Pollution atmosphérique : comment lutter contre les émissions liées aux transports ?

Chaque année, la France dépasse les normes européennes en matière de pollution atmosphérique et à ce titre fait l’objet de poursuites de la part de la Cour de justice de l'Union européenne.

Les transports sont pour une bonne part responsables de ces dépassements, ce qui a incité le Gouvernement à mettre en place diverses mesures pour entrer dans les rangs.
Selon un sondage IFOP publié en octobre 2014, 83 % des habitants d'Ile-de-France trouvent l''air de mauvaise qualité. Soit une hausse de 18 points en six ans. Le sondage révèle également que la mauvaise qualité de l’air a conduit plus d’un quart des interrogés à aller voir un médecin. Des conclusions plus que préoccupantes. 
Ces particules fines sont responsables d’un certain nombre de maladies. « Le vrai fond du problème est la création d’une pollution chronique et donc d’une chronicité des maladies cardio-vasculaires qui ont augmenté ces dernières années de 13 à 15 % » avance le Dr Pierre Souvet, cardiologue, est le président de l''Association santé environnement France (ASEF), dans un entretien accordé à Atlantico. Asthme, insuffisance respiratoire, allergies sont d’autres effets indésirables provoqués par cette pollution. 
Il  note également que l’espérance de vie marseillaise a baissé de 7,5 mois et celle à Paris de 7 mois, selon les conclusions de l’étude de l’American College of Healthcare executives.  Selon les chiffres officiels, c’est 42 000 décès prématurés qui sont causés par la pollution atmosphérique chaque année.  
Si les facteurs contribuant à cette pollution sont divers, les transports jouent un rôle crucial. « Il est bien évident que cela est dû à plus de 50% à la consommation de diesel et à la structure de ces villes », fait valoir le spécialiste. En 2012, le secteur des transports représentait en effet 59 % des émissions nationales de NOx (oxydes d'azote), 6 % des émissions nationales de particules PM10 et 19 % des émissions nationales de particules fines PM 2,5. 
Une réalité dont sont manifestement conscients les interrogés puisque 75 % d’entre eux ont jugé « plutôt efficaces » la gratuité des transports en commun, 68 % sont aussi de cet avis concernant la mesure du contournement routier de l'agglomération par les poids lourds et 60 % concernant la gratuité du stationnement. 
En septembre 2014, le ministère du Développement durable a publié un rapport intitulé « Améliorer la qualité de l’air extérieur : agir dans tous les secteurs » visant à l’identification des différents polluants et à la compréhension de leurs effets sur la santé ainsi qu’à l’élaboration d’un bilan des mesures à prendre  dans chaque secteur pour y remédier. 
Parmi les mesures relatives aux transports figurent la restriction du trafic, la réduction de la vitesse de circulation ou encore le développement de l’utilisation des véhicules électriques en ville via le développement d’infrastructures de recharge. Le projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte prévoit d’implanter d’ici 2030, 7 millions de points de recharge pour véhicules électriques. 
Des dispositifs d’aide au covoiturage sont également mis en place tels que la construction d’aires de covoiturage et la création de sites internet permettant de connecter les usagers entre eux. Le développement des transports en commun est également une mesure phare dans la lutte contre la pollution. 
A ce titre, en tant que principal acteur du transport public, la RATP prévoit de renouveler 100 % de son parc de bus d’ici 2025. En 2013, l’entreprise  a lancé un appel d’offres pour renouveler son parc vieillissant et polluant, remporté par le groupe Bolloré. 
« Nous voulons un produit différent de ce qui existe aujourd'hui, la solution est à construire" pour "réduire de 50 % les émissions de particules dans [le] parc de bus sur l'Ile-de-France » a déclaré à ce propos le PDG de la RATP Pierre Mongin. Invité en septembre au Sommet de l’ONU en compagnie de François Hollande, Pierre Mongin n’hésitait pas à présenter les bus électriques comme « une vitrine technologique qui nous permettra d’être les mieux placés pour conserver notre marché après 2024 ».  
Objet de plusieurs rappels à l’ordre de la part de la Cour de justice européenne, la France a donc intérêt à surveiller de près les émissions liées aux transport, tout en continuant d’œuvrer pour réduire la pollution issue du secteur domestique (liée notamment à la combustion du bois), de l’industrie et de l’agriculture.  Ce n’est qu’au prix de ces efforts qu’elle parviendra à respecter les normes européennes en la matière.