"Je suis antiquaire, voilà comment je gagne ma vie en vendant vos meubles"
"Nous avons dû fermer le magasin physique, raconte d'emblée Rodolphe Lecomte, antiquaire dans la région nantaise. "Pas question pour autant de mettre la clé sous la porte : l'espace a été transformé en centre de stockage. "Aujourd'hui, tout se passe en ligne et il nous fallait un lieu pour entreposer nos antiquités."
Au JDN, l'homme explique que sans cette transition, il aurait probablement déjà fermé boutique. "La transition vers le numérique a été inévitable", ajoute-t-il. Il y a eu un "remaniement complet du secteur" qui a demandé une adaptation rapide.
A 59 ans, il gère avec son père "Antiquités Lecomte - Père & Fils", magasin en ligne vendant "un grand choix d'antiquités de qualité du XVIIIe au XXe siècle". Grâce à cette transition, les affaires se portent "relativement bien". En cinq ans, le chiffre d'affaires de l'entreprise a grimpé de 54%, selon les comptes sociaux publiés en ligne, pour s'établir à 740 000 euros en 2023.

Dans leur immense centre de stockage de 5000 mètres carrés, ils entreposent 4 000 meubles et accessoires en réserve. Entre 400 et 500 meubles sont vendus chaque année vers la France et l'étranger, pour quelques centaines d'euros. "Il faut que ça tourne, stocker une antiquité coûte relativement cher."
Rodolphe ne cherche pas à réaliser de grosses marges sur ces ventes. "Un petit magasin parisien peut se le permettre. Vendre un meuble plusieurs milliers d'euros, réaliser une très grosse marge et vivre dessus plusieurs mois, c'est un modèle économique qui existe mais ce n'est pas le nôtre." Rodolphe doit écouler le stock pour libérer de la place dans son centre de stockage et racheter.
Réaliser de fortes marges est parfois difficile. "L'entretien et la restauration coûtent cher. Il suffit parfois d'un défaut passé inaperçu lors de l'achat pour que toute la marge s'envole et que l'objet soit revendu à son prix d'achat", regrette-t-il.
Rodolphe affirme tout de même réaliser des marges suffisantes - sans en dire plus au JDN - et mettre de côté régulièrement pour éviter les coups durs. Dans un secteur qu'il considère comme "volatile et parfois aléatoire", il estime donc nécessaire d'avoir un peu de fonds de côté. L'entreprise affichait en 2023 une trésorerie de 54 000 euros.
Aujourd'hui, Rodolphe n'achète plus en brocante ni en vide-greniers. "C'était le cas il y a 25 ans." Désormais, quand un particulier le contacte, c'est souvent pour proposer un objet "qui n'est plus vraiment dans l'air du temps". Assez logiquement, "les gens ne veulent pas vendre ce qui est à la mode : les meubles design des années 1960, 1970. L'antiquaire privilégie les salles des ventes, où il collabore avec les commissaires-priseurs : "On peut choisir notre produit et enchérir comme on le souhaite."