Au-delà du reporting ESG / CSRD : l'importance stratégique du directeur du développement durable

Le rôle du directeur du développement durable (ou CSO, Chief Sustainability Office) doit évoluer pour être plus connecté à la stratégie commerciale de l'entreprise.

Au cours des dix dernières années, les postes émergents de directeur numérique (Chief Digital Officer) et de directeur des données (Chief Data Officer) ont attiré toute l'attention. Cependant, cette tendance est révolue et l'accent est désormais mis sur la durabilité (sustainability) et la gestion ESG (environnementale, sociale et de gouvernance).

Bien que les investissements dans la transformation numérique soient toujours solides et en croissance (plus de 1 300 milliards de dollars par an en moyenne, selon l’IDC), les investissements dans le développement social et durable connaissent une explosion sans précédent.

Le principal moteur de cette nouvelle vague d'investissements est le respect des ensembles complexes de règles et réglementations comme la CSRD pour l’Union Européenne ou les demandes ESG des fonds d'investissements par exemple. Par conséquent, d'ici 2022, 95 des entreprises du Fortune 500 avaient un directeur du développement durable (CSO), et ce nombre a triplé rien qu'en 2021.

Cependant, pour devenir plus pertinent, ce rôle relativement nouveau doit évoluer au-delà de la mesure et de la gouvernance interne. Il doit être beaucoup plus connecté à la stratégie commerciale de l’entreprise en concentrant les efforts de développement durable sur l'impact financier et la croissance. Le directeur du développement durable (CSO) doit donc être impliqué dans l'organisation au plus haut niveau dans ces domaines précis.

La modélisation commerciale

Le directeur du développement durable (CSO), le directeur de l'innovation et le directeur numérique (Chief Digital Officer) doivent travailler ensemble pour proposer une technologie de pointe et des initiatives progressistes afin de soutenir le programme de développement durable. En interne, ce groupe doit travailler ensemble sur la collecte des bonnes données pour automatiser le reporting ESG imposé notamment par la CSRD, et s’assurer de la bonne conformité de l’entreprise. En externe, ils doivent apporter des technologies et des outils avancés en matière de durabilité sous la forme de nouveaux modèles commerciaux et/ou de start-ups innovantes.

L’avantage concurrentiel

Le directeur du développement durable (CSO), le PDG et le responsable de la stratégie doivent travailler ensemble pour s'assurer que la durabilité devienne un pilier de la différenciation concurrentielle. Élever le sujet au plan stratégique à long terme attire l'attention sur le sujet et s'assure qu'il se répercute dans toute l'organisation.

La croissance

Les entreprises qui ont pris la durabilité au sérieux tirent une grande partie de leurs revenus de leurs efforts. Des exemples comme Unilever, Ikea, Schneider Electric et Tesla connaissent une croissance plus rapide que les autres, surfant sur la vague de l'évolution des comportements et des perceptions des consommateurs vis-à-vis de la durabilité. Les marques Sustainable Living d'Unilever, notamment Dove, Knorr, Omo/Persil, Rexona/Sure, Lipton, Hellmann's et Wall's Ice Cream, connaissent une croissance 69 % plus rapide que le reste de l'activité et génèrent 75 % de la croissance de l'entreprise. Le directeur du développement durable (CSO) doit donc porter le rôle et la responsabilité d’inscrire son entreprise dans une nouvelle ère qui ne fait que débuter, centrée sur la durabilité.

La monétisation

La durabilité ne peut pas être simplement qu’un jeu de conformité et une gestion des coûts. Cela va au-delà du coût de faire des affaires. Le CSO et le responsable marketing doivent travailler ensemble pour s'assurer que les efforts de développement durable sont correctement présentés et mis en avant. Soutenus par des équipes pricing et monétisation, ils peuvent évaluer les sources de revenus et les flux de bénéfices des produits, services et modèles commerciaux durables. Ils doivent également préparer la stratégie de vente et de communication afin que la durabilité fasse partie intégrante du discours commercial.

La réussite client

Assumer un rôle de leader en matière de développement durable signifie également d’éduquer, d’instruire et de guider les clients. Un directeur du développement durable (CSO) doit donc s'asseoir avec les clients pour améliorer leur satisfaction dans les domaines de la durabilité et pour démontrer comment l’entreprise peut les aider. Il s'agit de devenir un conseiller de confiance. Ensuite, l'étape suivante consiste à quantifier la valeur réalisée que cela apporte au client en mesurant formellement l'impact fourni par le biais de certifications, de labels, de nouveaux produits, de services, etc.

La durabilité doit être axée non seulement sur la mesure des avantages internes pour l'entreprise, mais également sur l'impact concret sur les clients. Pour cela, la durabilité doit être productisée, monétisée et tarifée en fonction de la valeur délivrée.