RSE : les achats, un levier stratégique pour relever les enjeux environnementaux et sociétaux

Pour atteindre les objectifs de développement durable et de progrès social, les décideurs, publics ou privés, doivent amplifier les stratégies d'achats responsables.

La commande publique : moteur du progrès environnemental et social

La commande publique a renforcé ses efforts en matière d’inclusion sociale, de responsabilité environnementale, de relations fournisseurs pérennes et responsables, après plusieurs lois successives. L’intégration de clauses environnementales et sociales dans les marchés s’est développée au fil des années, en commençant par les collectivités territoriales qui ont été précurseurs dans ce domaine. Désormais, l’acquisition de biens issus du réemploi, la collaboration avec des entreprises de l'économie sociale et solidaire qui se battent pour réinsérer des personnes en situation de handicap ou précaires, à l’instar de l’Agence des Économies Solidaires (Les Canaux) : des choix de proximité, ou encore des produits issus de filières respectueuses de l'environnement, font partie des prérogatives des acheteurs publics.

Ces récentes évolutions portent leurs fruits, et la durabilité s'est progressivement imposée au cœur des stratégies de nos administrations. Ainsi, les plus grandes directions Achats du secteur public comme le CEA, l'UGAP, les villes, régions, départements ou les centres hospitaliers ont suivi. L’exemple de la Région Bretagne, dont le budget Achat Public représente 250 à 300 millions d’euros et qui a développé une stratégie d’achat local et responsable depuis 2018, est remarquable. L’ouverture progressive du cadre juridique associée à l’engagement des acteurs a favorisé ces évolutions qui doivent  se poursuivre  pour parvenir à l’avènement d’une commande publique durable et performante.

Une dynamique qui entraîne le secteur privé

Des initiatives publiques récentes ont vocation à s'appliquer progressivement au secteur privé ; ainsi récemment, la Ministre Mme Agnès Pannier Runacher annonçait sa volonté d'un PNAD applicable aussi à terme au secteur privé. La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) établit des protocoles pour réduire les émissions de gaz à effet de serre applicables dans tous les secteurs d’activité, aussi bien dans le secteur privé que public.

Dans une autre mesure, des initiatives comme la charte Relations Fournisseurs et Achats Responsables (RFAR), convainquent de plus en plus d'acteurs privés. La charte compte aujourd’hui plus de 2200 signataires aussi bien du secteur public que privé. Enfin citons la création du statut d’ « entreprise à mission » qui reconnaît les organisations privées à finalité sociale ou environnementale.

L’indispensable synergie entre RSE et Achats

Au delà des contraintes réglementaires, les organisations privées s’engagent dans des démarches RSE dans lesquelles les Achats ont un rôle majeur à jouer.  Les achats représentent en moyenne 50% du chiffre d’affaires d’une entreprise ; ils constituent un levier véritable et efficace pour relever les enjeux RSE. Ainsi les décideurs achats doivent plus que jamais s’impliquer dans les stratégies RSE de leurs entreprises, en déployant des stratégies d’achats responsables.

Innover dans  la collaboration avec les fournisseurs

L’innovation technologique et la démarche d’acteurs engagés dans les projets de relocalisation, tels que PwC, ou  de valorisation des entreprises de l’économie sociale et solidaire, telle que l’AES  permettent aujourd’hui d’optimiser le référencement de l’ensemble des acteurs des territoires, et de créer des relation inédites. Ainsi par exemple, le rôle des plateformes comme celle d’ESS 2024 est de remonter des recommandations auprès des acheteurs plus en amont des prescripteurs pour qu’ils puissent mieux connaitre ce tissu de l’ESS, et plus largement ce tissu de l’économie circulaire ou de l’économie responsable et de l’économie à impact.

Innover en dialoguant avec les fournisseurs locaux c’est aussi, dans un contexte de crise, de difficultés d’approvisionnement et d’inflation, identifier des entreprises qui vont savoir s’adapter et développer une offre alternative.

Paris 2024 dont le budget global des JO 2024 est de 3,9 milliards et qui consacre 2,5 milliards d’euros aux achats est un exemple remarquable de l’engagement dans une stratégie  responsable des achats, ambitieuse et réaliste.

Pour atteindre leurs objectifs de développement durable et de progrès social, les décideurs, publics ou privés, doivent comprendre que les achats responsables et locaux font partie intégrante de la solution. Les efforts réalisés en matière de RSE resteront vains tant que les achats ne seront pas réellement pris en compte dans la stratégie globale.

Des progrès sont forcément à venir, la question reste de savoir, à quelle vitesse ? Les initiatives relatives au secteur privé restent majoritairement volontaires, mais les décideurs ont tout intérêt à anticiper les évolutions réglementaires en reprenant d’ores et déjà les bonnes pratiques pour ne pas être pris de court.