Qu’est-ce qu’on attend pour miser sur les femmes ?

La journée internationale des femmes, célébrée le 8 mars dans le monde entier est l’occasion d’un bilan sur la place de la femme dans la société. Officialisée par les Nations Unies en 1977, cette Journée tire ses origines des luttes des ouvrières et suffragettes au début du XXe siècle, pour de meilleures conditions de travail et le droit de vote. Les revendications des femmes ont évolué mais sont toujours d’une importance cruciale pour faire évoluer les sociétés.

Cette année, la thématique choisie par l’ONU Femmes est : "Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement". Il y aurait beaucoup à dire sur cette thématique, arrêtons-nous un instant sur le versant : "Innover pour le changement". Les équipes de management aux profils variés et complémentaires seraient plus innovantes, plus créatives et plus adaptées à la complexité du monde économique, c’est sur ce postulat d’ailleurs que les équipes agiles fonctionnent. L’intelligence collective, si à la mode, a maintenant toute sa place dans l’entreprise. Certains auteurs, notamment Emile Servan-Schreiber, ont même constaté qu’il existait une corrélation entre la part de femmes au sein d’un groupe de travail et l’intelligence collective de l’équipe. 

Or en France, les comités exécutifs des grands groupes du CAC 40 comptent moins de 10% de femmes. Pourtant, d’après l’étude "Women matter", les entreprises comptant au moins trois femmes dans leur comité exécutif augmentent leur performance de 56%. 

Pour inciter les entreprises à rendre la parité plus réelle dans leur structure, le gouvernement a mis en place, le 22 novembre dernier, un "index de l'égalité femmes-hommes". Le principal objectif de cet index est de lutter contre l’inégalité des salaires entre les hommes et les femmes à emploi et grade équivalents. Les entreprises de plus de 250 salariés devront avoir publié leur note globale de l’index de l’égalité femmes-hommes à partir du 1er mars 2019. La date est impérative pour les 1 400 entreprises de plus de 1 000 salariés. 

Il faut admettre que c’est déjà un premier pas vers cette parité. Mais encore faudrait-il que les femmes aient les mêmes chances d’accès à des grades élevés. Seulement 29,6 % des postes de cadres sont occupés par des femmes dans les 60 plus grandes entreprises françaises. 

Quels sont les freins à lever pour compenser cet écart ? Pour commencer, il y a les stéréotypes ancrés depuis des années qu’illustrent certaines campagnes publicitaires, citons par exemple un slogan pour du déodorant exprimant clairement qu’une femme doit travailler plus dur qu’un homme pour réussir professionnellement : "La fraîcheur qui travaille plus fort, comme vous qui devez travailler plus fort pour réussir". Mais à notre époque, les hommes ne sont pas les seuls responsables de ce manque de parité. Les femmes se mettent elles-mêmes des limites : leur surreprésentation dans les temps partiels et une tendance à l’autocensure ‒ les femmes postulent moins pour des postes à haute responsabilité – sont d’autres explications régulièrement données. Sheryl Sandberg, directrice des opérations de Facebook, soutient que les femmes ont tendance à se sous estimer quand les hommes se surestiment souvent. 

Pour résorber ces freins, de grands groupes s’engagent, à l’instar d’AXA, qui a signé en décembre 2018 les sept accords de principe pour soutenir l’empowerment des femmes. Ces principes se déclinent en objectifs chiffrés - atteinte de la parité entre les sexes parmi les 150 dirigeants internationaux d’ici 2023 - ou des mesures plus concrètes, comme le congé parental global. Gageons que ces évolutions ne seront que le début d’une tendance de fond, qui fera de l’égalité femmes-hommes à la fois un objectif et un vecteur du changement en entreprise, et plus largement, de la société.