Augmenter la performance des PME grâce aux "nudges"

Venue des États-Unis, la doctrine du nudge - « coup de pouce » en anglais – existe déjà dans nombre de politiques publiques. Cette approche révolutionnaire se présente comme une nouvelle forme de gouvernance très prometteuse.

Appliquée aux PME, cette nouvelle forme de gouvernance pourrait permettre aux managers français d’améliorer la productivité, de favoriser le changement. ou encore de contourner le caractère parfois frondeur et réfractaire de certains collaborateurs.

Les fondements théoriques des nudges

La notion du nudge a été conçue par deux professeurs américains - Richard Thaler et Cass Sunstein - dans un véritable best-seller politique : Nudge. Improving Decisions About Health, Wealth and Happiness (2008).
Les économistes ont découvert que, loin d’être de purs esprits, nous possédons des « biais cognitifs », des réflexes innés qui influencent notre comportement. Ainsi, que ce soit par manque d’information, trop-plein d’émotion ou intuition erronée, les individus prennent souvent des décisions contraires à leur propre intérêt et à ceux de la collectivité. Pour combattre cette tendance, les managers peuvent adopter une démarche dite de « paternalisme libertaire ».
Pourquoi une telle démarche est-elle fondamentale pour un manager ? Puisque provoquer des changements comportementaux est un défi clé et que seule une vraie compréhension des ressorts décisionnels permet de mettre en place des plans d’action efficaces !

« L’architecture du choix »

Face à cette «rationalité limitée», le mécanisme du nudge propose donc d’exploiter cette tendance naturelle pour en contrebalancer les effets néfastes, en travaillant ce que Thaler et Sustein appellent « l’architecture du choix » afin de développer les choix par défaut.
Il s’agit de proposer dans les choix complexes un accompagnement bienveillant, de nombreuses études prouvent l’efficacité de cette technique qui fonctionne sur la base de « renouvellement par tacite reconduction ». Transposée à la vie en entreprise, cette logique peut aboutir à des gains substantiels. Par exemple, envoyer les bulletins de paie uniquement par mail en laissant aux salariés le choix de les imprimer ou pas, tout en sachant que la majorité se contentera alors de la version numérique.
Un nombre croissant d’entreprises sollicitent des experts en économie comportementale et en finance pour mettre en place des nudges, la chaire Vulnérabilité financière et microfinance d’Audencia Nantes Ecole de Management travaille avec les Banques Populaires sur la question. La recherche conduite sur la prise de décision financière à travers le  développement de nudges permet d’inciter un comportement financier plus vertueux. Ainsi, les banques pourront mieux prévenir et analyser les risques financiers pour guider les entreprises et les particuliers vers les bonnes décisions.
La méthode des nudges n’est pas forcément difficile à mettre en place, surtout dans les PME qui peuvent s’avérer plus flexibles que les grands groupes. Le simple fait de décloisonner les espaces de travail en est un bon exemple. Cette action d’ouverture opère à un niveau inconscient, encourageant la cohésion. 

Concrètement, le nudge peut être utilisé pour agir sur les deux déterminants de la prise de décision :
  • l’inconscient (par exemple, décloisonner les espaces de travail pour optimiser la cohésion),
  • la raison (mettre l’accent non plus sur l’injonction: «éteignez votre ordinateur en partant!» mais sur l’argument de la norme sociale : « 80 % des entreprises qui le font ont réalisé des économies significatives ».
Le nudge est un moyen de générer un changement dont la durée dépendra du contexte.
Nous ne sommes pas forcement dans l’instantané, ni dans la prescription rationnelle mais dans l’idée qu’avec de petits ajustements on peut optimiser l’ensemble des performances de l’entreprise. D’où le fait que les PME, notamment, puissent y trouver le moyen d’augmenter, à très peu de frais, leurs performances.