Avec le RGPD, les entreprises françaises peuvent-elles faire face aux GAFA ?

Avec le RGPD, le sujet de la donnée fait son grand retour à la table des dirigeants. Avec l’émergence du Big Data et du Machine Learning, on prédit un futur prometteur à la donnée intelligente mais son essor s’accompagne de vrais risques pour le respect de la vie privée.

Le RGPD vise à limiter les risques de détournement des données personnelles pour tous les résidents de l’Union européenne. Avec une peine encourue qui peut aller jusqu’à 4% du chiffre d’affaires annuel mondial du groupe, les marques n’ont pas intérêt à retarder leur mise en conformité. Évidemment, les patrons des grandes entreprises françaises se posent une question légitime : sont-ils vraiment à égalité avec les géants étrangers et notamment avec les GAFA ?

Parmi les nouvelles normes du RGPD, on retrouve l’obligation d’obtenir le consentement éclairé des personnes concernées, de les informer de tous les usages qui seront faits des données collectées, de mettre en place une gouvernance des données et de renforcer la sécurité. Toutes ces mesures sont indispensables pour protéger les données personnelles et les entreprises le savent bien. En réalité, ce qui inquiète vraiment les dirigeants, ce n’est pas la mise en conformité avec cette nouvelle réglementation mais bel et bien de savoir s’ils sauront rester compétitifs face aux géants de l’Internet et de la distribution avec les GAFA en tête de liste. Or, les écarts se creusent.

Les GAFA en avance

D’un point de vue technologique, les GAFA ont clairement de l’avance. Chaque année, ces grands groupes investissent des milliards de dollars dans leurs datacenters et dans la recherche et développement pour rester à la pointe de l’innovation, notamment en matière de sécurité. Rien qu’en 2017, les dépenses d’Amazon en matière de R&D avoisinaient les 23 milliards de dollars. Pour Google, on frôlait les 17 milliards. De son côté, Apple retirait également proactivement de son store lesapplications trop curieuses qui recueillaient, sans leur accord, les informations relatives à la géolocalisation des utilisateurs. En clair, les GAFA ont les moyens d’anticiper les risques pour la protection des données et ils ont les briques technologiques qui leur permettront de répondre facilement aux exigences de la nouvelle réglementation.

Les entreprises françaises en bonne position

En France, la situation est différente. Les grandes marques historiques françaises ont accumulé un retard technologique et elles doivent se réinventer, ne serait-ce que pour se mettre en conformité. Pour ce faire, elles ont deux choix ; soit se transformer complètement en interne, soit aller chercher la technologie à l’extérieur. Or ici, elles peuvent compter sur deux atouts. Tout d’abord, la France est bien positionnée avec la CNIL, sur tous les sujets relatifs à la protection de données. Rien qu’en 2016, ce sont plus de 100 000 dossiers de formalités qui ont été traités et 97 labels délivrés. Mais la France est également un vivier pour les start-up. Avec un plan du gouvernement de 57 milliards d’investissement sur 5 ans et près de 2,6 milliards d'euros de fonds levés rien en 2017, la FrenchTech est le deuxième écosystème le plus actif en Europe, juste derrière le Royaume-Uni. En s’appuyant sur ces ressources externes, les grands groupes ont les moyens de retrouver de l’agilité pour accélérer leur mise à niveau et prendre le tournant du numérique.

Finalement, le RGPD est une véritable opportunité pour la France de se démarquer. Nous sommes aux portes d’une révolution numérique où la donnée joue un rôle crucial. Il nous faut lever dès maintenant les freins à l’innovation en multipliant les alliances entre petits et grands pour accroître notre compétitivité sur la scène européenne et internationale. En collaborant, nous avons toutes les chances de profiter des opportunités à saisir et de créer la référence en termes de bonnes pratiques fondées sur la transparence qui pourraient bientôt se standardiser à l’échelle mondiale. Jouons des formidables atouts de la France pour lui donner une place de championne Européenne sur le sujet.