Le bruit en entreprise : les bonnes pratiques pour réduire son coût
On estime que le bruit représenterait une perte de productivité d’environ 23 milliards d’euros par an pour les entreprises. Environnement bruyant occasionné par des machines industrielles, conversations téléphoniques dans un open space… tous les salariés sont désormais concernés.
Pour les entreprises, prendre les dispositions nécessaires en prévention contre le bruit est désormais incontournable et dépasse les aspects purement légaux et réglementaires. Quels sont les bonnes pratiques en matière de protection auditive ? Quelles sont les solutions collectives pour lutter contre le bruit aussi bien en open space qu’en milieu industriel ?
Ce que dit la loi
Il est aujourd’hui primordial de se prémunir du bruit pour des raisons de santé mais aussi de confort. Ses conséquences, on le sait, sont bien souvent sous-estimées, pourtant importantes et impactantes sur la santé auditive. Prendre conscience et corriger ses espaces de travail est une nécessité rappelée par la loi. Ainsi, à partir de 80 dB(A) il est conseillé de se protéger du bruit et à partir de 85 dB(A) il devient obligatoire de se protéger. Si la loi est claire pour les secteurs industriels, elle l’est un peu moins concernant les espaces partagés dits open space.
En effet, aucun texte réglementaire n’est imposé concernant les niveaux et critères de performances acoustiques des immeubles de bureaux. Seul un référentiel technique de démarche HQE (haute qualité environnementale) et deux normes de confort acoustique (NF-S 31-080) et (NF- S31-199) fixent un cadre normatif. Le traitement des ambiances physiques de travail requiert donc un soin particulier dans le processus de conception des lieux et situations de travail et plus précisément selon son secteur d’activité. Des normes et le résultat d’études permettent de mieux définir les choix à effectuer en termes de confort, de sécurité et d’efficience du travail. (INRS).
Lutter contre le bruit en open space
Dans les milieux ouverts, il est parfois nécessaire voire même conseillé de mener une étude acoustique : on estime qu’il faut débourser environ 2 500 € HT en moyenne pour un petit open space et 5 000 € HT pour un ensemble de bureaux afin d’avoir une vision globale et des recommandations. Par ailleurs, il est important d’avoir une réflexion en amont sur les sols et les murs (devant assurer une bonne isolation anti-vibratile) mais aussi après la construction d’un bâtiment avec les plafonds et mobiliers acoustiques. On retrouve sur ce marché des acteurs proposant de multiples possibilités telles que baffles, panneaux, bâches et portes, cloisons et claustras, bureaux et tables, rangements (armoires), cabines de confidentialité, espaces acoustiques…
Afin de créer un environnement optimal, il est nécessaire de prendre en compte à la fois les interactions entre les personnes, les spécificités de leurs activités et le type d'espace dans lequel elles évoluent. De plus, il est extrêmement important de maîtriser la propagation des ondes et pour ce faire, il existe plusieurs recommandations : revêtir les surfaces (plafond, sol et murs) d’un matériau acoustiquement absorbant afin de limiter la réflexion du son, opter pour un traitement spécifique du plafond, des murs et du sol et opter pour du mobilier acoustique.
En industrie
En ce qui concerne le milieu industriel, la réduction de bruit à la source reste une des premières recommandations. Une étude acoustique est toujours nécessaire en amont afin d’analyser l’environnement de travail et les problématiques. Elle a pour but la recherche de solutions techniques à mettre en œuvre afin de réduire les niveaux de bruit ressentis dans les zones de travail. Cela prend en compte des impératifs techniques (production, accès maintenance, accessibilité), toutes les sources de bruits, de simuler l’impact des différentes solutions et de pouvoir les hiérarchiser en fonction de leur efficacité et de leurs coûts. Le coût d’une telle étude (mesures/modélisation/préconisations) est en moyenne de 6000 € HT pouvant osciller fortement selon les problématiques et type de projet. (De 2000 € HT à 20 000 € HT).
Le coût des travaux est dépendant du type de solution retenu, de la complexité de mise en œuvre et des contraintes. Il est très difficile de donner une moyenne, un encoffrement de machine par exemple, peut représenter un investissement de 5000 € HT dans un cas très simple (peu d’interfaces à gérer, peu d’ouvertures) à plusieurs dizaines de milliers d’euros dans les cas plus complexes (difficulté d’accès, contraintes fortes de production et de maintenance, multitude d’ouverture à traiter…).
Des aides existent
La CARSAT (Caisse d'Assurance Retraite et de Santé au Travail) ressort comme l’organisme principal pouvant accompagner les entreprises pour la prévention des risques professionnels. Elle a notamment pour rôle d'informer et d'accompagner les entreprises dans la prévention des risques professionnels. Elle peut intervenir directement auprès des entreprises qui souhaitent mettre en place des actions de prévention des risques pour leurs salariés. Il existe deux types d’aides :
Les Aides Financières Simplifiées (AFS) : Elles s'appliquent aux entreprises de moins de 50 salariés. Elles permettent d'investir soit dans des équipements de travail plus sûrs, soit de lutter contre une pathologie professionnelle. Ces AFS interviennent sous forme de subventions, estimées entre 1 000 et 25 000 € HT. Selon les régions, les CARSAT ont mis en place des AFS spécifiques parfois plus ouvertes et flexibles selon les thématiques. (certaines sont réservées à un secteur d'activité, d'autres concernent la prévention d'une pathologie ou l'achat d'équipements spécifiques). Les AFS spécifiques peuvent donc concerner le bruit. Il faut se renseigner auprès de son réseau CARSAT en région.
Les contrats de prévention : Ils s’appliquent aux entreprises de moins de 200 salariés appartenant à une organisation professionnelle ayant signé une convention nationale d'objectifs avec la CNAMT (Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés). Cette aide soutient financièrement les entreprises qui s'engagent dans une politique de prévention des risques d'accident de travail, des maladies professionnelles et d'amélioration des conditions de travail.
Les financements accordés aux entreprises concernent entre autres les nuisances physiques, dont le bruit. Il est ainsi possible d’évaluer le coût du bruit et son impact dans son entreprise : si les solutions collectives doivent être en priorité pensées en entreprise, équiper un collaborateur en bouchon antibruit sur mesure est la solution complémentaire. Une alternative individuelle doit être évoquée lorsque tout a été mis en place dans l’espace ouvert mais que cela n’est pas suffisant pour diminuer le niveau sonore et de gêne.