Vers une action concertée pour relever le défi de la souveraineté numérique

"Je pense toujours que nous devons rebâtir une souveraineté industrielle, numérique et agricole." C’est en ces termes que le Président de la République, Emmanuel Macron, s’est adressé aux Françaises et aux Français dans sa lettre envoyée dans le cadre du grand débat national.

Une démarche sociétale dans laquelle les entreprises, les associations et les comités professionnels français du numérique doivent être fortement impliqués. Avec une ambition : apporter des réponses concrètes aux grands enjeux de société, notamment concernant la promotion de la souveraineté numérique, la sécurité des données et l’appropriation des mutations technologiques via le dialogue social et la pédagogie.

Si le grand débat invitait en particulier les citoyen.nes à préparer la France de demain, il n’exclut pas pour autant les entreprises et autres organismes professionnels, loin de là ! En tant qu’acteurs majeurs du numérique, nous avons un vrai rôle à jouer dans la numérisation des services et l’accessibilité des territoires. Une transformation numérique qui s’inscrit comme un des piliers de la société du futur et un vecteur du « mieux vivre ensemble ». Une société numérique porteuse d’espoir mais aussi de risques, du fait d’une réelle fracture au sein des territoires et d’une forte exposition aux risques de cyber-attaques et cyber-espionnage.

Rétablir la confiance

C’est là que les entreprises peuvent et doivent intervenir afin d’offrir à tous un accès identique à des services numériques de qualité et hautement sécurisés. C’est pourquoi l’État doit s’appuyer sur son tissu industriel pour redonner la confiance et la transparence qui permettront de bâtir une nouvelle société plus sereine, plus égalitaire et tournée vers l’avenir.  L’Et     at doit ainsi faciliter l’accès aux réseaux (Internet et mobile) et aux démarches publiques dématérialisées, pour développer de nouveaux services tout en préservant la vie privée des citoyen.nes, et garantir la confidentialité des échanges et des données. Ainsi, ils pourront ensemble, construire une société plus sereine…

FrenchTech, France Num, plan France Numérique 2012 – 2020, loi pour une République numérique… La France dispose d’ores et déjà d’un écosystème technologique de pointe capable de générer et de préserver cette souveraineté, qui fait aujourd’hui défaut face à l’hégémonie américaine et chinoise. Une indépendance numérique qui nous concerne tous, pouvoirs publics, entreprises de tous secteurs et citoyen.nes, et qu’il est urgent de déployer. Elle ne peut s’obtenir que par une action concertée de la part de groupements d’entreprises innovantes et sensibles aux enjeux du numérique, comme Hexatrust, et de groupes de travail impliquant industriels et utilisateurs, tels que le Comité stratégique de filière (CSF) "industries de sécurité". 

La souveraineté naît d’une action concertée

Si des premiers éléments de réponse ont pu être proposés par l’ANSSI avec la qualification SecNumCloud ou par des initiatives sectorielles comme API-AGRO, la plateforme européenne d'échanges de données utiles au secteur agricole, cela ne suffit pas. Il est temps de passer à la vitesse supérieure et d’œuvrer activement, tous ensemble, pour atteindre une souveraineté industrielle, numérique et agricole. 

Plus que jamais, nos données sont en danger ! Face aux géants américains et au CLOUD Act qui leur impose pénalement de livrer à la justice américaine leurs données même hébergées en dehors des États-Unis, les entreprises françaises doivent réagir et agir. Le RGPD a certes permis d’alerter la population sur un premier risque concernant les données personnelles, mais un nouveau pas doit être désormais franchi auprès des entreprises pour les avertir des risques liés à la confidentialité de leurs propres données. 

Des acteurs numériques et pédagogiques

Car non, nos données ne sont pas protégées dès lors qu’elles sont sur le sol français ou européen. Mais au-delà de ce risque, c’est aussi l’indépendance de la France, dans un environnement géo-politique mouvant, qui est en jeu.  À l’heure où les consommateurs et la réglementation imposent plus de transparence, les citoyen.nes et surtout les entreprises doivent comprendre le véritable enjeu d’un cloud souverain et de la gouvernance de l’Internet. Il en ressort tout simplement de la sécurité de leurs informations critiques. En ce sens, les acteurs du numérique ont un vrai rôle pédagogique à jouer.

À l’État alors de montrer l’exemple à travers un engagement juridique fort, une communication claire sur la nature des risques encourus et l’équipement de solutions de confiance issues d’entreprises françaises. Une prise de conscience déjà effective mais qui doit être poussée encore plus loin. C’est pourquoi seule une réflexion commune permettra de transformer efficacement la volonté de changement affichée par l’État et de répondre ainsi aux enjeux soulevés par le grand débat national. C’est en travaillant tous ensemble – acteurs des filières, administrateurs, donneurs d’ordre et citoyen.nes – que l’on comprendra quels leviers activer pour parvenir à la véritable souveraineté numérique. Une collaboration multipartite qui donnera alors au débat public une autre dimension en trouvant un véritable écho au sein des entreprises. Désormais, place à une société et à une entreprise, transparentes, responsables et plus ouvertes sur leur écosystème. Les clés d’une confiance retrouvée et d’une souveraineté avérée.

Servane Augier, directrice du développement d’OUTSCALE, et Édouard de Rémur, cofondateur et directeur général d’Oodrive, tous deux membres d’Hexatrust