2021 : quels visages pour l'engagement et la RSE dans nos entreprises ?

Il aura fallu attendre 2016 puis 2019 (Loi PACTE) pour assister à une véritable appropriation des sujets liés au développement durable dans nos organisations.

Alors, il est je crois légitime de se questionner : quels seront les effets d’une année 2020 émaillée d’une crise sanitaire, sociale et économique sans précédent ? Doit-on s’attendre à des coupes budgétaires drastiques appelant prioritairement au retour de la rentabilité économique ? Ou bien au contraire à un changement de braquet radical de nos entreprises, plus que jamais échaudées des errements du passé ?...  Trois tendances se dessinent d’ores et déjà.

Passer de la raison d’être à la raison d’agir

Certes, 2019 a sans conteste été l’année de la "raison d’être" des entreprises ; celle où l’on a vu fleurir les labels et réseaux dédiés, et même un tout nouveau statut juridique imposant cette quête (les sociétés dites "à mission"). Mais dans cet élan qui aurait pu se contenter de rester de l’ordre de l’intention (voire du washing pour les plus maladroites et parfois même les plus malhonnête), l’année 2020 a permis, pour un certain nombre d’entre elles, de démontrer de façon concrète leur engagement, en agissant de façon toute aussi concrète pour adoucir les effets de cette crise sans précédent. Notons l’exemple de cet assureur, qui a choisi de redistribuer l’argent non dépensé pour indemniser les accidents de voiture qui n’ont pas eu lieu durant le premier confinement…

La relocalisation comme figure de proue des engagements

Énorme problématique soulevée dès le démarrage de la crise sanitaire : un défaut de production française (masques, respirateurs…) nuisant à la disponibilité immédiate, et parfois aussi à la nécessaire qualité, des équipements indispensables à la bonne marche de notre pays. Aussi, le Gouvernement a réagi en lançant cet été un vaste plan de relocalisation des activités considérées comme stratégiques. Mais en miroir, c’est bel et bien notre économie tout entière qui a tiré les leçons et pris des engagements fermes concernant le « made in France », chaque jour un peu moins désuet. Côté consommateurs, l’envie se fait également très forte de savoir, comprendre, d’où viennent les produits qu’ils consomment, et pas uniquement dans l’agro-alimentaire d’ailleurs ! Nous constatons déjà une recrudescence des recrutements dans les secteurs de l’habillement, ou encore du packaging par exemple.

Un nouveau métier dans les COMEX : le Directeur de l’Engagement

Signe de la prise en compte des sujets RSE au plus haut niveau de gouvernance, on constate ces derniers mois l’émergence d’un tout nouveau poste : le directeur ou la directrice de l’Engagement, placée au plus près de la Direction Générale. Cette fonction, qui intègre la RSE, la communication, et souvent la gestion de Fondation de l’entreprise, implique l’imprégnation des engagements sociaux et environnementaux de celle-ci dans son business model, de sorte à en maximiser les impacts positifs et en minimiser les négatifs, et bien-sûr de le prouver ! Grâce à ces professionnels, la mesure de l’impact sociétal et environnemental est pleinement intégrée au sein de la feuille de route de l’ensemble des parties prenantes de l’organisation.

In fine, si cette période trouble ne semble pas avoir remis en cause le formidable engouement de cette fin de décennie, l’ayant peut-être même renforcé, le principal effort doit demeurer la sensibilisation, et plus encore la formation de nos cadres. En effet, en dépit des volontés les plus exacerbées de ceux-ci d’intégrer la dimension RSE dans leurs fonctions, il peut subsister en 2021 quelques maladresses dues à un manque de culture et de connaissances sur ce sujet pointu. A l’instar du digital il y a dix ans, il est fondamental pour nos entreprises de leur permettre rapidement de s’engager avec pertinence et sincérité.