Emmanuel Macron un patron qui laisse peu de place à ses collaborateurs ?

La gestuelle du président de la République en révèle beaucoup sur sa manière de manager. Le décryptage de son attitude peut servir aux candidats lors d'un entretien d'embauche.


Mercredi dernier Emmanuel Macron mettait une nouvelle fois en scène la promulgation d'un texte de loi façon Maison Blanche. Comme il s'agissait de la réforme de la SNCF, la ministre des transports Elisabeth Borne et le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux étaient à ses côtés pour la photo.

Sur Twitter, un compte satirique est revenu sur le choix des chaises lors de cette signature. Réalisé sous l’œil des caméras, cet acte d'autorité nécessitait apparemment qu'aucune autre tête que celle du chef de l'Etat ne dépasse. Afin de corriger la différence de taille qui existe avec son Secrétaire d'Etat, le siège du président était le plus haut. Benjamin Griveaux ayant dû "croiser les jambes faute de place" note Le HuffPost. L'explication tient la route sur le plan psycho gestuel, mais elle demande à être approfondie au vu de la position en miroir d'Elisabeth Borne. 

Je passe sur le comique de situation lorsque cette dernière s'assoit sans en avoir encore été invitée par l'hôte de l'Elysée. Plus intéressantes sont ses jambes. Elles aussi se retrouvent en " scoubidou " sous la chaise. Un refrain gestuel extrêmement répandu. Il suffit d'observer une salle de classe ou les clients dans un restaurant pour s'en apercevoir.

Durant ses formations en programmation neurogestuelle, Joseph Messinger  nous apprenait à différencier les phases psycho flexibles des psycho rigides. Je m'explique. Assis ou debout, lorsqu'elles se retrouvent croisées, laquelle de vos chevilles est sur l'autre ? Gauche sur droite vous exprimez une empathie. Votre émotivité se libère et s’adapte. Dans l'autre sens vous passez en mode rationnel et devenez plus méfiant. Attention cependant au risque de conclure hâtivement. Veillez toujours à intégrer dans votre analyse tous les éléments du contexte. Ici, les deux "co-signataires " croisent simultanément les chevilles de façon opposée tout en étant tournée vers le président.

Ministres effacés mais fidèles

Si nous prenons en compte la dimension systémique de la séquence, celle qui veut que l'orientation de nos membres inférieurs traduise notre degré de proximité avec un interlocuteur, nous nous retrouvons en présence de deux collaborateurs peut-être effacés, mais fidèles à leur patron. "En cheville" en somme. D’aucun me rétorqueront que cette expression relève de la menuiserie. Dont acte. Il n’empêche, face à un réflexe idéo-moteur il nous est difficile de masquer nos sentiments intérieurs.

En communication non verbale une règle veut qu'à l'image d'une maison qui s'expertise de la cave au grenier, l'observation du langage corporel débute toujours par le bas du corps. Tout simplement parce que ce qui est le plus éloigné de notre cerveau est souvent ce qui parle le plus de nous à notre insu. Chacun d'entre-vous a ainsi en mémoire les jambes de Jacques Chirac qui s'agitaient sous la table pendant qu'il répondait à un journaliste. Son torse et son visage donnant l'apparence d'un calme olympien. Je me souviens que Joseph Messinger nous conseillait de privilégier l'ancrage de la botte en réunion afin de mieux gérer les agressions mentales. Truc qui peut se décliner lors d'une interview ou d'un entretien de recrutement. Au passage, vous noterez que c'est exactement ce que donne à voir Emmanuel Macron. Le président de la République aurait-il dans sa bibliothèque "Ces gestes qui vous changeront la vie "? S'il est un vrai manager il le fera circuler dans son équipe. Car cet ouvrage donne des clefs précieuses pour prendre toute sa place quand votre chef ne vous en laisse quasi aucune.