20 Soft-skills pour affronter la crise et évoluer dans un monde VUCA

Confinement, déconfinement, couvre-feu, reconfinement… Les entreprises et les salariés doivent plus que jamais apprendre à évoluer dans un monde que l'on qualifie de VUCA, ce qui suppose de valoriser de nouvelles aptitudes.

VUCA, de quoi parle-on ?

Cet acronyme, popularisé en France en 2005, est utilisé pour décrire les transformations sociétales, économiques, technologiques et environnementales auxquelles sont confrontées les entreprises, à savoir :

V, pour volatile : la vitesse et la magnitude des changements s’accélèrent et s’amplifient. Les situations évoluent de manière imprévisible et extrêmement rapide.

U, pour incertain (uncertainty) : il est de plus en plus difficile de prévoir les événements à venir avant d’y être confronté.

C, pour complexe : l’analyse et la compréhension des situations sont devenues difficiles, du fait de l’augmentation des informations et de leur interdépendance. L’expérience ne suffit plus, l’apprentissage se fait a posteriori.

A, pour ambigu : il n’y a plus de rapport évident entre les causes et leurs effets. Au même moment peut se produire tout et son contraire, générant des paradoxes et des contradictions.

Évoluer dans un monde VUCA, pourquoi c’est difficile ?

L’être humain n’apprécie pas les changements qui lui sont imposés, surtout lorsqu’ils malmènent les habitudes, altèrent l’équilibre de vie, le confort et le contraignent à réagir rapidement sans pouvoir maitriser la situation.

Bien que la vie ne soit qu’incertitude, ne pas pouvoir prévoir ce qui va arriver est souvent source d’anxiété. Face à l’inconnu, notre cerveau a tendance à imaginer le pire pour nous protéger. Évoluer dans un monde incertain est pour beaucoup extrêmement déstabilisant.

La difficulté à comprendre la situation active le doute et peut altérer l’estime de soi, notamment lorsque la société valorise les "sachants". L’absence de repère génère du stress et peut altérer la confiance en soi. La difficulté à trouver des solutions peut être extrêmement dévalorisant.

Les incohérences et les paradoxes induits par les décisions prises déstabilisent, créent de la confusion et remettent en cause ce que l’on croyait savoir, ainsi que la crédibilité de ceux qui les ont prises. Face à ces illogismes, nombreuses sont les personnes qui critiquent les décisions, les contestent, voire les rejettent.

A nouveau monde, nouvelles aptitudes

Le management traditionnel est devenu inadapté au monde VUCA, puisque ses fondements consistent à définir une stratégie à moyen ou long terme (illusoire du fait de la volatilité), à maîtriser les risques (incompatible avec l’incertitude), à confier les décisions à l’autorité hiérarchique (risqué compte tenu de la complexité) et à raisonner de manière logique et cohérente (inadapté à l’ambiguïté).

C’est la raison pour laquelle les entreprises doivent à présent, au niveau collectif :

  •  Devenir plus agiles et réactives, pour s’adapter à la volatilité ;
  •  Être attentives aux signaux faibles et se montrer plus audacieuses, pour que l’incertitude ne soit plus une crainte ;
  •  Miser sur l’intelligence collective, relier les réseaux d’expertises et mutualiser la diversité des talents, pour épouser la complexité ;
  •  Être davantage dans une logique d’expérimentation et d’apprentissage, pour faire face à l’ambiguïté.

Face à cette situation, les nouvelles technologies (I.A., automates…) se retrouvent bien incapables d’aider les humains à trouver des solutions, tout simplement parce qu’elle est inédite. 

La survie des entreprises repose donc principalement sur le potentiel humain et plus particulièrement sur notre capacité à nous adapter à cette situation inédite qui risque de durer.

Évoluer avec sérénité et efficacité dans un monde V.U.C.A. nécessite de mobiliser et valoriser des aptitudes qui ne sont pas des compétences techniques mais des aptitudes propres à l’être humain, désignées parfois sous le terme de "Softskills".

Voici les principales 20 softskills sur lesquelles doivent s’appuyer les entreprises pour évoluer dans un environnement V.U.C.A.

1.   Les aptitudes cognitives :

·     Ouverture d’esprit : prendre en compte les signaux faibles, s’émanciper des habitudes et des certitudes afin de s’ouvrir à la nouveauté et composer avec la singularité de la (complexité).

·     Créativité : imaginer de nouvelles choses (idées, offres, dispositifs…), innover dans un cadre contraint (ambiguïté).

·     Esprit critique : aborder les situations en toute impartialité, faire preuve d’objectivité dans la réflexion, mettre à l’épreuve les idées et les solutions (ambiguïté)

·     Résolution de problèmes complexes : trouver des solutions aux nouvelles problématiques sans pouvoir s’appuyer sur un cadre de référence existant ou connu (complexité)

2.   Les aptitudes émotionnelles :

·     Authenticité : nouer et maintenir des relations saines et transparentes, aborder toute sorte de sujet sans craindre d’altérer la relation (complexité).

·     Empathie : comprendre les autres, leurs points de vue, leurs ressentis de manière à les prendre en considération dans la relation et la réflexion (complexité).

·     Relativisme : se dissocier émotionnellement de manière à ne pas être influencé par les ressentis négatifs et rester serein, quelles que soient les circonstances (volatilité)

·     Résilience : bien vivre les échecs, en tirer les enseignements pour pouvoir rebondir, et rester dans une dynamique positive et constructive (ambiguïté).

3.   Les aptitudes relationnelles :

·     Assertivité : s’affirmer, exprimer ce que l’on ressent ou pense, que ce soit plaisant ou déplaisant, dans le respect de soi et des autres (incertitude).

·     Coopération : préserver le « nous », s’enrichir mutuellement, valoriser les différences, partager ses compétences pour avancer vers un but commun (complexité).

·     Serviabilité : soutenir et faire progresser les autres, les aider dans leurs projets, préserver la solidarité, l’entraide et la convivialité (incertitude).

·     Influence : transmettre de l’énergie, maintenir l’enthousiasme, faciliter l’adhésion et l’engagement (incertitude).

4.   Les aptitudes situationnelles :

·     Vision : construire le futur, faire preuve de proactivité, s’autoriser à expérimenter de nouvelles choses sans attendre (incertitude).

·     Originalité : se différencier des concurrents, surprendre par sa singularité, créer de nouvelles valeurs (incertitude).

·     Débrouillardise : composer avec la complexité, les contraintes, les moyens disponibles, faire plus avec moins, trouver des solutions réalistes (ambiguïté).

·     Adaptation : ajuster son action, composer avec l’imprévu, faire preuve d’agilité et de souplesse de manière à continuer d’évoluer dans un environnement mouvant (volatilité).

5.   Les aptitudes dynamiques :

·     Esprit d’entreprendre : (se) mettre en mouvement, impulser des changements, maintenir une dynamique positive et constructive (incertitude)

·     Goût du challenge : relever des défis, se dépasser, voire se surpasser notamment face à des situations difficiles (incertitude)

·     Audace : oser expérimenter de nouvelles choses, accomplir des actions qui semblent difficiles, prendre des risques alors que cela semble impossible (incertitude)

·     Persévérance : poursuivre la concrétisation d’une idée ou d’une action malgré les difficultés rencontrées, garder le cap quelles que soient les circonstances (ambiguïté)

identifier ces aptitudes est déjà difficile mais les valoriser l’est encore plus. C’est la raison pour laquelle il convient d’adopter de nouvelles pratiques managériales, telles que "l’atelier oui j’ai des talents" en vigueur chez Décathlon ou "la carte le pouvoir de transformer" de Konica Minolta France.

Si la crise déstabilise et malmène les entreprises, elle est aussi une formidable opportunité de valoriser autrement leur "capital humain", de mobiliser toutes ces aptitudes au-delà des approches classiques de management des compétences.