant de rejoindre la DGE, elle a intégré pendant quatre ans l'équipe de chercheurs de la Chaire Gouvernance et Régulation de l'Université Paris-Dauphine.